ZNIEFF 250006494
BAIE DES VEYS

(n° régional : 00140009)

Commentaires généraux

S'étendant sur plusieurs communes des départements de la Manche et du Calvados, la baie des Veys apparaît comme une vaste échancrure s'ouvrant sur la mer vers l'est. Exutoire marin de l'immense zone des marais du Cotentin et du Bessin, cette baie recueille les eaux des cinq rivières principales qui la drainent. L'affrontement des eaux douces et salées, et les courants en résultant, sont à l'origine de puissants phénomènes de sédimentation et d'une grande richesse écologique.

Cette Znieff est en partie incluse dans le vaste Parc Naturel Régional des marais du Cotentin et du Bessin : flanc nord-ouest de la baie classé en Réserve Naturelle Nationale (RNN du Domaine de Beauguillot, gestion PNR depuis 2014).

Enfin il convient de mentionner que cette grande zone est également reconnue au niveau européen de par son appartenance au dispositif Natura 2000 :

-ZSC "Marais du Cotentin et du Bessin - Baie des Veys" -FR2500088-, au titre de la Directive Habitats.

-ZPS "Basses Vallées du Cotentin et Baie des Veys" -FR2510046-, au titre de la Directive Oiseaux.

FLORE

La grande variété des biotopes présents dans cette zone est à l'origine d'une remarquable richesse spécifique, dont une partie faisant l'objet d'une protection au niveau national (**) ou régional (*).

Sur l'estran vaseux stabilisé s'observent bon nombre de plantes halophiles. C'est notamment ici qu'en 1906 fut remarquée pour la première fois en Europe continentale la Spartine de Townsend (Spartina x townsendii), qui a depuis envahi tous les milieux similaires du littoral européen au détriment des spartines indigènes.

La Zostère de Nolt (Zostera (Zosterella) noltei*) est présente dans la baie des Veys où elle forme deux herbiers, au Grand Vey et en Pointe de Brévands. Il s’agit de l'un des deux seuls herbiers de Manche orientale le second étant à l'Anse du Cul de Loup). Ils sont suivis dans le cadre de la DCE.

Les autres biotopes divers de la périphérie de la baie (prairies humides plus ou moins saumâtres, roselières, fossés et mares, dunes...) renferment également des plantes peu communes qui renforcent l'intérêt patrimonial de la zone. Parmi les espèces les plus rares, citons le Vulpin bulbeux (Alopecurus bulbosus*), les Atropis fasciculé (Puccinellia fasciculata) et distant (P. distans), la Ruppie maritime (Ruppia maritima*), l'Arroche littorale (Atriplex littoralis*), le Trèfle maritime (Trifolium squamosum*), l'Elyme des sables (Leymus arenarius**), le Polypogon de Montpellier (Polypogon monspeliensis*), le Polypogon des rivages (Agropogon littoralis), l'Orobanche violette (Orobanche amethystea), l'Oenanthe faux-boucage (Oenanthe pimpinelloides*), le Potamot de Berchtold (Potamogeton berchtoldii), la Falcaire (Falcaria vulgaris), le Chénopode à feuilles grasses (Chenopodium chenopodioides), la Soude vraie (Suaeda vera*), la Luzerne polymorphe (Medicago polymorpha L.), la Renoncule à feuilles d'ophioglosse (Ranunculus ophioglossifolius**), la Spergulaire maritime (Spergularia marina), ou encore le Flûteau nageant (Luronium natans**).

FAUNE

Les relevés entomologiques menés sur les marais terrestres périphériques de la baie ont permis de recenser un grand nombre d'espèces intéressantes dans plusieurs Ordres.

Trois espèces rares d'Odonates méritent d'être mentionnées : le Leste verdoyant (Lestes virens), le Leste brun (Sympecma fusca) et l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), cette dernière espèce bénéficiant d'un statut de protection nationale.

Les Orthoptères sont également nombreux et comptent quelques espèces d'intérêt patrimonial telles que le Tétrix des vasières (Tetrix ceperoi), le Tétrix calcicole (Tetrix bipunctata), le Criquet des jachères (Chorthippus mollis), le Criquet verte-échine (Chorthippus dorsatus).

Citons également une espèce de Dermaptère peu commune : le Forficule Labia minor.

Quelques espèces intéressantes de Coléoptères ont également été observées : Euheptaulacus sus, Dolichosoma lineare, Sitona discoideus, Staphylinus caesareus,...

Parmi les nombreux Lépidoptères inventoriés, citons quelques taxons rares tels Sesia apiformis, Thalpophila matura, Spilosoma urticae, Sideridis albicolor...

On peut enfin citer une espèce de Diptère peu commune : Eoseristalis horticola.

Les Arachnides ont également fait l'objet de suivis précis surtout localisés sur la réserve de Beauguillot, mettant en évidence une diversité spécifique importante, dont plus d'une vingtaine d'espèces d'intérêt patrimonial, dont Arctosa fulvolineata et Trochosa spinipalpis.

 C'est dans les nombreuses mares qui parsèment les marais périphériques de la baie qu'ont été recensées quelques espèces remarquables d'amphibiens : le Crapaud calamite (Bufo calamita), le Triton ponctué (Lissotriton vulgaris), et le Triton crêté (Triturus cristatus).

Mais l'un des intérêts faunistiques majeurs de cette baie est d'ordre ornithologique. Cette valeur, reconnue depuis très longtemps, reste aujourd'hui encore effective. Elle est la conséquence de la richesse des vasières et herbus, de la présence immédiate des immenses marais de l'isthme du Cotentin, et des deux composantes terrestre et maritime de la RNN.

Selon les espèces et l'époque de leur présence, cette baie revêt une importance de niveau régional, national, européen, voire même international. Certaines espèces sont ainsi classées déterminantes de Znieff par leur présence hors période reproductive.

Abritant régulièrement plus de vingt mille oiseaux, elle est considérée d'importance internationale pour l'hivernage du Pluvier argenté (Pluvialis squatarola) et d'importance nationale pour l'hivernage de l'Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus), du grand Gravelot (Charadrius hiaticula), du Courlis cendré (Numenius arquata), de la Sarcelle d'hiver (Anas crecca), du Canard siffleur (Anas penelope), du Bécasseau variable (Calidris alpina), du Canard pilet (Anas acuta).

D'autres espèces stationnent régulièrement dans cette baie en période inter-nuptiale, lui conférant une importance régionale. Citons l'Oie cendrée (Anser anser), la Bernache cravant (Branta bernicla), le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), le Canard souchet (Anas clypeata), la Barge rousse (Limosa lapponica), le Chevalier gambette (Tringa totanus), le Pluvier doré (Pluvialis apricaria), le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), l'Avocette (Recurvirostra avosetta), l'Aigrette garzette (Egretta garzetta), le Hibou des marais (Asio flammeus), le Bruant lapon (Calcarius lapponicus), le Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis).

L'intérêt mammalogique tient essentiellement en la présence d'une colonie reproductrice de Phoques veau-marin (Phoca vitulina), la seconde de France de par ses effectifs. En effet, depuis 2005, une méthode de dénombrement aérien des colonies est mise en œuvre. Sur la période 2010-2013 par exemple, on recensa régulièrement plus de cent individus simultanément présents sur le site, avec un maximum de cent vingt sept individus en 2013.

En connexion avec le milieu marin (Znieff marines de type II "Baie de Seine occidentale" et de type I "Baie des Veys subtidale") et plusieurs fleuves (Vire, Douve,...), la baie des Veys constitue une zone de passage et d’alimentation pour des espèces de poissons amphihalines (lamproies marines et fluviatiles, aloses, anguilles, truites de mer, saumons), et de nourricerie pour les juvéniles de plusieurs espèces marines (plie, sole,...).

Notons enfin la forte présence d’invertébrés benthiques (vers annélides, crustacés décapodes et amphipodes, mollusques) et d'importants gisements de coquillages (coques, palourdes…) constituant de grandes ressources alimentaires pour l’ensemble de la faune. Cette communauté d’invertébrés benthiques est suivie tous les deux ans dans le cadre de la DCE.

Commentaires sur la délimitation

Vaste baie, exutoire des rivières de l'isthme du Cotentin, associant une multitude de milieux estuariens, marins et terrestres, et renfermant des espèces animales et végétales d'intérêt patrimonial.