ZNIEFF 310013321
ÉTANG ET BOIS DE L'EPINOY

(n° régional : 00000168)

Commentaires généraux

Ce site se situe au coeur du bassin minier, dans un secteur particulièrement urbanisé et traversé par de nombreux axes routiers. Cependant, il est doté d’une grande diversité de biotopes due en partie aux activités humaines. En effet, le site est caractérisé par un paysage en partie artificiel, d’origine minière, et aux terrains plus ou moins instables. Les éléments les plus marquants du paysage sont le terril 115 (terril de Libercourt), le terril de Carvin et l’étang d’affaissement minier. Le terril 115, jouant le rôle de réservoir, alimente une source qui peu à peu a rempli cette cuvette d’affaissement. Il est également à l’origine de plusieurs suintements observables à la base des pentes. Les terrils et l’étang sont entourés par le Bois de l’Epinoy qui a subi de nombreuses dégradations avant son classement en forêt de protection en 1984. Il est ainsi possible d’observer un ensemble de végétations préforestières et forestières acidiclines à neutroclines présentant de nombreux gradients de trophie et d’hygrophilie, des végétations amphibies et aquatiques des bords de mares et d’étangs, des roselières et des végétations spécifiques des terrils telles que les pelouses rases des friches et des boulaies de recolonisation. La flore caractéristique de tous ces habitats est par conséquent assez diversifiée, avec des espèces rares et protégées pour certaines. La préservation et la gestion écologique d’un tel site sont donc largement justifiées, surtout dans un tel contexte d’urbanisation.

L’étang de l’Epinoy compte une diversité d’espèces notables, avec notamment une colonie de Hérons cendrés (Ardea cinerea) sur ses berges boisées. Les Fuligules milouin (Aythya ferina) et morillon (Aythya fuligula) y nichent également. La roselière abrite, quant à elle, une petite population de Rousserolles effarvattes (Acrocephalus scirpaceus) et quelques chanteurs de Bouscarles de Cetti (Cettia cetti). Parmi les amphibiens présents sur le site, l’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) et le Crapaud calamite (Epidalea calamita) sont tous deux identifiés comme étant peu communs dans la région (Godin, 2003), mais seul le second a pu être recontacté récemment.

L’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) et le Crapaud calamite (Epidalea calamita), sont des espèces pionnières, classées quasi-menacés dans le Nord et le Pas-de-Calais (Godin & Quevillart, 2015). Le Crapaud calamite, présent en région principalement dans les endroits sablonneux du littoral, s'avère capable de coloniser des habitats secondaires d’origine anthropique comme les terrils et mares temporaires, les carrières inondées et les zones d’extraction de granulats. Un peu moins exigeant dans le choix de ses biotopes, l’Alyte accoucheur présente un caractère terrestre prononcé et se reproduit principalement dans les plans d’eau d’assez faible profondeur (mares, fonds de carrières, pannes dunaires). Il apprécie, en dehors de la période de reproduction, les secteurs bien ensoleillés parsemés de pierres ou de rochers, sous lesquels il peut se mettre à l'abri (Lescure & De Massary, 2012).

Du côté des odonates, deux espèces remarquables se reproduisant dans les eaux stagnantes sont citées : la Grande Aeschne (Aeshna grandis) et le Sympétrum méridional (Sympetrum meridionale). En 2023, il est aussi à noter l'observation d'un mâle immature d'Orthetrum bleuissant (Orthetrum coerulescens), ce qui laisse supposer une émergence sur site. Il s'agit d'une espèce qui pourrait en effet profiter des suintements au pied du terril pour se reproduire. Signalons par ailleurs, de l'autre côté de l'autoroute, au parc le Tour d'Horloge, que la végétation de bord des eaux des plans d'eau accueille la Coccidule tachetée (Coccidula scutellata), coccinelle dont la présence dépend de la qualité des zones humides.

Le boisement, bien qu’abritant un cortège d’oiseaux forestiers majoritairement communs, est le lieu de nidification du Pic mar (Dendrocopos medius) et du Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula). On y rencontre également quelques grands Nymphalidae forestiers tels que le Tabac d'Espagne (Argynnis paphia) ou le Petit Mars changeant (Apatura ilia), ainsi qu'une pipistrelle typique des milieux boisés associés à des plans d’eau (Arthur & Lemaire, 2009), la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii). Le Petit Mars changeant (Apatura ilia), est assez rare dans le Nord - Pas-de-Calais et classé vulnérable dans les Hauts-de-France. Il apprécie les forêts de feuillus claires, de préférences humides, mais est menacé par la gestion sylvicole qui s'oriente vers des futaies monospécifiques, par la disparition des peupliers autochtones et, localement, par le drainage (Haubreux et al, 2017). La mise en protection de la zone forestière et la gestion des espaces ouverts lui est favorable.

Enfin, il est mentionnée au sein des zones plus ouvertes des terrils, plusieurs espèces associées au cortège des pelouses sèches, comme l'Argus frêle (Cupido minimus), le Demi-deuil (Melanargia galathea) ou le Grillon d'Italie (Oecanthus pellucens). Aucune n'a cependant fait l'objet d'observations récentes. Des prospections ciblées seraient intéressantes à mener pour tenter de les retrouver. L'Argus frêle, quasi-menacé à l'échelle des Hauts-de-France, présente une répartition discontinue dans le Nord et le Pas-de-Calais. D'apparition récente sur les terrils, il a pu profiter de l'ensemencement à but paysager de certains terrils avec l'Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria), sa plante-hôte (Haubreux et al, 2017). Néanmoins les pelouses dominées aujourd'hui par le Millepertuis perforé (Hypericum perforatum), combiné à l'isolement des populations, laissent craindre à une extinction locale.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre de la ZNIEFF englobe le bois de l’Epinoy et son étang, le terril de Libercourt et le terril de Carvin. Il a été agrandi en 2010 au marais de Carvin, également appelé "le Tour d’Horloge", inscrit dans le même contexte historique et écologique, afin d’y intégrer une zone humide intéressante avec des végétations caractéristiques telles que des roselières basses amphibies ainsi que des herbiers aquatiques.

Une deuxième extension, située à l’ouest du périmètre de première génération, est justifiée par l’observation de trois espèces d’Amphibiens, dont le Crapaud calamite, et d’une espèce d’Odonates, la Grande aeschne.

En 2023, le réseau routier à été retiré du périmètre. Un petit secteur boisé au nord-est a été ajouté dans un soucis de cohérence écologique (continuité des boisements).