ZNIEFF 220013900
MASSIF FORESTIER DE LUCHEUX/ROBERMONT

(n° régional : 80PON107)

Commentaires généraux

Au nord-est du Ponthieu, à la limite entre la Somme et le Pas-de-Calais, s'étend le vaste massif forestier de Lucheux/Robermont. Il comprend :

- le « Bois de Robermont », disposé sur les limons de plateaux,

- la « Forêt de Lucheux », occupant le plateau (limons et argiles à silex) et les versants crayeux (Turonien-Coniacien) de la vallée de la Grouche ainsi qu'une vallée sèche, orientée selon un axe nord-sud ;

- le « Bois Amigard » et les pelouses relictuelles de Humbercourt.

La superficie importante du massif permet la présence d'animaux à grand rayon d'action (rapaces, mammifères).

On trouve sur cette ZNIEFF une grande variété de milieux : boisements calcicoles, boisements acidiclines, boisements frais de pentes et de ravins, pelouses calcicoles relictuelles...

Plusieurs vallées profondes entaillent le massif, créant des réseaux de cavées typiques du Doullennais acceuillant des fougères comme le Polystic à aiguillons, au niveau du lieu-dit Le Haravesne, d'intéret patrimonial dans la région. Dans le fond de vallon, côté Bois de Lucheux, on trouve des boisements humides, frais abritant notamment de belles populations d'Ail des ours.

Dans ce même boisement, d'importantes futaies de hêtre, relativement âgées, sont présentes. Certains layons sont particulièrement humides et accueillent une végétation fraîche à Laîche des lièvres et Laîche pâle, peu communes dans la région. Quelques plantations de résineux et de feuillus (peupliers) ont été réalisées dans certaines parties du bois.

Cette ZNIEFF présente également un intérêt pour la bryoflore. Plusieurs espèces remarquables y ont été observées : Rhytidiadelphus loreus, Plagiothecium laetum, Leiocolea badensis et Leiocolea turbinata.

Le site présente un intérêt ethno-botanique particulier, grâce à la présence de haies de charmes taillés en têtards sur la périphérie du bois (anciennes servitudes de passage).

Quelques lambeaux de pelouses relictuelles sont présents sur la ZNIEFF, c'est le cas notamment au niveau du Bois Amigard ou l'on retrouve des espèces comme la Chlore perfoliée ou le Polygala chevelu, rare et d'intéret patrimonial dans la région.

En ce qui concerne la faune, le massif abrite plusieurs espèces déterminantes.

Chez les mammifères, et plus particulièrement les chiroptères, on trouve notamment la Barbastelle d'Europe. La détection ultrasonore de cette espèce forestière au sein du massif dont les habitats lui sont très favorables suggère une reproduction très probable de l'espèce sur le site. L'Oreillard roux, autre espèce forestière, à rayon d'action limité, se reproduit aussi très probablement sur le site, comme en atteste la capture d'une femelle allaitante au bord du "Chemin royal". La conservation de vieux bois et de cavités arboricoles est un élément majeur pour le maintien de ces espèces.

D'autres espèces de chauves-souris déterminantes ont été recensées sur le site : les Pipistrelles commune et de Kuhl, le Grand murin, le Murin à moustaches, la Noctule commune, la Sérotine commune et l'Oreillard gris. Certaines, plutôt antropophiles et ayant un faible rayon d'action, se reproduisent probablement dans le bâti en périphérie immédiate du site (Pipistrelles, Sérotine commune, Murin à moustache, Oreillard gris). Pour les autres espèces à rayon d'action plus large (Noctule commune et Grand murin), elles utilisent le massif comme terrain de chasse mais leur site de reproduction peut être plus éloigné.

Pour l'herpétofaune, l'Alyte accoucheur est présent au lieu dit "Fosse entonnoire" à proximité d'un chemin composé de nombreuses grosses ornières inondées. La Salamandre tachetée est également présente dans des ornières, dont celles citées précédemment, et dans des mares temporaires localisées au bord du "Chemin royal". Les milieux humides temporaires présents sur le massif présentent donc un intérêt certain pour les amphibiens.

Pluisieurs espèces d'oiseaux déterminantes sont également connues sur le site. La Bondrée apivore vue sur le site est une nicheuse possible. Il en est de même pour l'Engoulevent d'Europe dont un individu chanteur a été contacté sur une coupe forestière bordant le "Chemin royal". Le Bouvreuil pivoine, contacté à plusieurs reprises est très vraisemblablement nicheur sur le massif. Le Bruant jaune est aussi bien présent sur la zone, au niveau des coupes forestières et sur les pourtours du massif tels que la queue du massif de Lucheux vers la "Chapelle Saint-Léger" à l'est de la D5 ou la jachère du "Bois Amigard". Le Busard Saint-Martin est aussi régulièrement contacté sur le massif et ses abords. Sa reproduction a été constatée dans une culture en lisière du massif au lieu-dit "Les Quênes du Catiau".

Commentaires sur la délimitation

Le site correspond au massif forestier de Lucheux/Robermont, d'intérêt élevé pour les milieux, la faune et la flore qu'il abrite. Les reliques de pelouses calcicoles présentent également un intérêt patrimonial. Les cultures ont été exclues hormis un liseré en contact direct avec le massif forestier, jouant le rôle d'une zone tampon contre les intrants et les produits phytosanitaires en provenance des cultures voisines.

Depuis 2020, la ZNIEFF intègre la queue du massif de Lucheux à l'est de la D5 vers "La Chapelle Saint-Léger" qui offre un habitat favorable au Bruant jaune contacté sur la zone.