Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage collinéen en Lorraine, collinéen et montagnard en Auvergne.
Climat subatlantique à subcontinental à pluviosité moyenne (environ 700 mm/an).
Salinité du sol moyennement élevée, sur substrat marneux ou sur travertin (en Auvergne exclusivement).
Stagnation hivernale de l’eau moyenne.
Deux grandes variantes de cet habitat ont été distinguées en Lorraine :
- pré salé à Céraiste douteux et Jonc de Gérard [Cerastio dubii-Juncetum gerardii], à salinité et niveau hydrique plus élevés, dominé par le Jonc de Gérard (Juncus gerardii) et dans lequel les espèces halophiles strictes dominent. Cette variante assure la transition avec le pré salé de bas niveau à Puccinellie distante (Puccinellia distans) et Spergulaire marine (Spergularia marina) (fiche 1340*-1) ;
- pré salé à Chiendent rampant et Jonc de Gérard [Agropyro repentis-Juncetum gerardii], à salinité et niveau hydrique plus faibles, dominé généralement par le Chiendent rampant (Elytrigia repens). Les espèces halotolérantes y sont plus nombreuses et cette variante assure la transition avec la prairie subhalophile continentale à Laîche distante, Carex distans (fiche 1340*-3).
En Auvergne, un seul type connu : pré salé à Pissenlit de Bessarabie et Laîche distante [groupement à Taraxacum bessarabicum et Carex distans (= Taraxaco bessarabici-Caricetum distantis auct.)].
Prairie dominée par des graminées et des joncacées, à hauteur variable en fonction des variantes.
En Auvergne ont également été notés dans cet habitat le Blysme comprimé (Blysmus compressus), l’Éléocharide à cinq fleurs (Eleocharis quinqueflora) et le Troscart des marais (Triglochin palustre).
Avec le pré salé de bas niveau à Puccinellie distante et Spergulaire marine [Puccinellio maritimae-Spergularienion salinae, code UE : 1340*], dominé par la Puccinellie distante et où ne sont présentes que des halophytes strictes.
Avec la prairie subhalophile à Fétuque faux-roseau et Laîche distante [Loto tenuis-Trifolion fragiferi, code UE : 1340*], où les espèces halophiles sont beaucoup plus rares.
Spontanée :
Cet habitat se situe dans le gradient de salinité et de niveau hydrique entre le pré salé de bas niveau à Puccinellie distante et Spergulaire marine et la prairie saumâtre à Fétuque faux-roseau et Laîche distante.
Liée à la gestion :
Une gestion agricole par fauche tardive ou pâturage extensif est nécessaire pour assurer le maintien de l’habitat. L’arrêt de cette gestion entraîne l’extension des hélophytes (principalement du Phragmite commun), provoquant un appauvrissement floristique.
Pré salé à Puccinellie distante et Spergulaire marine [Puccinellio maritimae-Spergularienion salinae, code UE : 1340*].
Prairie saumâtre à Fétuque faux-roseau et Laîche distante [Loto tenuis-Trifolion fragiferi, code UE : 1340*].
Roselières à Scirpe maritime et Phragmite commun [Scirpion compacti, code Corine : 53.17].
En France, cet habitat est localisé dans les milieux halophiles continentaux. Il est présent de manière très ponctuelle en Auvergne (Limagne et sa bordure occidentale) et un peu plus étendu en Lorraine dans les vallées de la Seille et de la Nied.
Habitat original, très spécialisé et très localisé.
Plusieurs espèces végétales protégées en Lorraine (Troscart maritime, Vulpin bulbeux, Céraiste douteux, Buplèvre menu) et en Auvergne (Pissenlit de Bessarabie, Glaux maritime, Jonc de Gérard, Troscart maritime).
Les différentes variantes mentionnées plus haut doivent être conservées.
L’intensification des pratiques agricoles (fertilisation azotée élevée) conduit à une dominance d’espèces compétitives (Chiendent rampant, Fétuque faux-roseau) et à la régression concomitante des espèces halophiles peu compétitives.
La mise en place de mesures agri-environnementales et la maîtrise foncière avec gestion conservatoire établie par les conservatoires des sites de Lorraine et d’Auvergne permettent de garantir la pérennité de cet habitat. Toutefois certains sites de première importance (Grange Fouquet à Vic-sur-Seille en Lorraine ou Beaumont en Auvergne) ne bénéficient toujours d’aucune protection et restent menacés par des modes d’exploitation agricole inadaptés et des aménagements destructeurs.
Habitat pouvant être fauché ou pâturé.
Les animaux consomment peu les espèces halophiles mais semblent apprécier les suintements d’eau salée.
Améliorer la connaissance du biotope et de son fonctionnement : faune inféodée à l’habitat, évolution de la dynamique végétale, impact des débits et fréquence des écoulements d’eaux salées (nappe, collecte des eaux pluviales), relation à la pluviométrie, fonctionnement du cycle des chlorures.
Impact de la gestion sélective par la fauche.
Suivi de stations d’halophytes strictes.
Impact du pâturage bovin sur la végétation (piétinement, prélèvements, apports de matière organique…).
Impact de la fertilisation des cultures ou prairies voisines de cet habitat.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)