ZNIEFF 250008143
NEZ DE JOBOURG

(n° régional : 00110010)

Commentaires généraux

Ce site, de grande qualité paysagère, est constitué d'un ensemble de hautes falaises abruptes siliceuses très découpées. Son exposition sud/sud-ouest et les sols minces impliquent des conditions de vie difficiles, tant pour la flore que pour la faune.

La végétation en bas de pente est constituée de pelouses aéro-halines rases, avec de nombreux affleurements rocheux. Puis une lande à Ajoncs d'Europe ou à Bruyères domine, avant de laisser la place à des prairies essentiellement pâturées en haut de pente.

Plusieurs petites vallées humides permettent à une végétation plus hygrophile de s'installer et offrent une diversité paysagère intéressante.

L'altitude maximale moyenne est d'une centaine de mètres avec un maximum de cent vingt sept mètres au niveau du Nez de Jobourg. De nombreux pics rocheux et abrupts sont aussi présents.

A noter la protection du nord de cette Znieff par l'Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope FR3800332 "Site ornithologique des falaises de Jobourg", ainsi que son intégration au dispositif Natura 2000, au titre de la Directive Oiseaux (ZPS) pour le site "Landes et dunes de la Hague-FR2512002-", mais également au titre de la Directive Habitats en tant que ZSC sous la dénomination "Récifs et landes de la Hague - FR2500084".

FLORE

Sont présentes sur ce site deux déclinaisons distinctes de l'habitat d'intérêt communautaire 1230 "Falaises avec végétation des côtes atlantiques et baltiques" : l'un (habitat élémentaire 1230-1) avec présence de la Doradille marine (Asplenium marinum) -fougère protégée en Basse-Normandie- et du Gazon d'Olympe (Armeria maritima) ; et le second (1230-3) qui correspond à une pelouse aérohaline à Gazon d'Olympe (Armeria maritima) et Fétuque pruineuse (Festuca rubra subsp. pruinosa).

On peut observer ici une végétation typique des côtes rocheuses du sud-ouest de la Hague, avec de nombreuses espèces rares et/ou protégées au niveau national (**) ou régional (*) telles le Trèfle aggloméré (Trifolium glomeratum), la petite Centaurée fausse-Scille (Centaurium scilloides**) -espèce à répartition hyper-atlantique, uniquement localisée en Basse-Normandie sur le littoral de la Hague-, la petite Centaurée à feuilles en tête (Centaurium capitatum**), la Patience des rochers (Rumex rupestris**) -espèce classée vulnérable à l'annexe 2 de la Directive européenne-, la Porcelle glabre (Hypochoeris glabra), le Marrube commun (Marrubium vulgare) - plante sub-méditerranéenne actuellement très rare-, la Scille d'automne (Scilla autumnalis), la Cotonnière allemande (Filago germanica), le Millepertuis à feuilles linéaires (Hypericum linariifolium), l'Inule faux-Crithme (Inula crithmoides*), le Statice à deux nervures (Limonium binervosum), le Lotier velu (Lotus subbiflorus), le Trèfle de Boccone (Trifolium bocconi*), le Trèfle étouffé (Trifolium suffocatum), la Moenchie dressée (Moenchia erecta), le Polycarpon à quatre feuilles (Polycarpon tetraphyllum*), la Sagine maritime (Sagina maritima), le Genêt maritime (Sarothammus scoparius ssp. maritimus*), sous-espèce prostrée spécifique des falaises littorales atlantiques qui garde son port caractéristique même lorsqu'il est transplanté ou semé à l'intérieur des terres.

Citons encore l'Orpin d'Angleterre (Sedum anglicum), le Trèfle strié (Trifolium striatum), le Trèfle souterrain (Trifolium subterraneum), l'Ajonc de Le Gall (Ulex gallii), autres espèces présentant une répartition hyper-atlantique...

Notons également la présence d'une seconde fougère très rare dans notre région, la Doradille de Billot (Asplenium billotii).

Les falaises sont également le domaine de nombreux lichens. Signalons la découverte au Nez de Voidries du rarissime Teloschistes flavicans, en 1981, qui n'a été observé que deux fois dans le département de la Manche, il y a bien longtemps.

La végétation algale, témoignant d'un milieu très battu, est bien représentée ; l'Alarie verte (Alaria esculenta), espèce peu commune, y a été observée en 1997.

FAUNE

L'estran rocheux adjacent à la falaise est d'une grande richesse sur le plan de la faune marine.

On recense ici nombre d'espèces peu communes, d'intérêt patrimonial.

Citons en premier lieu une espèce de méduse : Lucernaria quadricornis.

Mentionnons également une espèce de cnidaire au polype brillamment coloré : Corynactis viridis.

Les mollusques gastéropodes sont également nombreux et comptent quelques espèces intéressantes telles l'Oreille de Saint-Pierre (Haliotis tuberculata), la Porcelaine puce (Trivia monacha), Fissurella reticulata...

Les échinodermes crinoïdes comptent un représentant intéressant : la Comatule (Antedon bifida).

Parmi les poissons, signalons le Nérophis lumbricoïde (Nerophis lumbriciformis).

Il s'agit également d'un site de grand intérêt ornithologique faisant l’objet d’une réserve conventionnelle. Il abrite la deuxième colonie nicheuse normande de Cormorans huppés (Phalacrocorax aristotelis) avec une trentaine de couples en 2015. On note également la nidification du Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), du Fulmar (Fulmarus glacialis), de l'Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus), du Goéland marin (Larus marinus), de la Locustelle tachetée (Locustella naevia), de la Fauvette pitchou (Sylvia undata), du Pipit maritime (Anthus spinoletta), du Pigeon colombin (Columba oenas), du grand Corbeau (Corvus corax) et du Faucon pèlerin (Falco peregrinus).

Il s'agit ainsi d'un site rupestre maritime de premier ordre, dont les potentialités ornithologiques peuvent être contrariées par la fréquentation humaine ; citons à titre d'exemple le cas du Faucon pèlerin, qui a changé de site de nidification suite à la très forte fréquentation du chemin des douaniers.

En reptiles, on note la présence de la Vipère péliade (Vipera berus).

Mentionnons enfin la rare Musaraigne bicolore (Crocidura leucodon), qui a été trouvée sur le site.

Commentaires sur la délimitation

Falaises maritimes surmontées par des landes atlantiques.

Site renfermant des espèces animales et végétales d'intérêt patrimonial.