ZNIEFF 110020297
RÉSEAU DES MARES ET MOUILLÈRES DE PLATEAU ENTRE CERNAY-LA-VILLE ET BONNELLES

(n° régional : 78128005)

Commentaires généraux

L'ensemble du plateau agricole entre Cernay-la-Ville et Bonnelles, compte encore aujourd’hui environ 130 points d'eau, auxquels on peut encore en ajouter près de 50 vers l'Est, sur les Communes de Gif-sur-Yvette/ Les Molières et Limours.

Au sein de ce réseau encore assez important de mares, certaines abritent des cortèges d'espèces très intéressants, en faune et/ou en flore. Au total ce sont ainsi 26 mares qui ont été retenues dans la Znieff, car hébergeant régulièrement des espèces patrimoniales.

Les mares et mouillères situées entre les bourgs de Cernay-la-Ville au nord et de Bonnelles au sud, comptent parmi les dernières mares du vaste plateau agricole de Cernay qui en abritait pourtant près de 230 il y a deux siècles environ (cartes des chasses royales). Alors qu'un grand nombre de ces points d'eau ont été comblés ces dernières décennies sur la plupart des plateaux agricoles avoisinants, le maintien de ce petit réseau de mares et mouillères leur confère aujourd’hui, en tant qu’habitat rare et menacé, une grande valeur patrimoniale. Leur intérêt écologique est à ce titre très élevé puisqu’elles abritent de nombreuses espèces remarquables d’amphibiens, d’insectes et de plantes.

Plusieurs espèces d'amphibiens se reproduisent dans ces points d'eau. Trois d’entre eux sont des espèces rares en Ile-de-France. Elles présentent ici des effectifs encore relativement importants. C’est le cas du Triton crêté (Directive Habitats) (Triturus cristatus), qui fréquente 7 de ces mares au printemps pour y pondre, de la Rainette verte (Hyla arborea), également observée sur le site où elle est très abondante, et surtout du Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), petit crapaud devenu extrêmement rare en Ile-de-France qui colonise ici les mouillères agricoles du plateau (présent sur 5 mouillères et 3 mares).

On trouve également dans ces mares plusieurs plantes aquatiques remarquables dont 3 sont protégées au niveau national et 1 au niveau régional. L’Etoile d’eau (Damasonium alisma), est une espèce pionnière dite « à éclipses » qui se développe sur des sols limoneux ou argileux situés en bordure ou au fond des étendues d’eau non permanentes (dépressions où l’eau stagne en hiver et disparaît en été). Protégée au niveau national, la Damasonie étoilée est devenue particulièrement rare en Ile-de-France où ses dernières stations sont menacées en permanence de comblement par les agriculteurs. Sur le secteur de Cernay, l’espèce est présente en populations parfois très denses (plusieurs milliers de pieds certaines années dans une même dépression) mais ne se développe pas sur toutes les mouillères. Sa présence caractérise un habitat rare des eaux douces stagnantes : « les Dépressions humides à Etoile d’eau ». La Littorelle à une fleur (Littorella uniflora) est également protégée au niveau national. Elle se rencontre sur des biotopes similaires mais se développe lorsqu’une petite lame d’eau recouvre encore le substrat. Elle caractérise également un habitat remarquable : « les grèves à Littorelle ou Pilulaire». Extrêmement rare en Ile-de-France où elle ne se maintient que dans le secteur Rambouillet/Trappes/Saclay, la Littorelle à une fleur n’est connue au niveau du plateau de Cernay que dans une seule mare.

La Pulicaire commune (Pulicaria vulgaris), autre plante protégée au niveau national, était encore très largement répandue au début du XXème siècle d’après les flores parisiennes. Cette espèce nitrophile se développe sur des sols limoneux ou sableux aux abords des chemins humides, des fossés et des mares temporaires des champs. Encore présente sur deux mares du plateau de Cernay, qui constituent un enjeu majeur pour le maintien de cette espèce végétale dans notre région.

De nombreuses autres espèces végétales rares et menacées sont également présentes sur les mares et mouillères du plateau de Cernay comme la Zannichellie des marais (Zanichellia palustris), plante aquatique protégée en Ile-de-France, la Petite Renouée (Polygonum minus), le Potamot fluet (Potamogeton pusillus), le Jonc des marécages (Juncus tenageia), la Menthe pouliot (Mentha pulegium), l’Oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa), la Lentille d’eau bossue (Lemna gibba), la Limoselle aquatique (Limosella aquatica), le Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), le Myosotis cespiteux (Myosotis laxa subsp.cespitosa), la Ratoncule naine (Myosorus minimus), le Plantain des marais (Plantago major subsp.intermedia) et la Renoncule peltée (Ranunculus peltatus), toutes rares en Île-de-France.

Au niveau de l’entomofaune, l’intérêt principal de ce réseau de mares est lié à ses populations d’odonates. Outre la diversité des espèces observées (21 espèces), il faut surtout signaler la présence de plusieurs espèces peu communes dont deux d’entre elles sont protégées en Ile-de-France. C’est le cas du Leste dryade (Lestes dryas) qui fréquente habituellement les mares forestières acides, et de l’Agrion mignon (Coenagrion scitulum) qui colonise les mares et étangs riches en végétation aquatique. D’autres espèces intéressantes comme le Leste sauvage (Lestes barbarus), inféodé aux mares à exondation estivale, le Leste brun (Sympecma fusca) et le Leste verdoyant (Lestes virens subsp.vestalis) sont aussi fréquemment observées sur les mares du plateau de Cernay.

Espèce peu fréquente et protégée en Ile-de-France, le Cybister à côtés bordés (Cybister lateralimarginalis), grand coléoptère dytiscidae, est également signalé sur les mares les plus riches en hydrophytes.

Quelques orthoptères peu fréquents en Ile-de-France colonisent quant à eux la végétation palustre des berges de mares comme notamment le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), petite sauterelle des bas-marais cantonnée ici aux petites roselières à Baldingère (Phalaris arundinacea), et le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), espèce hygrophile qui colonise les mares en cours d’assèchement. Il faut souligner aussi sur le même biotope la présence plus surprenante de la Decticelle carroyée (Platycleis tessallata), petite sauterelle d’affinités xérothermiques présente en été sur les mouillères asséchées et faiblement colonisées par la végétation.

Sur le plan de l’avifaune, la végétation des berges de mares reste potentiellement favorable au Vanneau huppé (Vanellus vanellus) autrefois nicheur sur le secteur. A noter également, en dehors de la znieff limitée au abords de points d'eau, que le plateau agricole accueille chaque année plusieurs Busards Saint-Martin (nicheur probable), et qu'en hiver, de nombreux migrateurs ou hivernants y font halte (Vanneaux, Pluviers....).

Commentaires sur la délimitation

La délimitation proposée tient compte du degré élevé de dégradation de l’espace agricole au sein duquel ce réseau de mares s’intègre. Le zonage proposé se limite par conséquent à l’habitat « mare » que l’on considère ici depuis le centre du point d’eau jusqu’au bord supérieur de ses berges dès lors qu’elles se caractérisent par un cortège d’espèces sauvages. Les interactions qui existent entre les différentes mares du plateau et qui sont garantes de la conservation des espèces les plus remarquables, nous ont conduits à considérer l’ensemble des mares encore présentes sur ce secteur et qui hébergent au moins une espèce déterminante. Ce réseau fonctionnel de mares est donc proposé sous la forme d’une znieff de type polynucléaire constituée de 26 entités distinctes présentant de fortes similitudes (nature des habitats, composition spécifique des peuplements végétaux et animaux, intérêt patrimonial). Au niveau cartographique et en raison de l’échelle utilisée pour le zonage des znieff, chaque mare est symbolisée à l’aide d’un cercle.