9340-9 - Yeuseraies à genévrier de Phénicie des falaises continentales

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat rupicole installé dans les fentes larges des rochers.
S’observe de 100 m à près de 800 m ; les vallées favorisent la remontée des influences méditerranéennes chaudes, ce flux thermique est renforcé par la présence, tout au long des vallées, d’abrupts calcaires déterminant une rapide circulation de l’eau après les pluies.
La terre fine est issue de la décomposition de la roche ; elle s’accumule ce qui permet l’installation de plantes vivaces qui concurrencent les espèces des groupements herbacées rupicoles.
Le Pin d’Alep trouve dans ces stations des conditions thermiques qui lui permettent de s’éloigner du littoral.
Au-dessus de 700 m-800 m, le Chêne vert disparaît : il reste la junipéraie à Genévrier de Phénicie qui peut dépasser les 1 000 m d’altitude.

Variabilité

Variations géographiques :
- race provençale avec le cortège ci-contre ;
- race des Alpes-Maritimes avec espèces rupicoles herbacées particulières (voir ci-après) comme le Saxifrage (Saxifraga lingulata) ;
- races cévenoles et des Pyrénées orientales à étudier.

Variations altitudinales :
- forme de basse altitude avec des espèces thermophiles des gar- rigues : Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis), Globulaire (Globularia alypum), Coronille à tiges de jonc (Coronilla juncea).
- forme plus alticole avec des espèces des pelouses ouvertes à Anthyllide des montagnes (Anthyllis montana) : Seslérie élégante (Sesleria caerulea subsp. elegantissima), Potentille cendrée (Potentilla cinerea), Germandrée (Teucrium lucidum).

Variations selon le substrat :
- très généralement sur calcaire compact ;
- sur schistes gréseux des gorges de la Berghe (Alpes-Maritimes).

Physionomie, structure

Les peuplements très discontinus présentent trois strates :
- strate la plus haute (3-4 m), avec le Genévrier de Phénicie, le Chêne vert, le Pistachier térébinthe, le Nerprun alaterne, le Buis… ;
- strate arbustive inférieure avec l’Amélanchier, le Jasmin, la Clématite flammette, la Salsepareille, le Genêt cendré… ;
- strate herbacée avec les espèces des groupements rupicoles : Asplenium, Ceterach, Phagnalon sordidum…

Confusions possibles

Avec les matorals garrigues à Genévrier de Phénicie installés sur des sols moins marginaux, mais évoluant vers une chênaie verte ou une chênaie pubescente méditerranéenne.

Dynamique

Cf. schéma cahier d'habitat

Habitats associés ou en contact

Complexe riverain :
- galeries à Saule et Peuplier (UE : 92A0) ;
- végétation des galets à Glaucium flavum… (UE : 3250).

Complexes rupicoles (UE : 8210) :
- groupements à Saxifraga lingulata, Potentilla caulescens ;
- groupements à Potentilla saxifraga, Saxifraga cochlearis ;
- groupement à Ballota fruticans, Campanula albicans ;
- groupement à Chaenorhinum origanifolium, Galium pusillum ;
- groupement à Silene saxifraga, Asplenium fontanum ;
- groupement à Phagnalon sordidum, Asplenium petrarchae.

Garrigues, pelouses :
- garrigue à Genista lobeli, Santolina chamaecyparris, Scorzonera austriaca,
- garrigue à Juniperus phoenicea, Rosmarinus officinalis, Staehelina dubia,
- groupement à Globularia alypum, Stipa offneri,
- pelouses à Sesleria albicans, Anthyllis montana…

1) chênaies vertes (UE : 9340) ;
2) peuplements de Pin d’Alep (UE : 9540) ;
3) chênaies pubescentes (UE : 9340) ;
4) ostryaies, châtaigneraies (UE : 9260)…

Répartition géographique

Provence, Alpes-Maritimes ; base du Ventoux (Dentelles de Montmirail), Lubéron, gorges de la Nesque.
Bouches-du-Rhônes (Nerthe, massif des Calanques, Sainte-Victoire, Allauch, mont Olympe, Alpilles, gorges de l’Huveaune).
Var (montagnes des environs de Toulon, Sainte-Baume, gorges du Verdon et de l’Artuby).
Alpes-Maritimes : favorisé par le grand développement des gorges (Siagne, Loup, Esteron, Var, Vésubie, Bevera, Roya…).
Aussi du pied des Cévennes aux Pyrénées orientales.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat relativement répandu sur l’ensemble de la région méditerranéenne mais habitats très souvent de faible étendue.
Cortège floristique original avec espèces arbustives et espèces herbacées de fentes de rochers.
Participe à des mosaïques d’habitats de grand intérêt par le grand nombre de niches offertes aux diverses espèces.

États de conservation

États à privilégier :
Peuplements constitués.
Peuplements en cours de constitution (dynamique lente).

Autres états observables :
Néant.

Tendances et menaces

Type d’habitat à peu près stable compte tenu de sa position écologique marginale.
Peu menacé là encore compte tenu de sa situation :
- incendies (sensibilité faible) ;
- ouverture de routes (percée de tunnel, creusement de falaises…).

Potentialités intrinsèques de production

Les chênes sont trop dispersés et difficilement atteignables pour envisager leur récolte.
Cet habitat peut contribuer au caractère pittoresque de certaines gorges et falaises —› possibilité de valorisation indirecte par le tourisme.

Axes de recherche

Aucun.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)