9410-2 - Pessières à Bazzanie à trois lobes des éboulis siliceux (Cahiers d'habitats)

9410-2 - Pessières à Bazzanie à trois lobes des éboulis siliceux

9410-12 - Pessières subalpines calcicoles à Polygale petit buis

9410-3 - Pessières subalpines mésophiles à Homogyne alpine

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Propre aux éboulis grossiers issus de roches siliceuses très acides (grès, certains granites) dans les Vosges cristallines, les hautes Vosges gréseuses.
Sur pentes diversement exposées : éboulis de versants (gros blocs entassés ou blocs de taille moyenne encore plus ou moins mobiles) ; matériaux morainiques ; se retrouve sur les affleurements rocheux entrecoupant les pentes ; plus rarement à plat sur rochers : sur humus très épais recouvrant la dalle rocheuse.
Les blocs, rochers sont recouverts d’une couche de matière organique noire, tachant les doigts ; on retrouve de la matière organique entre les blocs (et parfois un peu de matériaux sableux ou limono-sableux).

Variabilité

Variations géographiques ; restant à étudier.

Variations selon l’altitude ; (avec plus ou moins d’espèces alticoles).

Variations selon la situation topographique :
- variante d’ubac la plus riche en espèces hyperacidiphiles (Bazzania, Sphagnum sp. pl., Lycopodes) ;
- variante d’adret riche en Airelle rouge (Vaccinium vitis-idaea), Leucobryum glaucum ;
- variante de replat avec une couche épaisse de matière organique reposant sur la dalle de granite ou de grès.

Physionomie, structure

Ce type d’habitat se présente sous la forme d’une futaie dominée par l’Épicéa, accompagné du Sapin, du Bouleau verruqueux, du Sorbier des oiseleurs…
La strate arbustive est dispersée avec la Bourdaine, le Sureau à grappes, le Camerisier noir.
La strate herbacée est aussi peu recouvrante avec la Myrtille (Vaccinium myrtillus), la Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), le Gaillet des rochers (Galium saxatile)…
Le tapis muscinal est très fourni sur les blocs avec Bazzania trilobata, Pleurozium schreberi, Sphaignes, Ptilium crista-castrensis…

Confusions possibles

Avec les pessières-sapinières à hautes herbes riches en espèces de mégaphorbiaies, ou plus modérément acidiphiles relevant de la sapinière-hêtraie à Luzule blanchâtre.
Avec les plantations d’Épicéa réalisées dans les sapinières-hêtraies voisines.

Dynamique

Spontanée :
Cf. schéma du cahier d'habitat.

Liée à la gestion :
Phases régressives à Bouleau, Sorbier des oiseleurs.
Zones entièrement dégradées revenues au stade d’éboulis.

Habitats associés ou en contact

Éboulis acides (UE : 8120).
Végétation de fente de rochers (UE : 8220).
Mégaphorbiaies (UE : 6430).
Sapinières-hêtraies à Luzule blanchâtre (Luzula luzuloides) (UE : 9110).
Hêtraie subalpine à Érables (UE : 9140).
Aulnaie (-frênaie) à Stellaire des bois (Stellaria nemorum) (UE : 91E0*).
Pelouses à Nard raide (Nardus stricta) (UE : 6230*).
Prairies de fauche montagnardes (UE : 6520).
Tourbières (UE : 7110*).
Landes à Callune (Calluna vulgaris), Genêt pileux (Genista pilosa) ou à Callune-Myrtille (Vaccinium myrtillus) (UE : 4030).

Répartition géographique

Bien connu et bien étudié dans le massif vosgien sur grés et sur granite.
À rechercher dans les alpes siliceuses (domaine des hautes montagnes).

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat présentant une aire réduite, par ailleurs présentant des individus d’habitat peu étendus.
—› Type d’habitat à considérer comme rare.
Mosaïque d’habitats du plus grand intérêt par l’ensemble des conditions offertes à la diversité spécifique.
Populations d’épicéa autochtone présentant une grande valeur sur le plan de la diversité génétique.
Présence possible d’espèces rares (parfois protégées) : Lycopodes, Airelle rouge (Vaccinium vitis-idaea)…

États de conservation

États à privilégier :
Futaie à strate arborescente plus ou moins fermée selon l’état du substrat.
Phase pionnière à Sorbier des oiseleurs, Bouleau verruqueux.

Autres états observables :
L’éboulis ouvert avec une flore de Bryophytes, de Ptéridophytes auxquels se mêlent quelques plantes à fleurs.

Tendances et menaces

Ce type d’habitat occupe une surface réduite compte tenu des substrats marginaux sur lesquels il s’installe.
Recolonisation ou colonisation très lente des éboulis.
Peut être parfois menacé par certaines pratiques du ski et par les aménagements réalisés pour les sports d’hiver.
Sur éboulis la conduite du peuplement doit être prudente (jardinage) ; de grandes coupes peuvent entraîner la disparition de l’humus nourricier !

Potentialités intrinsèques de production

Sur ces éboulis, la production est très variable suivant, pratiquement, chaque emplacement. Cela a des conséquences fortes sur la gestion : dans des structures semblant jardinées (arbres de diamètres assez divers), les tiges de diamètres moyens ne sont pas toujours les successeurs des tiges de forts diamètres mais, simplement, leurs voisines. Toute tentative de gestion suivant des normes est vouée à l’échec.

Axes de recherche

Les inventaires sont à poursuivre dans les Alpes du nord siliceuses pour y localiser et y caractériser ce type d’habitat.

Bibliographie

Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)