ZNIEFF 310013687
Marais et prairies humides de Contes et d’Ecquemicourt

(n° régional : 01040001)

Commentaires généraux

Les marais et prairies humides de Contes et d’Ecquemicourt appartiennent au complexe écologique de la basse vallée de la Canche. Ils sont situés sur la rive nord de la rivière, à l'ouest du village de Contes, et sont bordés au Nord par le ruisseau du Fliez. Cette ZNIEFF est occupée par des prairies humides pâturées, des saulaies et des étangs bordés de végétations palustres. On notera également la présence de peupleraies, plus ou moins récentes au Sud-Ouest et dans la partie centrale. Le Marais de Contes est l’un des derniers complexes marécageux de la basse vallée de la Canche où les prairies humides à inondables couvraient encore une certaine surface lors du premier inventaire ZNIEFF.

Mais depuis les années 1990, de nouvelles plantations de peupliers se sont développées à leur détriment, tandis qu’une vieille plantation communale exploitée a été replantée partiellement en peupliers et en feuillus indigènes à l'ouest du périmètre. Les prairies et boisements semi-naturels sont associés à toute une mosaïque d’autres milieux (étangs, roselières, etc.) qui participent à la diversité écologique et paysagère du site. Ainsi, de remarquables séquences de végétations peuvent s’observer suivant divers gradients topographiques, depuis les niveaux supérieurs souvent appauvris, jusqu’aux végétations aquatiques et aux boisements tourbeux longuement inondables des niveaux inférieurs, les plus intéressants. A noter que le site bénéficie aujourd’hui d’une gestion par la commune qui devrait avant tout bénéficier au maintien ou à la restauration des espèces et des végétations les plus oligotrophiles, les plus rares et les plus menacées, ceci indépendamment des divers usages actuels.

Les diverses composantes de ce complexe marécageux sont à l’origine de la diversité faunistique observée dans cette ZNIEFF. Les habitats aquatiques constituent des milieux indispensables à la reproduction de nombreux insectes et oiseaux. Parmi les premiers, trois espèces d’Odonates déterminantes ont été observées sur le site. L’Agrion délicat (Ceriagrion tenellum) est principalement observé dans les tourbières alcalines fluviogènes, au bord des étangs et des fossés bien végétalisés (GODIN et al. [coord.], 2003). L'Agrion joli (Coenagrion pulchellum) affectionne les eaux stagnantes mésotrophes à eutrophes et riches en végétation (GRAND & BOUDOT, 2006). L'Aeschne printannière (Brachytron pratense) est, comme son nom le suggère, une des espèces d'anisoptère les plus précoces. Elle se reproduit dans les eaux stagnantes bordées de ceintures de végétations palustres (GRAND & BOUDOT, 2006). On pourrait ajouter à cette liste l’Aeschne isocèle (Aeshna isoceles), également déterminante mais qui n'a pas été revue depuis 1997.

Les prairies humides, bien que fortement paturées, constituent également des habitats favorables à plusieurs espèces de faune. On retrouve notamment sur le site trois espèces déterminantes d’Orthoptères : le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum) et le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), caractéristiques et particulièrement abondants dans les pâtures dans la partie sud de la ZNIEFF où ils trouvent leurs habitats favoris : caricaies et prairies humides. L'Hespérie de la Houque (Thymelicus sylvestris) est le seul papillon de jour déterminant se développant dans les prairies de la zone. Autre espèce affectionnant les prairies humides, la Rainette verte (Hyla arborea) n'a pas été mentionnée depuis 2004. Elle se trouve ici dans un de ses derniers bastions à l'intérieur des terres, sa répartition étant principalement localisée le long du littoral du Pas-de-Calais. Les plantations de peupliers ont pu avoir un impact très défavorable sur cette espèce protégée.

Ce site présente un intérêt ornithologique remarquable avec douze espèces déterminantes dont l’emblématique Cigogne blanche (Ciconia ciconia), nicheuse certaine en 2014, 2016 et 2021. Les prairies humides et pâturées sont une zone de gagnage indispensable pour accueillir cette espèce. Sur la ZNIEFF sont aussi recensées plusieurs espèces paludicoles généralistes qui ne sont pas inféodées aux roselières - absentes du sites - et peuvent nicher dans divers milieux humides (prairies hautes, mégaphorbiaies, fourrés hygrophiles, fossés). Caractéristique de ces habitats, le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus) est très répandu sur la ZNIEFF. On trouve aussi la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica) et la Bouscarle de cetti (Cettia cetti), qui apprécient en particulier les zones buissonnantes. Les milieux semi-ouverts permettent également la présence d'autres passereaux qui ne sont pas spécialistes des zones humides : la Fauvette grisette (Sylvia communis) ou encore le Gobemouche gris (Muscicapa striata), espèce caractéristique des milieux de transition entre forêt et milieux ouverts.

La présence de boisements dans la partie centrale de la ZNIEFF permet notamment la nidification d’espèces d’inclination forestière comme le Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) ou encore la Mésange boréale (Poecile montanus). En outre, en 2017, le Héron cendré (Ardea cinerea) a colonisé un boisement avec 8 nids occupés. Les effectifs sont cependant en baisse depuis, avec seulement 2 nids en 2019. Les zones boisées n'hébergent par contre que peu d'espèces déterminantes d'insectes.
Enfin, la mosaïque bocagère composée par les prairies pâturées humides et les haies et autres zones boisées est très favorable aux rapaces nocturnes et tout particulièrement à la Chevêche d’Athéna (Athene noctua). Cette dernière chasse micromammifères et invertébrés dans les pâtures, et niche dans les vieilles cavités qu’offrent les arbres autour. A noter que l’Effraie des clochers (Tyto alba) est également recensée sur la ZNIEFF. Si elle chasse sur les mêmes zones, elle niche en revanche plutôt dans des vieux bâtiments, granges, et autres combles.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre est constitué du lit majeur de la Canche. Il est bordé au sud par la Canche et au nord par le ruisseau du Fliez. Il est composé d'un complexe de boisements marécageux, de prairies hygrophiles et d’étangs situés entre la commune de Maresquel-Ecquemicourt (situé au Sud-Ouest) et la commune de Contes à l'Est.
La grande extension au sud-est du périmètre initial est justifiée par l’observation de la Rainette verte et du Gomphocère roux (Gomphocerippus rufus).

En 2022, deux zones d’extension ont été intégrées :

- au nord-est de la ZNIEFF, un secteur avec deux étangs, une plantation et une prairie ; trois espèces de plantes déterminantes de ZNIEFF y ont été observées : la Riccie des flots (Riccia fluitans), le Saule à trois étamines (Salix triandra) et la Laîche aiguë (Carex acuta), ainsi que cinq espèces d'oiseaux déterminants de ZNIEFF : le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), la Fauvette grisette (Sylvia communis) et le Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula).

- à l’Ouest, le secteur proposé est une vaste zone composée de peupleraies d’âges très variés (voire de coupes très récentes), permettant une diversité importante d’habitats, bien qu'ils soient toujours très eutrophes (Caricaie, mégaphorbiaes, friches, fourrés). Le Saule à trois étamines (Salix triandra), espèce déterminante de ZNIEFF a été observée sur cette zone, ainsi qu'une autre espèce : le Scirpe des bois (Scirpus sylvaticus). Cette dernière espèce, bien que non déterminante de ZNIEFF, est protégée en Nord - Pas-de-Calais. Elle présente une population de plusieurs centaines de pieds. Les zones de coupe permettent la présence d'une végétation herbacée hygrophile haute qui accueille trois espèces d'oiseaux déterminants ZNIEFF, le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) et la Fauvette grisette (Sylvia communis).

Au sud-est de la ZNIEFF, une prairie pâturée eutrophe qui longe la Canche au nord du camping n'a pas été proposée comme extension puisqu'aucune espèce ni habitat déterminants n’y ont été observés.