La rivière Tarn s’écoule sur près de 200 km sur toute la partie sud du département de l’Aveyron et le département du Tarn. Les principaux affluents (Jonte, Dourbie et Dourdou de Camarès) prennent naissance dans les départements de la Lozère, du Gard et du Tarn. Le territoire retenu correspond à une vaste ZNIEFF de type 2 d’une superficie de près de 36 700 ha. Le site est composé d’une mosaïque d’habitats : milieux forestiers (principalement essences caducifoliées) et milieux ouverts tels que des prairies, des cultures, des pelouses sèches et des friches. Sur la partie haute des versants, de nombreux affleurements rocheux, falaises et éboulis sont présents. Il s’agit d’une région assez touristique en période estivale, celle-ci étant surtout orientée vers les sports de pleine nature. La ZNIEFF de type 2 comprend plusieurs ZNIEFF de type 1.
La diversité des milieux sur la ZNIEFF permet la présence d’une faune et d’une flore variées. Une grande partie du site est composée de forêts. On retrouve d’ailleurs un habitat déterminant : les forêts de chênes verts supra-méditerranéennes françaises qui possèdent des peuplements mycologiques remarquables. Cet habitat est jugé rare dans le département. Autre milieu intéressant : les falaises, qui offrent des habitats propices à la reproduction des oiseaux rupestres ainsi qu’à la présence d’une flore caractéristique. Les milieux ouverts tels que les pelouses sèches, les landes et les prairies accueillent des espèces de reptiles peu communes dans le département, ainsi que plusieurs espèces floristiques, des espèces d’oiseaux du cortège agrosystème et des insectes. Enfin, la rivière Tarn est une zone favorable à la présence d’espèces faunistiques (crustacés, poissons, mammifères) rares ou peu communes en Aveyron et dans le Tarn. Par ailleurs, l’ensemble de la ZNIEFF constitue un territoire de chasse privilégié pour les oiseaux présents sur le site.
Grâce à la diversité de milieux ouverts (pelouses sèches calcicoles, landes, rocailles, friches), l’intérêt floristique de la ZNIEFF est important puisque de nombreuses espèces protégées et/ou rares dans le département y ont été recensées. Ainsi, on trouve plusieurs espèces qui bénéficient d’une protection au niveau national : l’Ophrys de l’Aveyron (Ophrys aveyronensis) et l’Ancolie visqueuse (Aquilegia viscosa subsp. viscosa), deux taxons endémiques des causses, ou encore la Corbeille d’argent à gros fruits (Hormatophylla macrocarpa). En protection régionale, on retrouve une diversité d’espèces dont plusieurs endémiques des causses, d’Auvergne ou des Cévennes : la Sabline de Lozère (Arenaria ligericina), l’Armérie faux jonc (Armeria girardii), la Grande Uvette (Ephedra major subsp. major), la Gentiane de Coste (Gentiana clusii subsp. costei), la Globulaire à feuilles en cœur (Globularia cordifolia), l’Ibéris des rochers (Iberis saxatilis), la Marguerite vert-glauque (Leucanthemum subglaucum), la Grassette des causses (Pinguicula longifolia subsp. caussensis), la Potentille des Cévennes (Potentilla caulescens subsp. cebennensis), la Saxifrage des Cévennes (Saxifraga cebennensis), le Genêt de Villars (Genista pulchella subsp. villarsii), le Diplachné tardif (Cleistogenes serotina), etc. Des espèces de fougères remarquables, localement rares, sont également observées comme le Cheilanthès de Tineo (Cheilanthes tinaei) et l’Asplénium de Billot (Asplenium obovatum subsp. billotii) sur les parois rocheuses. Plusieurs espèces de champignons déterminants sont présentes dans les sous-bois de feuillus et notamment les forêts de Chêne vert : Clitocybula lenta, classé rare à très rare en France, ou encore Scenidium nitidum. La faune est tout aussi importante et diversifiée. Le site accueille une grande diversité ornithologique, car il révèle une grande gamme d’habitats utilisés pour la reproduction et/ou l’alimentation. Plusieurs espèces rupestres se reproduisent dans les falaises des gorges du Tarn : le Vautour fauve, un rapace réintroduit dans les Grands Causses dans les années 1980, le Grand-Duc d’Europe, le Faucon pèlerin et le Crave à bec rouge. L’Aigle royal est régulièrement observé, mais sa reproduction n’y a pas encore été prouvée. Sont également recensés le Monticole bleu, le Pigeon colombin et le Martinet à ventre blanc. Les milieux boisés sont utilisés par le Circaète Jean-le-Blanc, le Milan royal et le Vautour moine pour leur reproduction. Le Pic mar est également présent dans les forêts de feuillus. Les milieux ouverts tels que les landes et les pelouses sèches constituent aussi des habitats favorables à la présence et à la reproduction de nombreuses espèces d’oiseaux caractéristiques des agrosystèmes comme la Chevêche d’Athéna et le Petit-Duc scops. On retrouve également des espèces plus répandues comme l’Alouette lulu, la Huppe fasciée, la Pie-grièche écorcheur ou encore le Torcol fourmilier. Pour les amphibiens, 5 espèces sont recensées sur le site, dont le Triton marbré, l’Alyte accoucheur, le Crapaud calamite et la Salamandre tachetée qui bénéficient d’une protection au niveau national. Les populations de reptiles sont représentées notamment par le Lézard ocellé et la Coronelle girondine, deux espèces peu communes dans le département qui affectionnent les terrains secs et chauds. Les mammifères sont représentés par des espèces aquatiques comme le Castor d’Eurasie, espèce réintroduite dans la Dourbie en 1990, et la Loutre d’Europe, et par des espèces forestières avec la Martre des pins. Des chauves-souris sont aussi présentes comme l’attestent plusieurs colonies de reproduction de Petit Rhinolophe. Côté poissons, 4 espèces déterminantes sont présentes dans la rivière Tarn dont le Chabot, un poisson peu commun, et l’Anguille, seul grand migrateur amphihalin actuellement présent en Aveyron. Notons également la présence de la Bouvière dans des inventaires piscicoles réalisés en 2004 sur la commune d’Ambialet. Une espèce de crustacé autochtone est présente dans la rivière Tarn. Il s’agit de l’Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), une espèce encore présente sur l’Aubrac et le sud du département de l’Aveyron, dans l’est du département du Tarn, ainsi que dans quelques sanctuaires du Lévézou et du Ségala. La présence de l’Écrevisse à pattes blanches se limite à de faibles linéaires sur quelques rares affluents sur le secteur considéré. La rivière Tarn présente également un très fort enjeu pour les odonates. 3 espèces, le Gomphe de Graslin (Gomphus graslini), la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisi) et la Cordulie splendide (Macromia splendens), toutes trois protégées en France et d’intérêt communautaire, sont présentes sur le Tarn (Milcent & Dommanget, 1997). Ces espèces affectionnent les grands cours d’eau « chauds » du Sud de la France. La Cordulie splendide fait l’objet d’un suivi sur le Tarn depuis 1979. Milcent & Dommanget (1997) citent également la présence du rare Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), dont la larve habite exclusivement les zones de sources et de résurgences. Ces mêmes auteurs citent le fort déclin du Gomphe à crochets (Onychogomhus uncatus) constaté sur le Tarn au cours de ces dernières décennies. Les criquets et les sauterelles sont bien représentés avec notamment la Magicienne dentelée (Saga pedo), la plus grande sauterelle d’Europe, qui se trouve ici dans une des rares stations aveyronnaises. Elle est accompagnée de l’Arcyptère bariolée (Arcyptera fusca), de la Decticelle des friches (Pholidoptera femorata), de la Decticelle échassière (Sepiana sepium), de l’Œdipode soufrée (Oedaleus decorus) ou encore de l’Œdipode rouge (Oedipoda germanica germanica).
La ZNIEFF est composée de la rivière Tarn qui s’écoule sur près de 200 km sur toute la partie sud du département de l’Aveyron et sur l’est du département du Tarn. Elle recouvre 31 communes aveyronnaises, 3 communes lozériennes et 26 communes tarnaises. La limite amont du site se situe 4 km avant le village du Rozier dans les gorges du Tarn. Le zonage suit ensuite la rivière Tarn en prenant en compte les milieux environnants sur environ 1,5 km de largeur. À partir des villages de Saint-Rome-de-Tarn et Viala-du-Tarn, le zonage s’élargit et prend en compte l’ensemble des versants boisés jusqu’au barrage de l’usine de la Croux en limite avec le département du Tarn et le réseau des vallées annexes des affluents dans la partie tarnaise.