1210-1 - Laisses de mer sur substrat sableux à vaseux des côtes Manche-Atlantique et mer du Nord

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Limites supérieures des pleines mers de vives-eaux, pente faible à nulle.
Substrat sableux à limono-sableux, plus ou moins enrichi en débris coquilliers, bien drainé et rarement engorgé d’eau.
Substrat régulièrement baigné par les vagues à marée haute de vive-eau.
Apports réguliers de laisses de mer constituées de débris animaux et végétaux (essentiellement des algues) en décomposition, riches en matière organique azotée.

Variabilité

Variabilités d’ordre écologique :
- variabilité liée à des sables fins à moyens : Arroche des sables (Atriplex laciniata), Soude épineuse (Salsola kali), Roquette de mer (Cakile maritima) ; association à Bette maritime (Beta vulgaris subsp. maritima) et Arroche des sables (Beto maritimae-Atriplicetum laciniatae), association à Roquette de mer (Cakiletum maritimae), cette dernière est limitée aux rivages de la mer du Nord ;
- variabilité liée à un substrat argilo-limoneux : Arroche hastée (Atriplex prostrata), Bette maritime (Beta vulgaris subsp. maritima), Arroche du littoral (Atriplex littoralis) ; association à Bette maritime et Arroche hastée (Atriplici hastatae-Betetum maritimae), association à Bette maritime et Arroche du littoral (Beto maritimae-Atriplicetum littoralis) ;
- variabilité liée à un substrat enrichi en guano (sites de nidification d’oiseaux marins) : Matricaire maritime (Matricaria maritima), Arroche du littoral (Atriplex littoralis) ; association à Matricaire maritime et Arroche du littoral (Matricario maritimae-Atriplicetum littoralis) ;
- variabilité liée aux substrats dunaires perturbés et remaniés du nord de la France : Corisperme à fruit ailé (Corispermum leptopterum) ; association à Roquette de mer et Corisperme à fruit ailé (Cakilo maritimae-Corispermetum leptopteri).

Physionomie, structure

Végétation herbacée basse, à développement linéaire à ponctuel, très largement dominée par les espèces annuelles à bisannuelles qui impriment la physionomie d’ensemble, présentant une seule strate, et dont le recouvrement est le plus souvent faible.
Parmi les espèces dominantes, il faut citer la Roquette de mer (Cakile maritima), ainsi que les Chénopodiacées : Bette maritime (Beta vulgaris subsp. maritima), Arroches (Atriplex laciniata, A. littoralis, A. prostrata).
Cet habitat présente un développement linéaire et discontinu ; il forme la première ceinture de végétation terrestre des massifs dunaires.

Confusions possibles

Aucune confusion possible avec d’autres habitats.

Dynamique

Spontanée :

Il s’agit d’un habitat pionnier, à caractère temporaire, observable de la fin du printemps aux premières gelées automnales.
En situation de stabilité sédimentaire du trait de côte et compte tenu du caractère instable du substrat, cet habitat ne présente pas de dynamique particulière.
Dans les conditions d’accumulation sédimentaire, les laisses de mer peuvent être colonisées :
- sur substrat sableux par la ceinture vivace à Chiendent des sables (Elymus farctus subsp. boreo-atlanticus) de la dune embryonnaire ;
- sur substrat limono-argileux par l’agropyraie à Chiendent littoral (Elymus pycnanthus).

Habitats associés ou en contact

Contacts supérieurs :
- sur sable : dunes mobiles embryonnaires (UE : 2110), dunes mobiles du cordon littoral à Ammophila arenaria (UE : 2120) ;
- sur substrat limono-argileux : prairies hautes des niveaux supérieurs atteints par la marée (fiche : 1330-5).

Contacts inférieurs :
- replats boueux ou sableux exondés à marée basse (UE : 1140), cf. figure 2, page 43 du cahier d’habitat.
- prés salés atlantiques (UE : 1330).

Répartition géographique

Cet habitat est fréquent sur l’ensemble du linéaire côtier des côtes atlantiques françaises, à l’exception de certains tronçons de côtes rocheuses rectilignes dépourvues de criques ou d’anses permettant l’accumulation de sédiments marins.

Valeur écologique et biologique

Lorsqu’il est bien développé, cet habitat contribue à l’équilibre dynamique des littoraux sédimentaires, notamment sur l’avant-dune où il fixe une quantité non négligeable de sable au contact inférieur de la dune embryonnaire.
À l’exception de l’Euphorbe péplis, les espèces du cortège floristique ne présentent pas un degré de rareté élevé.
De nombreuses espèces de limicoles migrateurs et hivernants fréquentent les laisses de mer pour se nourrir d’invertébrés marins.

États de conservation

États à privilégier :
L’optimum de ce type d’habitat, linéaire et directement lié à la présence et au maintien des laisses de mer, correspond à des situations de non-perturbation où les phytocénoses peuvent s’exprimer pleinement.

Autres états observables :
Dans les zones surfréquentées, on observe la présence de formes dégradées très appauvries et au recouvrement très réduit. Il y a changement de la composition floristique lorsque les végétations annuelles halonitrophiles sont en position un peu plus interne (invagination du rivage, accumulation de laisses des années précédentes sur rivage en accroissement), se traduisant par une régression de l’Arroche des sables au profit de la Soude épineuse ; les lapins, et jadis les vaches, entraînent le même effet.

Tendances et menaces

Habitat toujours présent sur de faibles surfaces et ne présentant aucune extension spatiale possible. Il a connu une régression importante au cours des 30 dernières années sur les littoraux sableux. Par contre, on n’a pas constaté de régression pour la variante des substrats limono-sableux.
Vulnérabilité sur sable vis-à-vis du piétinement du haut de plage lié à la fréquentation estivale, ainsi qu’à l’artificialisation et à la modification de la dynamique sédimentaire des littoraux par des enrochements, des épis, ou par des opérations de rechargement de plages.
Impact sur le tapis végétal et dérangement de l’avifaune nicheuse par la circulation des véhicules liée à la plaisance - char à voile,
4 × 4, pratique du cerf-volant - ou à l’activité conchylicole.
Nettoyage mécanique systématique des plages, pendant la saison estivale ou même tout au long de l’année, contribuant pour une très large part à la raréfaction, voire à la disparition de cet habitat.

Axes de recherche

Compléments d’inventaires de manière à améliorer nos connaissances sur la synchorologie de l’habitat, dans la mesure où bon nombre d’associations végétales qui le composent sont en nette régression depuis trente ans.
Réalisation d’un bilan précis de l’état des habitats au regard de l’érosion du trait de côte (diversité floristique, extension spatiale…), organisé par région côtière.
Études sur la biologie des populations des plantes annuelles des hauts de plages : stockage in situ et capacités d’échanges inter-sites des semences…
Évaluation de l’impact de la fréquentation et mise en place de suivis à long terme.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)