9410-10 - Sapinières à Épicéa à Véronique à feuilles d'Ortie des Alpes internes

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat se rencontrant dans les Alpes internes (de la vallée de Chamonix à l’Ubaye) à l’étage montagnard, sous toutes les expositions au nord, cantonné en ubac au sud.
Sur pentes plus ou moins marquées, replats…
Installé sur des rochers siliceux plus ou moins acides.
Sols plus ou moins évolués, plus ou moins marqués par la podzolisation (phénomène souvent ralenti dans les Alpes internes du fait de la sécheresse du climat).
Litières plus ou moins épaisses.

Variabilité

Variations géographiques du nord au sud :
- qu’il convient encore de préciser.

Variations selon le niveau trophique du sol :
- sols plus ou moins acides selon le degré de podzolisation.

Variations selon le bilan hydrique :
- variante très acide, avec Saxifrage à feuilles en coin (Saxifraga cuneifolia), sur des sols ayant subi une évolution podzolisante ;
- variante acide sur des sols moins dégradés.

Variations selon le bilan hydrique :
- variantes mésophiles ;
- variante très hygrosciaphile à hautes herbes : Géranium des bois (Geranium sylvaticum), Adénostyles à feuilles d’alliaire (Adenostyles alliariae), Impératoire (Peucedanum ostruthium), Aulne vert (Alnus viridis), Laitue des Alpes (Cicerbita alpina), Chaerophylle (Chaerophyllum villarsii), Violette à deux fleurs (Viola biflora), Saxifrage à feuilles rondes (Saxifraga rotundifolia), Aconit tue loup (Aconitum vulparia…).

Physionomie, structure

La strate arborescente est largement dominée par le Sapin, accompagné de l’Épicéa.
Les arbustes sont plus ou moins dispersés : Rosa alpina, Lonicera nigra.
Le tapis herbacé est recouvert avec, en particulier Mélampyre des bois (Melampyrum sylvaticum), Luzule des neiges (Luzula nivea), Véronique à feuilles d’ortie (Veronica urticifolia), Prenanthe pourpre (Prenanthes purpurea), Luzule des bois (Luzula sieberi)…
Le tapis muscinal est d’autant plus développé que les conditions de bilan hydrique sont plus hygrosciaphiles.

Confusions possibles

Avec d’autres types de sapinières (à Sphaignes des zones humides, à Airelle rouge : Vaccinium vitis-idaea des zones sèches), à Rhododendron à l’étage subalpin…).
Avec les pessières subalpines.

Dynamique

Spontanée :
Cf. schéma du cahier d'habitat.

Liée à la gestion :
Passage possible à la pessière (dynamique régressive).

Habitats associés ou en contact

Éboulis (UE : 8120).
Végétation de fentes de rochers (UE : 8220).
Végétation de dalles rocheuses (UE : 8230).
Pelouses à Nard raide (Nardus stricta) (UE : 6230*).
Faciès d’abandon à Fétuque paniculée (Festuca paniculata).
Prairies pâturées à Trisète dorée (Trisetum flavescens) et Renouée bistorte (Polygonum bistorta) (UE : 6520).
Fruticées à base de Sorbier des oiseleurs.
Cembraies à Mélèze (UE : 9420).
Pineraies de Pin à crochets (UE : 9430) ou de Pin sylvestre.

Répartition géographique

Massif alpin ; Alpes internes continentales, de la vallée de Chamonix à l’Ubaye (Tarentaise, Maurienne, Briançonnais, Queyras, Ubaye).
L’aire exacte dans ces vallées est à préciser.

Valeur écologique et biologique

Aire de répartition conséquente avec un bon développement des habitats.
—› Type d’habitat représentatif.
Flore originale, relativement pauvre en espèces compte tenu des conditions climatiques.
Participe à des mosaïques d’habitats du plus grand intérêt par le grand nombre de conditions offertes aux espèces végétales et animales.
Rôle paysager certain dans ces régions très fréquentées.
Rôle de protection évident (vis-à-vis de la neige et des chutes de pierres…).

États de conservation

États à privilégier :
Sapinière-pessière fermée ou ouverte.
Tous les stades de la sapinière des Alpes internes sont à privilégier étant donné son caractère représentatif.

Autres états observables :
Plantation d’Épicéa.
Phase pionnière entretenue à Mélèze.

Tendances et menaces

Surface actuelle stabilisée.
Maturation progressive de phases pionnières à épicéa et mélèze par pénétration du Sapin.
Extension aux dépens des prairies abandonnées (évolution lente).
Menaces potentielles :
- fragmentation par les aménagements pour le tourisme d’hiver ;
- dessertes diverses.

Potentialités intrinsèques de production

Avec une production estimée de 5 à 7/8 m3/ha/an, ce type d’habitat, assez facile à régénérer, est de bonne productivité.

Axes de recherche

Inventaires encore nécessaires pour préciser l’aire de distribution dans les différentes vallées et voir la surface climacique par rapport aux phases pionnières entretenues.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)