ZNIEFF 310013371
Bois du Gard, Bois d'Esnes et Bosquets à l'ouest de Walincourt-Salvigny

(n° régional : 00000130)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF se situe au sud du département du Nord, dans la vaste plaine limoneuse du Bas-Cambrésis, où les cultures dominent nettement le paysage. Elle présente donc tout son intérêt pour le maintien des derniers boisements relictuels du secteur qui jouent un rôle majeur de corridors biologiques en tant que refuge pour les espèces forestières (faune et flore).
Ce secteur possède également la particularité d’avoir une géomorphologie et une géologie variées. Le site se situe au niveau de la zone de transition entre la plaine du Bas-Cambrésis et le plateau du Cambrésis oriental. Ce secteur majoritairement recouvert de limons est à la fois entaillé de nombreux vallons où affleurent des terrains crayeux et ponctué de buttes où affleurent des terrains argileux ou sableux. Cette diversité de substrats favorise une certaine originalité phytocénotique au sein des bois et prairies, suivant des gradients  de pH (végétations basophiles à acidiclines) et de trophie. Mais le trait le plus caractéristique de ce secteur presque entièrement voué à l’agriculture intensive est la relative abondance, sur les talus routiers et en bordure des champs, d’espèces thermophiles neutrophiles à calciclines telles que la Gesse tubéreuse (Lathyrus tuberosus), même si celle-ci n’est plus actuellement considérée comme déterminante de ZNIEFF.

Bien que, dans ce contexte, les bois jouent de manière indéniable un rôle de refuge, ils n’offrent pas les conditions idéales pour toutes les espèces potentielles du secteur en raison de l’importante rudéralisation qu’ils subissent ou ont subi avec les nombreuses plantations de diverses essences non indigènes (dont le Chêne rouge (Quercus rubra) qui possède un caractère invasif dans certaines régions de France) et l’exploitation intensive de certains peuplements. Ainsi, leur intérêt floristique et phytocénotique actuel est bien en deçà de leurs potentialités écologiques. On retrouve quelques rares espèces intéressantes à caractère continental ou montagnard comme le Myosotis des forêts (Myosotis sylvatica), le Séneçon de Fuchs (Senecio ovatus) ou le Sureau à grappes (Sambucus racemosa) mais les diverses orchidées telles que l’Ophrys mouche (Ophrys insectifera) et l’Orchis pourpre (Orchis purpurea) devraient être confirmées. L’Alisier (Sorbus torminalis) est cité dans un petit bois où son indigénat est plausible. Néanmoins, depuis 2001, seuls le Sureau à grappes et le Séneçon de Fuchs ont été confirmés. Des prospections complémentaires devraient néanmoins permettre de retrouver les autres espèces et de mieux caractériser la diversité phytocénotique de ce site.
Cette ZNIEFF héberge 10 espèces déterminantes de faune : deux espèces de rhopalocères, six espèces d’oiseaux et deux espèces de poissons.
Le Demi-deuil (Melanargia galathea) s’observe sur les talus secs préservés des intrants azotés. Même si l'espèce est considérée comme peu commune dans le Nord – Pas de Calais (HUBERT & HAUBREUX, 2014), les formations végétales sèches qui l'abritent sont dignes d'intérêt, particulièrement dans le Cambrésis. Le Petit Sylvain (Limenitis camilla) est une espèce forestière assez commune dans le Nord – Pas de Calais (HUBERT & HAUBREUX, 2014), dont les chenilles se développent sur les chèvrefeuilles (LAFRANCHIS, 2000).
Les six espèces d’oiseaux déterminantes observées sur le site sont des espèces liées aux milieux ouverts. Parmi elles, cinq sont quasi menacées dans le Nord – Pas de Calais : Alouette des champs (Alauda arvensis), Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), Bruant jaune (Emberiza citrinella), Hirondelle rustique (Hirundo rustica) et Vanneau huppé (Vanellus vanellus, BEAUDOIN & CAMBERLEIN, 2017).

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF, composée de bois épars séparés par des cultures, possède un intérêt écologique certain mais son intérêt floristique et phytocénotique potentiel, au regard de la diversité des habitats, nécessiterait des prospections complémentaires ciblées que les moyens financiers actuels n’ont pas permis . Une extension, située au nord, ajoutée en 2010, est justifiée par la présence d’une espèce déterminante de Rhopalocères : le Demi-deuil (Melanargia galathea).