9340-8 - Yeuseraies-chênaies pubescentes à gesce à larges feuilles

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat pouvant s’observer sur l’ensemble de la région méditerranéenne continentale française.
Se rencontre de 200 m-300 m à 800 m-900 m d’altitude, pouvant atteindre le littoral à la faveur des vallées sur les alluvions épaisses (Gapeau, Argens, Siagne, Loup, Var…).
Le déterminisme de ce type de milieu et avant tout édaphique : il occupe des sols présentant une certaine épaisseur, laissant la yeuseraie sur les substrats les plus superficiels ; le bilan hydrique y est donc plus favorable, ce qui explique le cortège floristique présenté ci-contre.
Les sols sont formés sur des argiles de décarbonatation, des altérites de calcaires dolomitiques, des alluvions siliceuses.

Variabilité

Variations géographiques : restant à étudier (aire très étendue recouvrant des territoires biogéographiques différents) :
- race provençale ;
- race des Alpes-Maritimes avec le Charme houblon ;

Variations altitudinales :
- forme du mésoméditerranéen inférieur et moyen (présence possible de Lentisque : Pistacia lentiscus) ;
- forme du mésoméditerranéen supérieur, plus riche en espèces des forêts caducifoliées (Cornouiller sanguin : Cornus sanguinea, Troène : Ligustrum vulgare, Érable champêtre : Acer campestre, Euphorbe des bois : Euphorbia amygdaloides) ;

Variations édaphiques :
- variante calcicole à neutrophile sur altérites dérivant de substrats calcaires ;
- variante plus ou moins acidiphile sur altérites de roches siliceuses (avec Callune : Calluna vulgaris, Pin maritime : Pinus pinaster, Bruyère à balais : Erica scoparia, Bruyère arborescente : Erica arborea, Arbousier : Arbutus unedo…) ;
- variante de vallées sur sols alluviaux avec un lot important d’espèces de forêts caducifoliées, pénétrant profondément sur le littoral.

Physionomie, structure

La strate arborescente est le plus souvent continue et homogène ; elle est dominée par le chêne pubescent accompagné de Quercus ilex, de Pinus halepensis, d’Acer monpessulanum...
La strate arbustive est très recouvrante avec des espèces semper- virentes (Pistacia terebinthus, Jasminum fruticans, Smilax aspera, Lonicera implexa, Phillyrea angustifolia...) et d’espèces caducifoliées (Crataegus monogyna, Cornus sanguinea, Prunus spinosa, Ligustum vulgare...).
La strate herbacée est moyennement recouvrante avec Lathyrus latifolius, Brachypodium pinnatum…

Confusions possibles

Avec les chênaies pubescentes supraméditerranéennes où le buis est souvent exubérant et où les espèces sempervirentes se raréfient.
Souvent ce type d’habitat est représenté par une phase pionnière ou de dégradation dominée par le Chêne vert.

Dynamique

Cf. schéma cahier d'habitat

Habitats associés ou en contact

Peuplements de Pin maritime (UE : 9540).
Peuplements de Pin d’Alep (UE : 9540).
Yeuseraies plus xérophiles des sols plus superficiels (UE : 9340).
Ripisylves (UE : 92AO).
Fruticées avec espèces sempervirentes.
Garrigues diverses.
Landes (UE : 4030).
Pelouses diverses.
Pelouses ouvertes à Tuberaria guttata.
Habitats de rochers (UE : 8210).
Habitats d’éboulis (UE : 8130).
Habitats de dalles rocheuses (UE : 6110).

Répartition géographique

Présente assez fréquemment du Rhône à l’Italie ; se rencontre également en Languedoc-Rousillon.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat devenu assez rare (les pratiques anciennes ont contribué à la troncature des sols conduisant à son remplacement par un autre type d’habitat stable : la yeuseraie) ; par ailleurs, il a été souvent éliminé par l’homme au profit de zones cultivées (vignes).
Flore originale où pénètrent quelques subméditerranéennes.

États de conservation

États à privilégier :
Futaies (très rares), taillis sous futaie.
Taillis plus ou moins intensément exploités.
Phases pionnières à Pin maritime ou à Pin d’Alep.

Tendances et menaces

Type d’habitat dont l’aire fut restreinte (cultures, vignes, pâturages).
Aire actuellement stabilisée, tendant plutôt à s’étendre avec la déprise touchant certaines activités.
Taillis souvent entretenus par une exploitation régulière pour du bois de feu ; problème de vieillissement des souches dans des taillis exploités depuis des temps reculés.

Potentialités intrinsèques de production

Exploitation des pins éventuellement présents en bois de trituration ou de caisserie.
Les bois de chêne des taillis sont commercialisables en bois de feu.
Les bois de chênes des éventuelles futaies ne semblent guère valorisables qu’en produits artisanaux.

Axes de recherche

Expérimentation sur le maintien de la capacité à rejeter des taillis de chênes vieillis.
Expérimentations sur des traitements très peu pratiqués (taillis fureté, taillis sous futaie).
Expérimentations sur les différents modes d’exploitation du taillis pour préserver et rajeunir les souches.
Expérimentation sur la conduite de la régénération naturelle par voie sexuée des yeuseraies traitées en futaies.
Suivi des passages expérimentaux en futaie. Étude des dynamiques évolutives.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)