Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

L’altitude oscille entre 800 m et 1 400 m (étages supraméditer- ranéen et montagnard inférieur). On rencontre quelques populations plus bas au niveau de ravins ou au sein de ripisylve (jusqu’à 200 m-300 m).
Ces populations révèlent une forte amplitude écologique et se rencontrent dans divers habitats :
Inventaire et distribution des populations : un inventaire a été mené en collaboration étroite avec les agents de l’ONF ; plus de 900 individus ont été recensés à l’heure actuelle.

—› Concernés par ailleurs par la directive Habitats :
Ripisylves (UE : 92A0) :
- avec l’Aulne cordé (Alnus cordata), l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa), le Houx (Ilex aquifolium), le Charme houblon (Ostrya carpinifolia).

Bois de Pin laricio : (UE : 9530) :
- type à Bruyère arborescente (Erica arborea) ;
peuplements clairs supraméditerranéen à Pin laricio, Bruyères arborescente et à balais (Erica arborea et E. scoparia) ;
- type à Anthyllide (Anthyllis hermanniae) :
peuplements clairs d’adrets montagnards à Pin laricio, Anthyllide faux Hermannia (Anthyllis hermanniae), Genêt de Lobel (Genista lobellii var. lobelioides) ;
- type à Luzule du Piémont (Luzula pedemontana) :
peuplements denses d’ubacs montagnards à Pin laricio, Hêtre (Fagus sylvatica), Houx (Ilex aquifolium), Gaillet à feuilles rondes (Galium rotundifolium), Luzule du Piémont (Luzula pedemontana).

Bois de Chêne vert (Quercus ilex) et de Houx (Ilex aquifolium) : (UE : 9340) :
- peuplements du mésoméditerranéen supérieur et du supramé- diterranéen dominés par le Chêne vert, avec sous-bois de Houx.

Peuplements mélangés : Chêne vert, Pin maritime, Pin laricio :
- peuplements du mésoméditerranéen et du supraméditerranéen en cours de reconstitution, après incendies.

Châtaigneraies : (UE : 9260) :
- peuplements supraméditerranéens installés sur des sols moyennement profonds avec Châtaignier (Castanea sativa), Aulne cordé (Alnus cordata), Charme-Houblon (Ostrya carpinifolia)…

—› Non concernés par la directive Habitats
hêtraies, sapinières :
- peuplements montagnards avec Érable sycomore (Acer pseudoplatanus), Houx (Ilex aquifolium), Hêtre (Fagus sylvatica), Sapin (Abies alba), Genêt à balais (Cytisus scoparius)…

fruticées diverses :
- peuplements à Épine vinette de l’Etna (Berberis aetnensis) et Genêt de Lobel (Genista lobelii var. lobelioides)…, de l’étage montagnard.
À travers la pérennité de l’habitat il convient d’œuvrer à la conservation, voire à la restauration des populations d’If, que le type d’habitat soit ou non concerné par la directive européenne.
Signalons que les taxaies à Aspérule (9580-1) constituent des « résidus » de forêts caducifoliées non concernés par la directive.

L’If placé dans de bonnes conditions présente une longévité extraordinaire (au moins 650-750 ans, voire un millénaire).
Sa régénération est assez délicate à obtenir : les graines germent difficilement (même si le passage par le tube digestif des oiseaux facilite la germination). Il a besoin d’un minimum de lumière pour germer et développer ses semis : il est donc souvent concurrencé par des essences à croissance rapide qui ont tendance à freiner le développement des semis. La régénération est également menacée par la dent des herbivores domestiques (bovin) et éventuellement par les méthodes classiques d’exploitation forestière.
Il devrait faire l’objet d’une sylviculture dynamique à son profit pour assurer sa régénération.
La croissance de l’If est lente (2,5 à 3 cm par an pendant 160 ans). Elle s’accélère ensuite un peu mais reste toujours largement inférieure à celle de tous les autres conifères d’Europe.

Très variés en fonction du type d’habitat forestier concerné (ou du type de fruticée).

D’après l’inventaire actuel en Corse, les peuplements d’If sont présents du nord (cap Corse) au sud (montagne de Cagna), d’est (San Giovani di Moriani) en ouest (Piana). Ils sont cependant concentrés au sud de Corte, au sud-est de Calvi et à l’ouest de Porto-Vecchio.

Populations résiduelles, vestiges de peuplements plus étendus autrefois dans divers types forestiers.
Importance de l’habitat qui héberge la population d’If. Populations souvent constituées d’un nombre limité d’individus.
—› Intérêt patrimonial très fort.
Intérêt renforcé par la présence de l’If dans des habitats concer- nés par ailleurs par la directive.
Intérêt également des hêtraies et surtout des sapinières, également résiduelles.

Sur l’ensemble de l’île, les peuplements denses formant des boisements importants sont relativement rares (cinq sites dépassant les 50 pieds d’If correspondant à des habitats de taxaies à Aspérule odorante (UE : 9580).
Il est beaucoup plus fréquent de trouver des populations avec un nombre d’individus inférieur à 10.
Les populations d’If recensées ont fait l’objet de fiches de présentation.
Il convient donc de poursuivre ce travail lors de la découverte de nouvelles populations (localisations, comptage des individus, relevé phytoécologique —› fiche communication).

Populations résiduelles particulièrement fragiles. Les menaces qui pèsent sur ces boisements sont :
- les incendies, essentiellement des feux pastoraux ;
- la coupe des ifs, réalisée par les bergers car l’If est très toxique pour les troupeaux (provoque des avortements chez les chèvres, peut provoquer la mort chez les équidés).
L’If était également coupé pour être utilisé en sculpture, ébénisterie ou en marqueterie ainsi que pour la fabrication de poteaux.
Une mauvaise régénération liée à plusieurs facteurs.
Il semble déjà que l’If ne fructifie pas beaucoup. Les porcs lorsqu’ils sont présents labourent les sols à la recherche de larves d’insectes et de tubercules, ils déracinent ainsi les jeunes plants d’If, les empêchent de se développer.
Le ravinement pourrait également freiner ou stopper le développement des jeunes plants.

Valorisation du bois d’If : il n’existe pas de véritable filière bois en Corse, la ressource n’étant pas suffisante et restant occasionnelle. L’If est utilisé ainsi ponctuellement en ameublement, ébénisterie et marqueterie ou pour la fabrication de poteaux. Il est recherché pour le tranchage (surtout à l’étranger).
Propriétés médicinales : deux molécules extraites des rameaux d’If, et aujourd’hui synthétisées en laboratoire, se sont révélées efficaces dans la recherche contre le cancer. Même si cette filière médicale n’existe plus et n’a jamais fait l’objet de récolte en Corse, elle a permis cependant d’initier la conservation de l’essence forestière et de faire évoluer l’intérêt qui lui était porté.

Les populations d’If recensées ont fait l’objet de fiches de présentation.
Il convient donc de poursuivre ce travail lors de la découverte de nouvelles populations (localisations, comptage des individus, relevé phytoécologique —› fiche communication).
Le suivi des individus et des populations d’If existantes, actions d’informations sur sa rareté et les enjeux de sa protection.
Travaux à effectuer pour renforcer les populations d’If : poursuivre les études sur les tests de réimplantation, détermination des causes de difficulté de régénération naturelle.
Études diachroniques de l’évolution des populations d’If. Études des possibilités de valorisation économique du bois d’If. Suivi des mesures de gestion mises en place, surveillance de l’état sanitaire des peuplements.

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)