Descriptif synthétique : sur une continuité exceptionnelle (environ 30 kilomètres), le littoral nord du Cap Sizun est caractérisé par de hautes falaises surmontées de landes littorales bien développées, en particulier au niveau des pointes. Les pentes les plus abruptes vers la mer abritent plusieurs habitats naturels originaux. Les colonies d'oiseaux ont une valeur de niveau national.
Milieux principaux : roches médiolittorales et supralittorales de la façade atlantique, grottes en falaise maritime, végétation des fissures des rochers eu-atlantiques ; pelouses aérohalines à fétuque pruineuse et armérie, pelouses rases sur dalles et affleurements rocheux, pelouses hygrophiles des bas de falaise ; landes sèches et mésophiles, fourrés à prunelliers, bas-marais acides (localisés), boqueteaux d’ormaie littorale, saulaie méso-hygrophile des rentrants de vallons.
Espèces remarquables :
- Flore : présence d’au moins 18 plantes vasculaires de la Liste rouge armoricaine, dont 2 espèces protégées en France et d’intérêt communautaire : la patience des rochers (Rumex rupestris) et la fougère trichomanès élégant (Trichomanes speciosum) sous la forme de son prothalle dans les recoins de plusieurs grottes ou simples trouées ou fissures en falaise maritime ; et 3 autres plantes protégées en Bretagne : la sous-espèce ibéro-atlantique seoanei de la serratule des teinturiers, et deux fougères remarquables : la doradille obovale (Asplenium obovatum subsp. obovatum) présente dans la région littorale méditerranéenne mais localisée sur le littoral atlantique à Groix, Ouessant, le cap de la Chèvre, et le cap Sizun (et c’est sur sa côte nord que se tiennent d’assez nombreuses stations) ; et la capillaire de Montpellier (Adiantum capillus-veneris) dont 2 stations sont connues sur Beuzec-Cap-Sizun pour cette ZNIEFF (trouvées en 2005 et 2012). Parmi les autres plantes remarquables signalons le sceau de Salomon odorant (Polygonatum odoratum) qui est très localisé en Bretagne et trouvé uniquement sur coteaux de falaise maritime, et une station de l’avoine de Thore assez récemment trouvée (2003) dans une lande sur
Beuzec. Proposée comme plante déterminante : le genêt des teinturiers (Genista tinctoria) qui reste très rare sur toute la Basse-Bretagne (sa forme prostrée est déjà déterminante pour la ZNIEFF).
De nombreuses espèces rares de mousses et de lichens sont recensées dans cette zone dont les hépatiques Frullania teneriffae sur les rochers de hauts de falaise, et Marchesinia mackaii dans une station originale (presque à la limite du flot) sur Douarnenez. La liste augmentée et à jour des lichens sera à intégrer ultérieurement.
- Faune : importante colonie d'oiseaux de mer et d'espèces liées aux pelouses et falaises : le Fulmar boréal (Fulmarus glacialis), le Guillemot de Troïl (Uria aalge) mais dont les faibles effectifs reproducteurs dans le cap Sizun (10 couples en 2010 tous dans la réserve ornithologique de Goulien) sont en érosion constante ; la mouette tridactyle (Rissa tridactyla) très étudiée sur différents aspects de sa biologie et qui fait l'objet d'un programme de baguage depuis 1979 dans le Cap Sizun, et pour laquelle principalement du fait de la prédation une grande partie de la colonie de Goulien s’est déplacée vers la pointe du Raz (ZNIEFF n° 00000770) ; le crave à bec rouge (Pyrrocorax pyrrocorax) : 5 couples en 2010 sur la côte nord dont 3 dans la réserve de Goulien ; et le grand corbeau (Corvus corax) : 1 à 2 couples réguliers. Depuis 2005, le Faucon pélerin (Falco peregrinus) se reproduit sur la côte nord du cap Sizun (2 couples en 2010).
Plusieurs colonies du papillon protégé et d’intérêt communautaire le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia) ont été découvertes en 2006 dans la réserve de Goulien, et sont suivies annuellement depuis.
De nombreuses données entomologiques issues de travaux et d’études faits sur la réserve par les naturalistes de Bretagne Vivante SEPNB pourraient encore être intégrées à la ZNIEFF.
La Réserve Michel Hervé JULIEN : connu depuis le début du XXème siècle le fort intérêt naturaliste du secteur de Goulien mis en face de pratiques et projets destructeurs apparaissants dans les années 1950 (chasse de loisir, projet de route côtière) débouche sur le projet de mise en réserve porté par les naturalistes de la SEPNB. Réserve associative qui se concrétise officiellement le 14 juin 1969 sur environ 30 hectares. L’ouverture au public date de 1970, et les achats de parcelles par le Département se dérouleront de 1972 à 1979 pour plus de 32 ha. A partir de 1979, la réserve s'ouvre au plan pédagogique sur l'écologie des falaises et des landes littorales, le Plan d’interprétation est réalisé en 2000. A partir de 1986 une expérience de gestion par le pâturage ovin est lancée afin de permettre le retour du crave à bec rouge sur la réserve. Les opérations de gestion de fond actuelles sont le pâturage ovin et équin, les fauches manuelles et mécaniques de fougères et de landes, le contrôle des plantes envahissantes, et en cas de nécessité le piégeage de sécurité (pour éviter la prédation du vison d’Amérique) (source n° 90).
Protections, Conditions actuelles de conservation : seule la pointe du Van est en site classé (ainsi que la pointe de Bremeur dans la réserve de Goulien et la pointe de Kastel Koz pour son oppidum), cette côte est en site inscrit principalement sur Goulien des pointes de Lesven à Penharn, et sans protection paysagère ailleurs. La protection foncière dans la zone est assurée par le Département du Finistère (Vallon St-Pierre sur Douarnenez, sur et aux alentours de la réserve sur Goulien et Beuzec, la pointe du Van et le Vorlenn), ainsi que le Conservatoire du littoral (pointes du Millier, de Kastel Koz, de Penharn, et de Castelmeur), malgré cela cette protection côtière est largement incomplète et les zones de préemption ne sont pas étendues à tout le littoral.
Cette ZNIEFF type I est quasi entièrement comprise dans la Zone spéciale de conservation « Cap Sizun, Ile de Sein » (cartographie de la végétation en cours 2012-2013). Une Zone de protection spéciale pour les oiseaux couvre le secteur de la réserve et l’espace en mer attenant. Les principales falaises du cap Sizun font partie du Grand Site de France « la Pointe du Raz en Cap Sizun »
L’érosion des falaises est importante par endroits. Certains sites ou pointes touristiques posent des problèmes de fréquentation estivale.
Liens écologiques avec d’autres ZNIEFF : oui, et en premier lieu la ZNIEFF n° 770 « Pointe du Raz et côte rocheuse de Plogoff », et n° 454 « Dune de la baie des Trépassés et étang de Laoual ».