Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Sable vaseux
Répartition bathymétrique : 1 à 3 mètres
Situation : Mer ouverte (milieux abrités dans de très rares cas : entrée de lagune et cours d'eau se jetant dans une baie peu profonde)
Hydrodynamisme : Faible
Salinité : Normale, légère dessalure possible
Température : Normale

Cet habitat est avant tout caractérisé par le fait qu’il se trouve à l’abri des houles et des vagues, le plus souvent grâce à des appointements rocheux, dans les criques protégées, où peut s’effectuer une sédimentation fine donnant un sédiment sablo-vaseux parfois mêlé d’une faible proportion de graviers. Sa profondeur est le plus souvent voisine de 1 m et excède rarement 3 m. Ces zones peu profondes sont soumises à des conditions de milieu très variables et peuvent présenter des faciès d’épiflore ou de développements importants d’espèces filtreuses ou fouisseuses.

Les variabilités sont liées à l'intensité de la sédimentation, aux conditions climatiques, avec de très grands écarts de température entre l'hiver et l'été, et au cours d'une même journée, aux possibilités de ruissellement d'eau de pluie ou de suintement de la nappe phréatique et à l'action anthropique. Les variabilités se manifestent par une série de faciès dont les plus importants sont :
- l’association à Cymodocea nodosa lorsque le renouvellement de l'eau est actif et qu'il n'y a pas de trace de dessalure ;
- l’association à Caulerpa prolifera, dans les zones les plus chaudes ;
- l’association à Zostera noltei, lorsque la sédimentation est très active et lorsqu'il y a des traces de dessalure ;
- le faciès à Upogebia pusilla dans des zones sans épiflore et dont le sol est compacté en profondeur, permettant au crustacé la construction de ses galeries ;
- le faciès à Loripes orbiculatus, Ruditapes decussatus et Polititapes aureus dans lequel ces espèces de mollusques bivalves se développent de manière particulièrement importante.

L'habitat est fortement influencé par les conditions de milieu, il connaît donc des variations saisonnières marquées avec en été des eaux particulièrement chaudes pouvant induire l'enfoncement des espèces, des mortalités massives et des phénomènes d'autopollution ou plus communément d'aggravation par synergie du stress lié aux apports anthropiques.

Les espèces caractéristiques de cette biocénose sont :
Les annélides polychètes : Phylo foetida, Paradoneis lyra, Heteromastus filicornis.
Les mollusques bivalves : Loripes orbiculatus, Polititapes aureus, Ruditapes decussatus.
Le mollusque gastéropode : Cerithium vulgatum.
Les crustacés décapodes : Upogebia pusilla, Clibanarius erythropus, Carcinus aestuarii.
Le sipunculide : Golfingia (Golfingia) vulgaris vulgaris.

Qualité du sédiment, zone calme, faible profondeur.

Contact avec les sables fins de haut niveau (III.2.1.) et les sables fins bien calibrés (III.2.2.) dans des zones où l'hydrodynamique est variable dans l'espace : baies partiellement abritées par une protection naturelle ou artificielle. Contact avec les vases lagunaires et estuariennes (II.1.1.) et avec la biocénose euryhaline et eurytherme (III.1.1.) lorsqu'il y a des phénomènes de dessalure. On peut observer enfin la présence de cet habitat en arrière d'un récif barrière de Posidonies (III.5.1.a.), cas de figure qui n'existe plus que fort rarement en France continentale (Le Brusc, Port-Cros), mais qui est plus fréquent en Corse.

Les sables vaseux de mode calme peuvent être confondus avec les sables vaseux et vases lagunaires et estuariennes (II.1.1.) et avec la biocénose euryhaline et eurytherme (III.1.1.). Dans les deux cas, les habitats sont cependant présents en milieux nettement plus dessalés et topographiquement, les risques de confusion sont limités à de très rares cas : entrée de lagune et cours d'eau se jetant dans une baie peu profonde.

Habitat présent sur l’ensemble des côtes françaises méditerranéennes et plus généralement dans l’ensemble de la Méditerranée, dans des secteurs à hydrodynamisme faible, avec des eaux, sauf exceptions, calmes. Au niveau de la France continentale, l'habitat est présent dans certains étangs salés (étang de Berre, étang de Thau) et dans des petits ports peu pollués, dans des criques protégées par des barrières naturelles tels que les récifs barrière formés par les herbiers de Posidonies (Le Brusc, Port-Cros). Il est très fréquent en Corse.

Cet habitat a un intérêt économique majeur. La production d’espèces alimentaires commercialisables notamment les palourdes, le crabe Carcinus aestuari ou, récoltés comme appâts pour la pêche professionnelle et amateur (Perinereis cultrifera, Marphysa sanguinea) peuvent atteindre des rendements considérables.

Milieu nourricier pour les oiseaux. Certains faciès sont exploités soit pour les mollusques (Polititapes aureus) dont la valeur marchande pour la consommation est notable, soit pour les appâts pour la pêche (Upogebia, Marphysa, Perinereis cultrifera, etc.). Milieu toujours très productif, en raison notamment de développements phytoplanctoniques et microphytobenthiques très intenses. La capacité productive est souvent exploitée par l'homme (pêche de palourdes et de coques ou collecte d'appâts). Le faciès à Loripes orbiculatus, Ruditapes decussatus et Polititapes aureus est une zone de nourrissage pour des poissons juvéniles avec la présence importante de bivalves. L’association à Cymodocea nodosa, Zostera noltei, Caulerpa prolifera et Caulerpa ollivieri est un milieu représentant une zone de nurserie importante, en particulier pour la daurade royale Sparus aurata.

Disparition de l'habitat par remblaiement des surfaces. Forte activité de pêche aux mollusques ou aux appâts (Upogebia, Marphysa, Arenicola, Perinereis) provoquant un remaniement anarchique du fond sédimentaire. Accumulation des détritus et des polluants en raison du mauvais niveau de renouvellement des eaux et de la forte sédimentation à certaines périodes et dans certains secteurs. Accroissement de l'eutrophisation par utilisation des sites pour la conchyliculture (Mytilus galloprovincialis). Destruction de l'habitat par suppression des barrières naturelles ou artificielles pour faciliter la circulation des eaux ou des embarcations.

L'habitat est en grand danger car certains sites ont déjà fait l'objet de remblais.

Labrune C., Bellan G.

2017

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

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