Le site de la Montagne de Lumbres est situé sur le versant droit de la vallée de l’Aa au sud-est du village de Lumbres. Il est inclus dans le vaste complexe écologique de la moyenne vallée de l’Aa et de ses versants.
La Montagne de Lumbres, vaste promontoire boisé soulignant le brusque changement de direction de l’Aa, domine un ensemble de prairies humides ponctuées de dépressions inondées et de nombreux saules têtards. Haut-lieu archéologique et historique, c’est un site connu et occupé par l’homme depuis des temps très anciens.
La Montagne de Lumbres est couverte d’un ensemble de végétations forestières et préforestières témoignant de la diversité des conditions édaphiques et géomorphologiques du site. En particulier, l’étagement des végétations forestières est remarquablement pédagogique et typique du système artésien :
Hêtraie à Jacinthe des bois (Endymio non-scriptae - Fagetum sylvaticae) sur les plateaux sommitaux ;
Au niveau des versants, Érablaie à Mercuriale pérenne (Mercuriali perennis - Aceretum campestris) ou Hêtraie à Daphné lauréole (Daphno laureolae - Fagetum sylvaticae) sur les affleurements de craie sénonienne générant de fortes pentes plus sèches ;
Sur les colluvions de bas de versant, Frênaie à Adoxe moschatelline (Adoxo moschatellinae - Fraxinetum excelsioris) ;
Sur les côtés nord et est, au niveau des berges de l’Aa, Aulnaie-Frênaie rivulaire (Alnenion glutinoso-incanae).
La géomorphologie accidentée du site, sa position sur un promontoire et sa couverture boisée confèrent au site un intérêt paysager majeur, tant de l’extérieur par le repère qu’il offre dans le paysage, que de l’intérieur par l’esthétique des forêts de versants.
Le secteur situé à proximité des bourgs de Lumbres et d’Elnes subit une certaine pression foncière et diverses habitations ont récemment été construites en lisière des boisements. Il subit également quelques dégradations (décharges sauvages notamment). D’autre part, les végétations forestières ont été converties en futaie, avec disparition des zones de taillis et taillis sous futaie, ce qui provoque une homogénéisation de la structure forestière. Quelques plantations de résineux ont également été constatées. En périphérie des boisements, les lisières et parcelles agricoles attenantes semblent avoir subi l’effet conjugué de la déprise et de l’intensification agricoles : plantation d’arbres ou embroussaillement naturel sur les parcelles les moins productives, mise en culture des parcelles plus rentables, restriction des lisières et souvent eutrophisation. Il subsiste cependant quelques petites parcelles occupées par une pelouse crayeuse de l’Avenulo pratensis – Festucetum lemanii.
Le patrimoine floristique du site depuis 2001 (douze espèces déterminantes de ZNIEFF inventoriées, dont sept protégées) est également remarquable, notamment par la diversité de la flore des pelouses et des ourlets calcicoles, parmi lesquelles quelques orchidées d’intérêt patrimonial comme Orchis anthropophora. A noter qu’une dizaine de taxons n’ont pas été revus depuis quinze ans. Le fleuron phytocénotique du site est la Hêtraie à Daphné lauréole (Daphno laureolae - Fagetum sylvaticae), association présumée très rare dans le Nord - Pas de Calais et qui héberge Daphne laureola espèce assez-rare, d’intérêt patrimonial et déterminante de ZNIEFF. Depuis 2001 ce sont au total neuf végétations déterminantes de ZNIEFF qui ont été identifiées sur ce site.
La Montagne de Lumbres, en tant que noyau boisé, s’intègre dans un complexe de sites de la moyenne vallée de l’Aa, l’ensemble formant une mosaïque d’habitats favorable pour la faune.
Quatre espèces déterminantes de Rhopalocères sont présentes sur le site. Toutes sont considérées en préoccupation mineure sur la Liste rouge régionale (HUBERT & HAUBREUX [coord.], 2014). Parmi elles, le Tabac d’Espagne (Argynnis paphia) occupe lisières, allées et clairières forestières fleuries et prairies bocagères. La Thécla du chêne (Favonius quercus) est inféodée aux bois et bosquets de chênes et la Thécla du bouleau à divers habitats où poussent ses plantes-hôtes, principalement les prunelliers (LAFRANCHIS, 2000). Ces deux dernières espèces n’ont pas été revues depuis 2005 et 2004 respectivement, mais elles sont discrètes et difficiles à observer. Le Demi-Deuil est quant à lui une espèce liée aux prairies maigres et pelouses (LAFRANCHIS, 2000).
Deux espèces déterminantes d’Orthoptères sont présentes au niveau de l’extension intégrée à la ZNIEFF. Le Dectique verrucivore (Decticus verrucivorus) est considéré comme exceptionnel en région (FERNANDEZ et al., 2004), il est fortement menacé d’après la Liste rouge française pour le domaine némoral (atlantique au sens large) (SARDET & DEFAUT, 2004). L’espèce est observée dans des végétations semi-arides à faible couverture (COUVREUR & GODEAU, 2000). Le Gomphocère roux (Gomphocerippus rufus) est peu commun à l’échelle régionale (FERNANDEZ et al., 2004CFR, 2016). Ces deux espèces n’ont cependant pas été observées depuis 2007.
La Salamandre tachetée est une espèce d’amphibien déterminante qui se reproduit également sur le site. Cette espèce est principalement inféodée aux milieux bocagers et boisés (ACEMAV coll. et al., 2003).
Le site présente un fort intérêt chiroptérologique avec, entre autres, la présence du Grand rhinolophe, du Grand murin, du Murin à oreilles échancrées et du Murin des marais, tous inscrits en Annexe II de la Directive Habitats-Faune-Flore. Le Murin des marais, inféodé aux milieux humides (ARTHUR & LEMAIRE, 2009), est classé quasi-menacé sur les Listes rouges européenne et mondiale (IUCN, 2016), il est rare et en danger dans la région (FOURNIER [coord.], 2000). Le Grand rhinolophe est classé quasi-menacé à l’échelle nationale (UICN France et al., 2009) et il est assez rare et en danger dans la région Nord – Pas-de-Calais (FOURNIER [coord.], 2000). Cette espèce affectionne les mosaïques de milieux mixtes (pâtures avec haies, lisières, sous-bois dégagés, parcs, etc.) (ARTHUR & LEMAIRE, 2009). Le Grand murin, assez rare en région (FOURNIER [coord.], 2000), fréquente principalement les milieux forestiers mais aussi les milieux mixtes (ARTHUR & LEMAIRE, 2009). Le Murin à oreilles échancrées dépend principalement des milieux boisés de feuillus (ARTHUR & LEMAIRE, 2009).
Le périmètre de la ZNIEFF est principalement concentré sur le boisement. Une extension a été ajoutée en 2010 au Sud (lieu-dit les Rietz), par souci de cohérence écosystémique, pour supprimer une enclave entre cette ZNIEFF et la ZNIEFF 024-05 « Pelouses crayeuses de Wavrans et Elnes » et pour intégrer les observations du Dectique verrucivore.