ZNIEFF 230009252
LES MARAIS DE VATTEVILLE-LA-RUE, SAINT-NICOLAS-DE-BLIQUETUIT ET NOTRE-DAME-DE-BLIQUETUIT

(n° régional : 85070001)

Commentaires généraux

Les marais qui s’étendent sur quelques centaines d’hectares entre Vatteville-la-Rue à l’aval, et Notre-Dame-de-Bliquetuit à l’amont, se développent dans le coude de la Seine qui forme la boucle de Brotonne, entre le fleuve et le massif forestier de Brotonne.

La présente ZNIEFF de type I est scindée en deux noyaux, qui concentrent la plus grande richesse patrimoniale des marais du Nord de la Boucle de Brotonne. L’ensemble de ces marais de la boucle de Brotonne sont inclus dans une ZNIEFF de type II, qui englobe la présente zone de type I.

Ces marais reposent sur des terrains alluviaux récents sur lesquels de vastes prairies mésohygrophiles et hygrophiles sont utilisées pour la fauche et/ou le pâturage. D’autres milieux les parcourent : haies vives, fossés, mares naturelles et mares à gabions, petites mégaphorbiaies (de l’alliance du Thalictro-Filipendulion), cariçaies, micro-roselières atterries, fragments de saulaies et d’aulnaies-frénaies, peupleraies…

Les prairies mésohygrophiles de fauche (essentiellement de la frange mésohygrophile de l’alliance de l’Arrhenatherion elatioris = sous-alliance du Colchico - Arrhenatherenion) ou pâturées (association de l’Hordeo secalini-Lolietum, alliance hygrophile du Bromion racemosi) couvrent de vastes superficies.

Quelques prairies de fauche extensives et humides abritent l’Oenanthe à feuilles de Silaus (Oenanthe silaifolia) et le Séneçon aquatique (Senecio aquaticus) : l’association du Senecio aquatici-Oenanthetum silaifoliae (Bromion racemosi), souvent fragmentaire, est très rare et menacée dans les vallées du Nord de la France.

Des formations hygrophiles de l’association de l’Eleocharo palustris-Oenanthetum fistulosae (alliance hygrophile du Carici-Oenanthion fistulosae) se développent dans quelques dépressions plus longuement inondables. Des mares abritent des parvo-roselières pionnières à Oenanthe aquatique (Oenanthe aquatica) et Rorippe amphibie (Rorippa amphibia), -association de l’Oenantho-Rorippetum, alliance de l’Oenanthion aquaticae-, et des groupements aquatiques à Pesse d’eau (Hippuris vulgaris), Potamot capillaire (Potamogeton trichoides) ou Renoncule à feuilles capillaires (Ranunculus trichophyllus).

Les plantes déterminantes de ZNIEFF car possédant un statut régional "exceptionnel" à "assez rare" sont nombreuses. On trouve ainsi, entre autres :

-l’exceptionnelle Pesse d’eau (Hippuris vulgaris),

-les très rares Séneçon aquatique (Senecio aquaticus), Laîches aiguë, distante, et raide (Carex acuta, C. distans, et C. elata),

-les rares Oenanthes à feuilles de Silaus, fistuleuse et aquatique (Oenanthe silaifolia, O. fistulosa, O. aquatica), Laîche bleuâtre (Carex panicea), Colchique des prés (Colchicum autumnale), Véronique en écus (Veronica scutellata) et Gaudinie fragile (Gaudinia fragilis),

-le Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa), l’Orge faux-seigle (Hordeum secalinum), le Brome rameux (Bromus racemosus), la Grande Glycérie (Glyceria maxima), la Laîche distique (Carex disticha), la Centaurée noire (Centaurea nigra), le Pigamon jaune (Thalictrum flavum) qui sont, quant à eux, considérés comme assez rares en Haute-Normandie.

La majorité de ces espèces sont liées aux prairies humides, aux dépressions et aux mares : les secteurs les plus humides (les plus longuement inondés) apparaissent comme les plus intéressants.

Ces marais abritent également une faune de très grande valeur patrimoniale :

-plusieurs mâles chanteurs de Râle des genêts (Crex crex) sont régulièrement entendus dans les prairies de fauche extensives et humides. Ce Râle discret et furtif est l’un des oiseaux les plus rares et menacés en Europe, au point d’être inscrit sur la liste des Oiseaux en danger dans le Monde,

-le très rare Busard des roseaux (Circus aeruginosus) et la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), tous deux inscrits en annexe I de la directive oiseaux de l’Union Européenne, ont été notés nicheurs (nicheur possible en 2000 pour le Busard des roseaux) dans ce secteur,

-la Chevêche d’Athéna (Athene noctua), en nette régression démographique dans le Nord de la France, occupe les bocages de vieux arbres (saules têtards essentiellement) présentant des cavités, de même que le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus),

-le Faucon hobereau (Falco subbuteo) a été souvent observé en période de reproduction dans ces marais qui lui sont particulièrement favorables,

-quelques couples de Vanneau huppé (Vanellus vanellus) nichent dans les pâtures humides

-les populations de Tarier des prés (Saxicola rubetra) et de Bergeronnette printanière (Motacilla flava), assez rares dans la région, sont assez importantes dans les prairies de fauche extensive.

Par ailleurs, ces marais sont utilisés comme halte migratoire par de nombreux oiseaux d’eau (Anatidés, limicoles, Ardéidés, etc. , surtout quand les prairies sont inondées), des rapaces, des passereaux, etc.

La batrachofaune compte notamment huit espèces, dont la Rainette arboricole (Hyla arborea), et surtout le Triton crêté (Triturus cristatus), espèce d’intérêt européen inscrite en annexe II de la directive Habitats.

L’entomofaune reste encore assez peu renseignée, malgré des potentialités pour des espèces remarquables, ormis  les odonates avec de nonbreuses espèces répertoriées, dont cinq sont déterminantes de Znieff : Ischnura pumilio, Coenagrion scitulum, Aeshna mixta, Aeshna affinis, et Lestes barbarus.

Même si elle conserve un intérêt écologique de très haut niveau, de rang européen, cette vaste zone humide est menacée d’une part par l’abandon des prairies humides, qui risquent d’être alors plantées en peuplier ou transformées en champs de maïs ; et par une trop forte intensification agricole qui peut générer une banalisation de la flore et de la faune, par augmentation des intrants et de la pression de pâturage.

Le soutien des pratiques de fauche et de pâturage extensif est donc incontournable pour maintenir la qualité biologique et paysagère de ces marais et en pérenniser la fonctionnalité et l’intérêt agricole traditionnel.

Commentaires sur la délimitation
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