ZNIEFF 310007241
Etang et marais du Romelaëre

(n° régional : 00230001)

Commentaires généraux

Le site des étangs et marais du Romelaëre est situé sur les communes de Saint-Omer (62) et de Nieurlet (59). Il appartient au vaste complexe écologique du marais audomarois, plus précisément localisé dans le secteur est de celui-ci, qui est caractérisé par la présence de tourbe alcaline en surface. Les vastes plans d'eau du Romelaëre témoignent d'ailleurs de l'activité passée d'extraction de tourbe. Ce site est composé d'étangs, de roselières, de mégaphorbiaies, de prairies humides et de bois plus ou moins marécageux, le tout parcouru par un très important réseau de fossés et watergangs. Il constitue un remarquable réservoir de biodiversité au sein du marais audomarois, pour lequel le maraîchage intensif, l'urbanisation et le tourisme représentent autant d'atteintes aux milieux naturels. La présence et la succession des végétations de cette zone humide y sont particulièrement caractéristiques et constituent ainsi un excellent outil pédagogique permettant de comprendre le fonctionnement d'un tel écosystème : Végétations aquatiques, dont le Voile aquatique à Utriculaire commune et Lenticule mineure [Lemno minoris - Utricularietum vulgaris] est particulièrement bien développé dans certains fossés et étangs ; Végétations amphibies, notamment la Roselière turficole à Fougère des marais et Phragmite commun [Thelypterido palustris - Phragmitetum australis] ; Mégaphorbiaies et roselières, dont la très rare Roselière turficole à Gesse des marais et Lysimaque commune [Lathyro palustris - Lysimachietum vulgaris] ; Prairies humides, parmi lesquelles la Prairie pâturée à Troscart des marais et Agrostide stolonifère [Triglochino palustris - Agrostietum stoloniferae] connaît une certaine extension sur la partie est du site ; Fourrés et boisements marécageux à hygrophiles, dont le Fourré à Saule cendré et Fougère des marais [Alno glutinosae - Salicetum cinereae Passarge 1956]. Parmi les différentes végétations présentes sur le site, 26 sont déterminantes de ZNIEFF. Au niveau floristique, 41 espèces déterminantes de ZNIEFF y ont été observées depuis 1990, dont 20 sont protégées en région Nord Pas-de-Calais et une, la Grande douve (Ranunculus lingua), protégée sur l'ensemble du territoire national. A cette liste s'ajoute une espèce originale en France, naturalisée de longue date dans le marais audomarois et protégée en région Nord Pas-de-Calais et pour laquelle le marais audomarois constitue l'un des derniers bastions : le Stratiote faux-aloès (Stratiotes aloides). Il convient également de mentionner 4 espèces déterminantes de ZNIEFF, dont 3 protégées en région Nord Pas-de-Calais, non revues depuis 1990. La ZNIEFF des Etang et marais du Romelaere fait partie du complexe écologique du marais audomarois et de ses versants. Ses roselières, étangs et bois tourbeux accueillent une faune, et plus particulièrement une avifaune, remarquable et diversifiée. Six espèces déterminantes d’Odonates sont observées sur le site. Le Sympétrum commun (Sympetrum vulgatum) et le Sympétrum jaune (Sympetrum flaveolum) sont inscrits sur la Liste rouge nationale (DOMMANGET, 1987) et sont peu communs au niveau régional (GODIN et al., 2003). L’autochtonie sur le site n’est pas prouvée pour quelques espèces, notamment pour le Sympétrum jaune, pour laquelle des individus ont été observés suite à un mouvement migratoire issu d’Europe du Nord en 1995 (VANAPPELGHEM, 2005). L’Aeschne isocèle (Aeshna isosceles) et la Libellule fauve (Libellula fulva) sont identifiées comme étant assez rares dans la région. La première est en position d’isolat et la seconde est en marge de son aire de répartition (GODIN et al., 2003). Le site abrite également deux espèces déterminantes d’Orthoptères : le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) et le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum). Le Conocéphale des roseaux fréquente généralement les prairies humides à joncs et autres végétaux hygrophiles (COUVREUR & GODEAU, 2000). Il est assez commun au niveau régional (FERNANDEZ et al., 2004) ; il est fortement menacé d'extinction dans la Liste rouge française pour le domaine némoral (SARDET & DEFAUT, 2004). Le Criquet ensanglanté, inféodé aux milieux très humides comme les prairies hygrophiles et les milieux rivulaires (COUVREUR & GODEAU, 2000), est assez rare et très menacé en région (FERNANDEZ et al., 2004). Seule espèce déterminante d’Amphibien sur le site, le Triton crêté est inscrit à l’Annexe II de la Directive Habitats. Son statut assez commun en région confère aux populations régionales une importance particulière en terme de conservation. On peut noter également la présence de la Couleuvre à collier, peu commune et en régression dans le Nord – Pas-de-Calais (GODIN, 2003). L’avifaune est particulièrement bien représentée dans le périmètre de la ZNIEFF avec quatorze espèces déterminantes, dont douze sont considérées comme nicheuses certaines. Le Butor étoilé est inféodé aux roselières de grande taille, inondées, calmes et peu pénétrables (GODIN, 2003). Il est inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseaux, il est identifié comme étant vulnérable au niveau national (UICN France et al., 2008) et il est assez rare et en danger en région (TOMBAL [coord.], 1996). Les dernières roselières susceptibles d’héberger le Butor se situent sur le littoral (vallée de l’Authie en Plaine maritime picarde et marais de Tardinghen dans le Boulonnais) et dans certains secteurs des complexes humides intérieurs (Lys-Deûle et Scarpe-Sensée-Escaut-Marque-Haine) (TOMBAL [coord.], 1996). La population régionale de l’espèce était estimée à 3 couples en 2005 (GODIN, 2007). Le Blongios nain est également une espèce inféodée aux roselières, inondées et colonisées par des buissons. Ce site abrite la première population de l’espèce dans la région. Inscrite à l’Annexe I de la Directive Oiseaux, elle est classée quasi-menacée dans la Liste rouge nationale (UICN France et al., 2008). Au niveau régional, elle est classée assez rare et en danger (TOMBAL [coord.], 1996). En 1996, la répartition régionale du Blongios nain comprenait la cuvette de Saint-Omer, certains sites des Complexes Lys-Deûle et Scarpe-Sensée-Escaut-Marque-Haine et de la Plaine picarde (TOMBAL [coord.], 1996). Le Busard des roseaux et l’Aigrette garzette sont également nicheurs certains et sont inscrits à l’Annexe I de la Directive Oiseaux. Le Busard des roseaux est vulnérable à l’échelle nationale (UICN France et al., 2008), il est commun et en déclin dans la région (TOMBAL [coord.], 1996). L’espèce niche traditionnellement dans des roselières mais elle niche également dans des champs cultivés d’où le nombre conséquent de nids dans les secteurs agricoles des plateaux. La reconquête de la région par l’espèce a débuté en 1980, elle s’est intensifiée quand les habitats de substitution ont été utilisés pour la nidification (TOMBAL [coord.], 1996). L’Aigrette garzette est très rare et en danger dans le Nord – Pas-de-Calais (TOMBAL [coord.], 1996) ; elle fréquente les zones humides en eaux peu profondes, principalement en bord de mer (TOMBAL [coord.], 1996). Depuis 1999, l’espèce niche dans la basse vallée de la Canche (ZNIEFF 104-06 Prairies humides de Visemarest). Avec d’autres sites observés en Artois-Ouest puis en Flandre maritime, l’Aigrette garzette est maintenant considérée comme nicheuse régulière dans la région (GODIN, 2009). La Locustelle luscinioïde est en danger au niveau national (UICN France et al., 2008), elle est peu commune dans la région (TOMBAL [coord.], 1996). Elle est observée dans les roselières (principalement les phragmitaies) denses et âgées. Le site du Romelaere accueille également une des seules colonies régionales de Grand cormorans. Installée depuis le début des années 1990, la colonie niche sur de vieux peupliers qui servent également de reposoirs diurnes et de dortoirs (TOMBAL [coord.], 1996). Le site accueille également d’importantes populations d’oiseaux hivernants ou en migration. Le site présente également un intérêt mammalogique avec cinq espèces déterminantes de Chiroptères. La Noctule commune, assez rare dans le Nord – Pas-de-Calais, et la Noctule de Leisler, rare dans la région (FOURNIER [coord.], 2000), sont deux espèces inféodées aux milieux boisées. Elles sont inscrites à l’Annexe IV de la Directive Habitats et sont quasi-menacées à l’échelle nationale (UICN France et al., 2009). On peut noter la présence de deux espèces déterminantes de Mollusques : Vertigo moulinsiana et Sphaerium rivicola. Vertigo moulinsiana est observé dans les marais herbeux et les zones humides calcaires. En 2002, il était observé sur une dizaine de sites régionaux (CUCHERAT, 2005). En 2005, les observations de Sphaerium rivicola, espèce sensible à la pollution des eaux, se limitaient à deux sites en région (Romelaere et Avesnes-sur-Helpe). L’espèce est inféodée aux cours d’eau (fleuves, rivières et canaux) à substrat meuble (CUCHERAT, 2005).

Commentaires sur la délimitation

Une extension vers l’est du périmètre initial (1ère génération) est justifiée par la présence d’un petit étang hébergeant diverses communautés et espèces végétales déterminantes de ZNIEFF telles que Oenanthe lachenalii et Nasturtium microphyllum.