Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Sable
Répartition bathymétrique : 2 à 25m
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Moyen
Salinité : Normale, pouvant supporter une légère dessalure
Température : Normale
Lumière : La lumière peut atteindre l’ensemble de la bathymétrie de l’habitat, mais peut aussi être restreinte en fonction de la présence de particules apportées par les fleuves et les rejets anthropiques.

Etendues de sable fin faisant suite en profondeur à la biocénose des sables fins de haut niveau (III.2.1), le sédiment est généralement de granulométrie homogène et d’origine terrigène (transporté par les rivières jusqu’à la mer ou apporté par des ravinements le long du trait de côte lors d’évènements pluviaux). La biocénose débute vers 2-2,5 m et peut atteindre la profondeur de 25 m, elle occupe parfois de très grandes superficies le long des côtes ou dans les larges baies.

La biocénose des sables fins bien calibrés tolère localement une légère dessalure des eaux, au voisinage des estuaires et sur le pourtour de certains étangs méditerranéens. Elle présente alors un certain appauvrissement, compensé par la présence de quelques espèces euryhalines. Lorsque le mode est trop battu, la biocénose peut aussi être appauvrie. Localement, la phanérogame Cymodocea nodosa est susceptible de s'installer et de constituer un faciès d'épiflore. La présence, assez localisée sur les côtes françaises, de Caulerpa prolifera détermine la formation d'un faciès particulier.

La dynamique du peuplement est liée aux saisons. Lors des périodes de fort hydrodynamisme avec déferlement en tempête, le sable est fortement remanié jusqu'à plusieurs mètres de profondeur.
La zone est soumise à un cycle d'apport de détritus provenant souvent de l'herbier à Posidonies (Posidonia oceanica), qui vient enrichir en matière organique le peuplement, mais aussi apporter des supports à une microflore et à une microfaune qui constituent une source alimentaire utilisable dans l'ensemble du réseau trophique local.

Les annélides polychètes : Sigalion mathildae, Onuphis eremita, Exogone hebes, Diopatra neapolitana.
Les mollusques bivalves : Acanthocardia tuberculata, Mactra stultorum, Fabulina fabula, Tellina nitida, T. pulchella, Donax venustus. Les mollusques gastéropodes : Acteon tornatilis, Nassarius mutabilis, N. pygmaea, Neverita josephinia.
Les crustacés décapodes : Liocarcinus vernalis, les amphipodes : Ampelisca brevicornis, Hippomedon massiliensis, Pariambus typicus, l'isopode Idotea linearis.
Les échinodermes : Astropecten spp., Echinocardium cordatum, E. mediterraneum.
Les poissons : Pomatoschistus microps, Callionymus risso.

Ditrupa arietina est un annélide polychète de la famille des serpulidae vivant sur les substrats meubles peu profonds. Cette espèce peut atteindre des densités supérieures à 10000 ind.m². La variation interannuelle des densités de cette espèce est probablement à relier avec la fréquence des évènements de resuspension (Grémare et al., 1998 et Labrune et al., 2007).

Etendues de sables fins à des profondeurs comprises entre 2 et 25 m, pouvant présenter des faciès d'épiflore.

Au-dessus de l'habitat se trouvent la biocénose des sables fins de haut niveau (III.2.1.). L'herbier à Posidonia oceanica (III.5.1.) est parfois en contact ; souvent, des touffes d'herbiers se sont fixées sur le sable, pouvant conduire à une extension de l’herbier.
En dessous, il peut être en contact avec la biocénose des vases terrigènes côtières (VTC) (IV.1.1.), celles des fonds détritiques envasés (DE) (IV.2.1.) ou du détritique côtier (DC) (IV.2.2.).

La confusion ne peut être qu'altitudinale : le passage des sables fins de haut niveau (III.2.1.) aux sables fins bien calibrés (III.2.2.) n'est pas tranché et constitue souvent une zone de mélange, en particulier lors d'épisodes hydrodynamiques contrastés et importants (aussi bien hydrodynamisme élevé que calme prolongé).

Habitat présent dans toutes les anses et plages sableuses du Languedoc-Roussillon, où il est très répandu, sur les côtes de Camargue, dans les anses de la partie est des côtes de Provence et en Corse, notamment sur la côte orientale de l'île.

Vastes étendues de sables fins avec, dans la partie la plus profonde, des éléments granulométriques annonçant les biocénoses du circalittoral. Présence normale d’espèces végétales épigées pouvant conduire à la formation structurée d’association de phanérogames. La faune endogée est particulièrement diversifiée.
Cette diversité permet la présence de nombreuses espèces de poissons et, éventuellement, de crustacés particulièrement recherchées par les pêcheurs professionnels aux « petits métiers », plus près de la côte et par les chalutiers plus au large. On rappellera que le chalutage est interdit dans la zone des 3 milles marins et dont la profondeur est inférieure à 100 mètres (seule exception concernant cet habitat, le Golfe de Fos avec 1,5 mille et 50 m).

Habitat participant au maintien de l'équilibre des plages : son dégraissement lors de la formation des courants de retour met en péril la moyenne et la haute plage, son engraissement les conforte.
C’est aussi une zone de nourrissage de poissons plats (Solea solea, S. senegalensis, Bothus podas, etc…) et de nombreux poissons fouisseurs comme le rouget (Mullus surmuletus) et le marbré (Lithognathus mormyrus). Il constitue également l'habitat de nombreuses espèces qui s'y cachent en s'ensablant entièrement comme les oursins irréguliers (Echinocardium cordatum), les étoiles de mer du genre Astropecten, des bivalves et des poissons (la grande vive Trachinus draco, les poissons plats, le rason Xyrichtys novacula, etc.). Comme certains autres herbiers de phanérogames marines, les herbiers à Cymodocea nodosa et à Zostera noltei jouent un rôle fonctionnel primordial pour le recrutement et l’installation d’un grand nombre d’espèces, grâce à un enrichissement en matière organique du peuplement et à un rôle de support à une microflore et à une microfaune qui constituent une source alimentaire utilisable dans l’ensemble du réseau trophique local.

L'habitat est soumis aux apports et à la sédimentation des particules fines provenant des cours d'eau. L'hydrodynamisme n'est généralement plus assez fort pour empêcher cette sédimentation.
L'habitat est directement soumis à l'activité anthropique sur le littoral : émission de pollutions, d'eaux turbides, aménagements mal conduits, macrodéchets. La pêche artisanale se pratique sur cet habitat et peut constituer une pression. Le chalutage constitue une pression importante sur cet habitat. Le chalutage est interdit dans la limite des 3 milles marins et au-dessus de 50 m de profondeur. Le réengraissement des plages peut également constituer une forte pression, modifiant la dynamique et la composition du biotope et donc des habitats. Il est de toute façon impactant à l’égard des habitats au sein desquels ces matériaux sont extraits.

L'accroissement des débits des fleuves, et surtout des teneurs en pélites et sablons charriées par ces derniers, entraine un envasement progressif de l'habitat, très sensible à l'apport de particules fines, dans sa partie inférieure. Dans les secteurs soumis à des rejets artificiels (égouts, etc.), le peuplement peut être sévèrement altéré. On reconnait le peuplement d'origine, mais la liste d'espèces évolue et surtout la dominance de certaines est modifiée. On est dans la catégorie d'habitats tels que décrits comme "subnormaux". Tout ceci est aggravé par l'apport de matière organique et de composés chimiques présents dans ces rejets.

Labrune C., Bellan G.

2017

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