Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Limites supérieures des pleines mers de vives-eaux, pente faible à nulle.
Substrat grossier à très grossier, constitué de galets parfois mêlés de sables grossiers et de débris coquilliers.
Substrat régulièrement baigné par les vagues à marée haute de vive-eau.
Apports réguliers de laisses de mer constituées de débris végétaux (essentiellement des algues) et animaux en décomposition, riches en matière organique azotée.
Variabilités d’ordre édaphique et bioclimatologique :
- variabilité liée à la présence et à l’importance des débris coquilliers, sous climat nord-atlantique : Renouée de Ray (Polygonum raii), Arroche de Babington (Atriplex glabriuscula) ; association à Renouée de Ray et Arroche de Babington (Polygono raii-Atriplicetum glabriusculae) ;
- variabilité liée à la présence de substrat sablo-graveleux sous climat thermo-atlantique : Matricaire maritime (Matricaria maritima), Euphorbe péplis (Euphorbia peplis) ; association à Matricaire maritime et Euphorbe péplis (Matricario maritimae-Euphorbietum peplis).
Végétation herbacée basse, ouverte, très largement dominée par les espèces annuelles à bisannuelles, présentant une seule strate et dont le recouvrement est le plus souvent faible.
Parmi les espèces dominantes, il faut citer l’Arroche hastée (Atriplex prostrata), l’Arroche de Babington (Atriplex glabriuscula), la Bette maritime (Beta vulgaris subsp. maritima), par- fois en compagnie du Pourpier de mer (Honckenya peploides), espèce vivace.
Cet habitat présente un développement linéaire, et le plus souvent discontinu ; il forme la première ceinture de végétation terrestre des cordons de galets ; sur les cordons coquilliers, il peut présenter un développement en frange.
Aucune confusion possible avec d’autres habitats.
Il s’agit d’un habitat temporaire, observable de la fin du printemps jusqu’aux premières gelées automnales.
Compte tenu du caractère instable du substrat (galets fréquemment remaniés par les marées), il ne présente pas de dynamique particulière.
Contacts supérieurs : différentes associations végétales intégrées à l’habitat « Végétation vivace des rivages de galets » (UE : 1220). Ce contact est illustré figure 4, page 72 du cahier d’habitat.
Cet habitat est présent sur les cordons de galets ou de sables grossiers, ainsi que sur les cordons coquilliers du littoral de Manche orientale et du nord et de l’ouest du Massif armoricain. Il atteint sa limite méridionale de distribution sur le littoral sud du Finistère. La variante à Euphorbe péplis n’est plus connue actuellement que de deux localités : Les Sables-d’Olonne et Tarnos.
Espèces protégées au plan national, inscrites au Livre rouge de la flore menacée de France : renouée de Ray (Polygonum raii), Euphorbe péplis (Euphorbia peplis), taxon qui n’est plus connu que de deux localités des côtes atlantiques françaises.
Oiseaux nicheurs : Goéland argenté (Larus argentatus), Sterne naine (Sterna albifrons), Sterne pierregarin (Sterna hirundo), Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), Grand gravelot (Charadrius hiaticula) ; ces espèces utilisent également ce type d’habitat comme zone trophique.
De nombreuses espèces de limicoles migrateurs et hivernants fréquentent les laisses de mer pour se nourrir d’invertébrés marins.
États à privilégier :
L’optimum de ce type d’habitat linéaire, se présentant sous forme d’une ceinture continue de végétation en haut de grève, est directement lié à la présence et au maintien des laisses de mer. Cela correspond à des situations de non-perturbation et d’équilibre ou d’accrétion sédimentaire, où les phytocénoses peuvent s’exprimer pleinement.
Autres états observables :
Dans les zones d’érosion active, présence de formes fragmentaires appauvries.
Habitat toujours présent sur de faibles surfaces et ne présentant aucune extension spatiale possible. Sur le littoral sud-atlantique, la variante thermo-atlantique à Euphorbe péplis (Euphorbia peplis) a connu une raréfaction spectaculaire depuis 30 ans, et a même disparu de nombreuses localités. Cette raréfaction est en grande partie liée à la systématisation des opérations de nettoyage mécanique des plages et au piétinement.
Vulnérabilité de la variante sur sable vis-à-vis du piétinement du haut de plage, lié à la surfréquentation estivale et à l’artificialisation, et de la modification de la dynamique sédimentaire des littoraux par des enrochements, des épis, ou par des opérations de rechargement de plages.
Impact sur le tapis végétal et dérangement de l’avifaune nicheuse par la circulation des véhicules liée à la plaisance - char à voile,
4 × 4, pratique du cerf-volant - ou à l’activité conchylicole.
Nettoyage mécanique systématique des plages, pendant la saison estivale ou même tout au long de l’année, contribuant pour une très large part à la raréfaction, voire à la disparition de cet habitat.
Extractions de galets illégales ou autorisées : habitat en forte régression suite à l’exploitation des cordons de galets initiaux (les plus récents) ou à leur remaniement pour rehausser artificiellement ces « digues » naturelles de galets (ex. : cordons au sud de Cayeux-sur-Mer [Somme].)
Menaces potentielles et causes réelles de raréfaction : extension des extractions de galets.
Compléments d’inventaires de manière à améliorer nos connaissances sur la synchorologie de l’habitat, dans la mesure où bon nombre d’associations végétales qui le composent sont en nette régression depuis 30 ans.
Réalisation d’un bilan précis de l’état de l’habitat au regard de l’érosion du trait de côte (diversité floristique, extension spatiale…), organisé par région côtière.
Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)