9530-1.5 - Peuplements cévenoles méso- et supraméditerranéens de Pin de Salzmann sur silice

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat se rencontrant dans les Cévennes siliceuses entre 200 m à 600 m à toutes les expositions sur schistes, gneiss et grès.
Étages mésoméditerrranéen, supraméditerranéen et collinéen. Précipitations assez élevées sur cette aire (entre 1 200 mm et 1 500 mm).
Sols variés en fonction de leur épaisseur, de leur degré de désaturation… :
- ranker sur couverture peu épaisse ;
- sols bruns acides sur altérites plus épaisses ;
- stations de corniches (Houiller) sols de 30 cm-50 cm entre les blocs de grès ;
- versant avec sols épais (>50 cm) ;
- haut de versant, crête, avec sols de profondeur variable mais roche fissurée ;
- versant sud sur schiste avec sol de plus de 30 cm.
Litières souvent épaisses avec horizon de matière organique.

Variabilité

Variations selon les conditions bioclimatiques :
- en basse altitude, ou plus haut sur des sols superficiels ou des flancs au sud, étage mésoméditerranéen supérieur avec le Chêne vert (Quercus ilex), la Lavande à feuilles larges (Lavandula latifolia), le Genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus)… ;
- en conditions plus favorables, mélange du Pin de Salzmann avec le Chêne sessile, le Châtaignier (en cépées fréquemment) (étages supraméditerranéen et collinéen avec maintien de quelques espèces méditerranéennes).

Variations selon le degré d’acidité du sol :
- sols assez désaturés avec Bruyère cendrée (Erica cinerea), Callune (Calluna vulgaris) ;
- sols plus riches avec Fougère aigle (Pteridium aquilinum), Brachypode penné (Brachypodium pinnatum)…

Variations selon le degré de maturité du peuplement :
- peuplements dominés par le Pin de Salzmann ;
- peuplements codominés par le Pin de Salzmann et le Pin maritime ;
- peuplements clairs avec matorral très développé ;
- peuplements Pin-feuillus.

Physionomie, structure

Le Pin de Salzmann forme le plus souvent des forêts claires, avec en sous-bois un matorral dense ; les structures franchement forestières sont exceptionnelles.
Le Pin est l’essence dominante avec un recouvrement de
40-80 % ; il peut être associé au Chêne vert, au Pin maritime ou au Chêne sessile et au Châtaignier.
Le matorral sous-jacent est dominé par Adenocarpus complicatus, Erica arborea, Cistus salviifolius, Arbutus unedo.
La strate herbacée est assez discontinue avec Teucrium scorodonia, Deschampsia flexuosa, Pteridium aquilinum, Rubia peregrina.

Confusions possibles

Habitat ne pouvant pas être confondu avec un autre.

Dynamique

Cf. schéma du cahier d'habitat.

Habitats associés ou en contact

Complexe forestier :
- châtaigneraies (UE : 9260) ;
- yeuseraies (UE : 9340) ;
- chênaies sessiliflores ;
- peuplements de Pin maritime ;
- pineraies sylvestres.
Complexe de matorrals ou de landes :
- landes à Genêt à balais ;
- landes à Callune et Bruyère cendrée (UE : 4030) ;
- cistaies ;
- matorrals à Bruyère arborescente et Arbousier ;
- matorrals à Adenocarpus complicatus.
Complexes de pelouses :
- pelouses à Canche flexueuse ;
- pelouses à Tuberaria guttata.
Complexes rupicoles
- éboulis siliceux (UE : 8120) ;
- végétation de fentes de rochers (UE : 8220) ;
- végétation de dalles rocheuses (UE : 8230).

Répartition géographique

Cévennes siliceuses
- entre Bessèges et les Vans ;
- col d’Uglas au nord de Saint-Jean-du-Gard ; et par petites populations entre ces deux points. Surface occupée de l’ordre de 500 à 600 ha.

Valeur écologique et biologique

Pin occupant une aire réduite en France.
Au début du siècle, dans les Cévennes siliceuses (Calas, 1900), le Pin de Salzmann couvrait une centaine d’hectares (un millier en comptabilisant tous les individus isolés sur l’ensemble des massifs) : actuellement 500 à 600 ha…
Cependant, de nombreuses menaces pèsent sur la pérennité des populations.
—› Très grand intérêt patrimonial de ces populations résiduelles.
Intérêt génétique certain ; propriétés écologiques (résistance à la sécheresse, à la processionnaire, rusticité) encore mal utilisées.
Participe à des complexes d’habitats de grand intérêt par la

États de conservation

États à privilégier :
Matorrals avec peuplements plus ou moins clairs.
Peuplements mélangés avec diverses essences.
Et en règle générale les populations se trouvant à une « certaine distance » de plantations de Pin noir (au sens large).

Tendances et menaces

Incendies catastrophiques ayant perturbé voire anéanti plus de la moitié des peuplements.
Introduction et extension du Pin.
Plantations à proximité, de Pin laricio —› entraînant des hybridations (perte de patrimoine génétique).
Incendies.
Concurrence du Pin maritime qui se régénère mieux (en particulier après le passage du feu).

Potentialités intrinsèques de production

La productivité du Pin de Salzmann peut être, dans l’absolu, correcte mais, en France, il n’existe plus que dans des stations particulièrement médiocres. Il y est souvent un des seuls arbres à pouvoir y pousser ce qui est déjà remarquable. On n’en connaît donc que des peuplements de faible à très faible productivité (estimée à 2 à 3 m3/ha/an).

Axes de recherche

Études génétiques sur les peuplements existants pour confirmer leur caractère autochtone et « pur ».
Études fines sur la dynamique de la végétation.
Études de la dynamique des populations de Pin de Salzmann. Études sur les taux d’hybridation, les distances-seuil, etc.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)