ZNIEFF 730010330
Zone centrale du Causse de Gramat

(n° régional : Z1PZ0249)

Commentaires généraux

La zone se situe au centre du Causse de Gramat, sur les calcaires durs et karstifiés du Jurassique moyen. Au nord, la zone est essentiellement couverte par des pelouses sèches et des landes à Genévrier commun (Juniperus communis). La partie sud de la zone est globalement beaucoup plus boisée, et elle comprend le Massif de la Braunhie qui est dominé par la Chênaie pubescente. Si la partie nord se compose de zones agricoles ou anciennement agricoles, il en va différemment dans la Braunhie où de très nombreux secteurs boisés occupent des lapiaz ayant empêché toute mécanisation du sol hormis dans quelques dolines de taille souvent réduite. La surface s'étend sur 7 141 ha pour une altitude moyenne de 367 m. Au total, on recense 12 habitats naturels patrimoniaux. Ils relèvent de quatre grandes catégories : habitats agropastoraux, habitats aquatiques et humides, habitats rocheux et habitats forestiers.


Les 4 habitats agropastoraux sont les habitats les plus répandus sur le site où ils sont le plus souvent distribués en mosaïque au sein des parcours extensifs. Ils sont, dans leur ensemble, d'une grande richesse floristique et faunistique et d'une forte valeur patrimoniale. Les types de pelouse sèche se rapportant au Mesobromion erecti sont les suivants : l'association à Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus) et Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus) - Carduncello mitissimi- Ranunculetum graminei - qui semble propre aux Causses du Quercy et qui montre plusieurs variantes (variante basophile mésoxérophile typique, variante basophile à tendance xérophile, enrichie en espèces du Xerobromion, variante mésophile à tendance acidicline, avec des espèces des sols acides ou décalcifiés, comme l'Agrostis commun (Agrostis capillaris) ou la Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum)); le Mesobrometum erecti, pelouse occupant des anciennes cultures, à sol assez profond, avec présence d'assez nombreuses espèces prairiales ainsi que  de plusieurs plantes issue sans doute d'un passé cultural : Ail des vignes (Allium vineale), Gesse aphylle (Lathyrus aphaca), etc.; une pelouse mésophile à Brome érigé (Bromus erectus) dominant, également sur sol assez profond avec un contingent significatif d'espèces prairiales, mais dont la composition ne semble pas témoigner d'un ancien stade cultural ; une brachypodiaie dominée par le Brachypode des rochers (Brachypodium rupestre), liée à des sols plus ou moins décalcifiés en surface et qui partage une part notable de son cortège floristique avec les lisières herbacées de la chênaie pubescente locale. Les pelouses sèches se rattachant à l'alliance du Xerobromion erecti sont : l'association à Crapaudine de Guillon (Sideritis peyrei subsp. guillonii) et Koelérie du Valais (Koeleria vallesiana) - Sideritido guillonii-Koelerietum vallesianae - , association propre au nord du bassin aquitain qui possède plusieurs sous-associations, dont la plus riche en espèces méditerranéo-montagnardes (sous-association Leontodontetosum crispi) est propre au Périgord méridional et au Quercy ; une pelouse xérophile à Chiendent à balai (Bothriochloa ischaemum) dominant qui possède un cortège floristique plus pauvre que l'association précédente.


Les sous-types de l'habitat possédant la plus forte valeur botanique sont la pelouse du Sideritido guillonii-Koelerietum vallesianae, qui accueille de nombreuses espèces méridionales nettement localisées à rares au niveau national ou régional – Crapaudine de Guillon (Sideritis peyrei subsp. guillonii), Lin d'Autriche (Linum austriacum subsp. collinum), Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii), Hysope officinale (Hyssopus officinalis), Armoise blanche (Artemisia alba), Bugrane striée (Ononis striata), Ornithogale de Gussone (Ornithogalum gussonei) –, et la pelouse du Carduncello mitissimi-Ranunculetum graminei où on trouve plus d’une vingtaine d'espèces d'orchidées, dont l'Ophrys sillonné (Ophrys sulcata), l'Orchis parfumé (Orchis coriophora subsp. fragrans), protégé par la loi, et l'Orchis de Provence (Orchis provincialis), espèce méditerranéenne en limite d'aire. L'Échinaire à têtes (Echinaria capitata), une rare graminée des lieux secs et arides, s’observe également sur les pelouses sèches de la zone.


Deux types distincts de pelouses sèches à annuelles du Thero-Brachypodion sont connues sur la zone. Le premier est l'association à Lin d'Autriche (Linum austriacum subsp. collinum) et Sabline des chaumes (Arenaria controversa) – Lino collinae-Arenarietum controversae –, qui se développe dans des tonsures neutro-basiques à caractère oligotrophe à oligomésotrophe, distribuées en mosaïque avec les pelouses relevant du Xerobromion ou de l'aile sèche du Mesobromion. Elle se caractérise surtout par plusieurs annuelles nettement méridionales comme le Brachypode à deux rangs (Brachypodium distachyon), le Buplèvre du mont Baldo (Bupleurum baldense), la Crucianelle à feuilles étroites (Crucianella angustifolia), et surtout, la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), endémique du sud et du centre-ouest de la France protégée au niveau national qui confère à cette végétation une valeur patrimoniale certaine. Plusieurs plantes vivaces remarquables des pelouses rases croissent également dans ces tonsures : Lin d'Autriche (Linum austriacum subsp. collinum), Ornithogale de Gussone (Ornithogalum gussonei), Renoncule à feuilles de cerfeuil (Ranunculus paludosus). Sur des stations au sol plus ou moins décalcifié en surface, la Sabline des chaumes se retrouve dans des tonsures, occupées par quelques annuelles acidiclines comme la Canche caryophyllée (Aira caryophyllea) et la Vulpie faux-brome (Vulpia bromoides) et, a contrario, l'absence ou la rareté de divers thérophytes basophiles comme le Pâturin rigide (Catapodium rigidum), ou le Gnaphale dressé (Bombycilaena erecta). Elles correspondent à une forme de transition entre le Thero-Brachypodion et les pelouses xérophiles à annuelles des sols acides relevant de l'alliance du Thero-Airion. La seconde association est la pelouse à Vulpie ciliée (Vulpia ciliata) et Crépis fétide (Crepis foetida) – le Vulpio ciliatae-Crepidetum foetidae –, à tonalité nitrophile et se trouvant sur des zones pâturées. Elle se distingue essentiellement de l'association précédente par l'absence ou la rareté de la Sabline des chaumes (Arenaria controversa) et du Lin des collines (Linum austriacum subsp. collinum) ; la présence de plusieurs annuelles à large répartition présentant une assez grande amplitude vis-à-vis de la richesse du sol ou possédant un caractère nitrophile assez net (commensales des cultures), et enfin l'abondance de diverses annuelles méridionales comme le Brome raboteux (Bromus squarrosus), l'Égilope ovale (Aegilops ovata) ou l'Orobanche naine (Orobanche ramosa subsp. nana) une orobanche méditerranéenne rare dans le Lot. Elle correspond à une forme de transition vers les pelouses des Brometalia rubenti-tectori.


Composante principale des parcours extensifs ouverts du causse, les pelouses sèches abritent plusieurs espèces d'oiseaux de milieux ouverts nettement localisés ou en déclin et figurant à l'annexe I de la directive "Oiseaux" : Oedicnème criard, Pipit rousseline, Bruant ortolan. D'autres espèces plus courantes sont également connues : Alouette lulu, Huppe fasciée, Petit-duc scops, Chevêche d'Athéna, Moineau soulcie, Tourterelle des bois ou encore Torcol fourmilier. Concernant l’herpétofaune, signalons le Lézard ocellé, espèce subméditerranéenne dont le Quercy constitue le plus gros foyer extra-méditerranéen, de la Vipère aspic et de la Coronelle girondine. Ces pelouses sèches abritent également une riche entomofaune à affinité méridionale ou orophile, qui comprend de nombreuses espèces remarquables. Chez les coléoptères, citons l’Ophone cordiforme (Ophonus cordatus), l’Earote de Rey (Earota reyi), espèce méridionale présente dans les cloups et avens de la Braunhie ainsi que dans les vallées du Vers et du Célé, le Ténébrion abrégé (Phylan abbreviatus), le Cyrtone de Dufour (Cyrtonus dufouri), inapte au vol et vivant sur diverses composées, la Lébie pubescente (Lamprias pubipennis), la Chrysomèle de l'Aveyron (Chrysolina aveyronenesis), la Chrysomèle de Jolivet (Chrysolina joliveti) ou encore la Casside humérale (Cassida humeralis). Une forte diversité est également connue en lépidoptères avec notamment un cortège de pelouses sèches remarquable : Damier de la succise (Euphydryas aurinia), Azuré du serpolet (Phengaris arion), tous deux en protection au niveau national, ainsi que plusieurs espèces menacées de disparition en Occitanie telles que l’Azuré du mélilot (Polyommatus dorylas), l’Hermite (Chazara briseis), le Nacré de la Filipendule (Brenthis hecate), la Grande Coronide (Satyrus ferula) ou encore les Hespéries des cirses (Pyrgus cirsii) et de la malope (Pyrgus onopordi), connues de seulement quelques stations dans le département du Lot. Idem chez les orthoptères avec plusieurs espèces patrimoniales : Sténobothre bourdonneur (Stenobothrus nigromaculatus), Criquet bariolé (Arcyptera fusca), deux espèces dont les populations quercynoises sont fortement menacées de disparition, Criquet des rocailles (Omocestus petraeus), également menacé de disparition en Occitanie, Criquet des garrigues (Omocestus raymondi), Oedipode rouge (Oedipoda germanica) et la très rare Oedipode soufrée (Oedaleus decorus) qui n'est connue du Lot que de quelques localités. L'Hermite et le Criquet bourdonneur affectionnent les pelouses sèches et ne craignent pas une assez forte pression de pacage, alors que le Criquet bariolé, moins xérophile et plus sensible à la pression pastorale, se trouve surtout dans les pelouses mésoxérophiles. Le Nacré de la filipendule est, quant à lui, surtout lié aux brachypodiaies, en raison à la fois de leur richesse en Filipendule commune (Filipendula vulgaris), rosacée sur laquelle s'effectuent la ponte et le développement larvaire de ce papillon, et d'une pression de pacage naturellement plus faible que sur les autres types de pelouse.


Les pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles relevant de l'alliance de l'Alysso-Sedion albi se déclinent sur la zone en  diverses formations : des pelouses sur dalles xériques compactes, non ou très peu désagrégées en surface ; des pelouses sur dalles xériques recouvertes d'un cailloutis de désagrégation superficielle plus ou moins mêlé d'argile de décarbonatation ; des pelouses sur dalles à cailloutis superficiel et fort contraste hydrique, situées dans des dépressions collectrices d'eaux de ruissellement ou dans la partie supérieure des zones de battement des mares à niveau variable, et sont soumises de ce fait à l'alternance de phases d'engorgement et de sécheresse intense. La première formation est exempte de thérophytes, et se limite quasiment à des peuplements clairsemés d'Orpin blanc (Sedum album) ou jaunâtre (Sedum anopetalum). Elle constitue une forme banale de l'habitat. La seconde possède un cortège plus diversifié où cohabitent vivaces et annuelles. Le cortège vivace compte, outre les orpins, des plantes électives des lithosols ou des pelouses écorchées ainsi que diverses espèces transgressives des pelouses vivaces encadrantes. Par la présence, entre autres, de la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), du Brachypode à deux rangs (Brachypodium distachyon) et du Buplèvre du mont Baldo (Bupleurum baldense), le cortège d'annuelles associé est proche de celui du Lino collinae-Arenarietum. Parmi les vivaces, l'absence du Lin d'Autriche (Linum austriacum subsp. collinum) est un des signes distinctifs par rapport à la végétation de tonsure. La troisième formation constitue le sous-type de plus haute valeur patrimoniale et le plus original de l'habitat. Correspondant à des conditions écologiques très particulières, elles sont très peu nombreuses, avec moins d'une vingtaine de stations connues (Heaulmé, 1994-1996 et 1999). Leur cortège vivace est essentiellement constitué par une graminée remarquable, le Pâturin de Baden (Poa badensis), orophyte centro-européen et nord-balkanique se trouvant en aire disjointe dans le Lot, où il n'est connu que d'une partie de la zone centrale du causse de Gramat. Le reste du cortège vivace comprend plusieurs plantes fréquentes dans les pelouses pionnières locales comme la Renoncule à feuilles de cerfeuil (Ranunculus paludosus) ainsi qu'une espèce largement répandue en France mais peu commune sur le Causse de Gramat, l'Herniaire glabre (Herniaria glabra). Le cortège d'annuelles se caractérise par la constance de la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), la dominance de l'Érythrée élégante (Centaurium pulchellum), et surtout la présence de la Bardanette en grappe (Tragus racemosus), assez rare dans le Lot. Dans les stations où la phase d'engorgement hydrique est la plus longue, comme au bord des mares temporaires, il peut s'enrichir de thérophytes hygrophiles comme le Cresson rude (Sisymbrella aspera) ou le Jonc des crapauds (Juncus bufonius), issus des gazons à annuelles amphibies contigus. Ces formations souffrent largement des épisodes caniculaires, notamment celui de 2003.


Les landes à Genévrier commun (Juniperus communis) qui colonisent les pelouses sèches permettent, lorsque leur structure est encore semi-ouverte, une diversification de la faune : des oiseaux remarquables comme la Fauvette orphée ou la Fauvette passerinette apprécient ce milieu. Le Bruant ortolan et la Pie-grièche écorcheur, en déclin en France et en Europe, ainsi que le Pipit rousseline y trouvent postes de chant, sites de nidification ou encore secteurs de chasse. Enfin, la Pie-grièche à tête rousse s’observe ponctuellement sur le site.


Sur cette zone, les prairies de fauche atlantiques du Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis n’occupent que de très petit secteur sur de petites surfaces. Elles sont présentes par deux formes de prairies de fauche calcicoles : l'une mésophile et l'autre humide, inondée régulièrement par une source, qui se distingue essentiellement par l'abondance de plusieurs plantes plus ou moins hygrophiles comme la Fétuque des prés (Festuca pratensis), le Brome en grappe (Bromus racemosus) ou l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum) – ainsi que par la présence ponctuelle d'une orchidée protégée rare, l'Orchis parfumé (Anacamptis coriophora subsp. fragrans), également présente sur les pelouses sèches avoisinantes. Ces deux formes de prairies voisinent aussi directement avec une prairie mésotrophe neutro-basique longuement inondable relevant de la classe des Agrostietea stoloniferae et de l'ordre des Eleocharietalia palustris.


Les habitats aquatiques et humides dépendent des points d'eau temporaires et permanents du causse, essentiellement des lacs de Saint-Namphaise. Ce sont des habitats particuliers comprenant des espèces végétales localisées à rares et qui présentent un intérêt essentiel pour la faune : biotope d'invertébrés aquatiques comme les larves d'Agrion nain (Ischnura pumilio) par exemple ; milieux de reproduction des amphibiens – Crapaud accoucheur, Crapaud calamite, Rainette méridionale, Grenouille agile, Salamandre commune, Triton marbré, etc. – ; points d'abreuvement pour les mammifères et oiseaux du site.


Des peuplements de characées se rencontrent fréquemment dans les points d'eau ensoleillés de la zone, parfois en association avec des herbiers aquatiques de phanérogames. Trois sous-types d'herbiers du Parvopotamion occupent la zone parmi les herbiers immergés. Le plus fréquent est un groupement à Potamot dense (Groenlandia densa), Zannichellie des marais (Zannichellia palustris) et Renoncule à feuilles capillaires (Ranunculus trichophyllus). Au cours de l'évolution dynamique spontanée des végétations aquatiques locales, il semble habituellement succéder ou se superposer aux peuplements pionniers de characées, avec lesquels il est fréquemment associé. L'implantation du Potamot nageant (Potamogeton natans) au sein du groupement semble correspondre à un stade de sénescence de ce dernier, en relation avec l'augmentation de l'envasement. Les deux autres sous-types d'herbiers de phanérogames immergés observés sont localisés. Il s'agit de groupements de Myriophylle en épi (Myriophyllum spicatum) et de Potamot crépu (Potamogeton crispus). Comme les peuplements de charophytes, ces herbiers phanérogamiques possèdent une capacité d'hébergement faunistique importante.


Sont aussi présents sur la zone des peuplements ponctuels de petites espèces annuelles hygrophiles (Nanocyperetalia) comprenant très régulièrement le Cresson rude (Sisymbrella aspera), assez fréquemment la Renoncule des mares (Ranunculus sardous) et le Jonc des crapauds (Juncus bufonius), beaucoup plus rarement la Véronique faux mouron (Veronica anagallis- aquatica subsp. anagalloides), le Souchet brun (Cyperus fuscus) ou le Souchet jaunâtre (Pycreus flavescens).


La flore qui colonise les milieux rocheux n'est présente que de façon ponctuelle sur la zone : elle se limite aux parois de quelques igues de la Braunhie et à quelques affleurements (lapiaz à fort relief). On recense deux formes banales mais distinctes de végétations saxicoles, toutes deux dominées par des fougères : l'une, apte à supporter un ensoleillement direct et une atmosphère sèche, qui appartient à l'alliance du Potentillion caulescentis ; l'autre, élective des stations ombragées à forte hygrométrie, qui relève de l'alliance du Violo biflorae-Cystoperidion alpinae. Ce dernier habitat se retrouve souvent au sein des tillaies-érablaies et des frênaies-érablaies où il colonise les blocs rocheux ombragés.


Il faut aussi noter la présence, dans les cloups (dolines) de la Braunhie, d'habitats forestiers originaux, et qui contrastent avec la chênaie pubescente dominante sur le causse. Ces habitats ponctuels, relevant du Tilio-Acerion sont riches en plantes peu communes à rares dans le Lot. Constitué par des tillaies-érablaies et des frênaies-érablaies calcicoles, l'habitat est localisé sur le site, présent dans un petit nombre de cloups boisés du massif de la Braunhie. Il y occupe, sur de petites surfaces, les zones de pente fortement rocheuses, formées de lapiaz plus ou moins massifs en gradins, ainsi que, parfois, le fond même de la dépression lorsque celui-ci est essentiellement composé de blocs calcaires. Les espèces ligneuses les plus présentes sont le Tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos), abondant ou dominant dans la strate arborescente, l'Érable de Montpellier (Acer monspessulanum), le Frêne élevé (Fraxinus excelsior), le Cornouiller mâle (Cornus mas), le Noisetier (Corylus avellana), le Chêne pubescent (Quercus pubescens), l'Érable champêtre (Acer campestre) et le Groseillier des Alpes (Ribes alpinum). La strate herbacée se caractérise par une composante rupicole, liée aux blocs rocheux et relevant du Violo biflorae-Cystoperidion alpinae et une composante terricole occupant essentiellement les petits replats terro-caillouteux. Outre le Brome de Beneken, espèce médio-européenne se trouvant en limite méridionale de répartition dans le Lot, cette strate accueille ponctuellement diverses autres plantes remarquables comme le Lis martagon (Lilium martagon), la Parisette à quatre feuilles (Paris quadrifolia), le Muguet de mai (Convallaria majalis) et surtout la Laîche appauvrie (Carex depauperata), rare laîche forestière protégée en Midi-Pyrénées. Ces bois constituent un type de forêt de ravin à tendance thermophile qui semble se rapporter à l'alliance du Tilio platyphylli-Acerion pseudoplatani.


3 espèces d'oiseaux patrimoniales occupent les chênaies pubescentes du secteur. Le Pic mar affectionne les secteurs à très vieux chênes pubescents (Quercus pubescens) de la Braunhie tandis que le Pigeon colombin, occupant habituellement les secteurs rocheux pour sa nidification, possède une petite population qui choisit ici les cavités de gros arbres pour établir son nid. Le Circaète Jean-le-Blanc niche dans un secteur calme de la Braunhie : ce grand rapace migrateur a besoin pour sa reproduction de secteurs boisés pour établir son aire et de grandes zones ouvertes pour chasser ses proies. Au sein de ces boisements, signalons aussi la présence ponctuelle d'espèces de plantes rares dans le Lot, comme l'Euphorbe anguleuse (Euphorbia angulata). De belles densités de vieux chênes pubescents pluriséculaires sont connues dans certains secteurs ; ils abritent plusieurs espèces patrimoniales de coléoptères : Nécydale de l'orme (Necydalis ulmi), Purpuricène à cou globuleux (Purpuricenus globulicollis), Grande Cétoine dorée (Protaetia aeruginosa), Cétoine de Fieber (Protaetia fieberi) et Taupin ferrugineux (Elater ferrugineus). Mais nous citerons aussi d'autres espèces remarquables comme Ropalopus clavipes, la Cétoine mate (Potosia opaca), l'Oedemère de l'Atlantique (Nacerdes carniolica subsp. atlantica) ou le staphylin Velleius dilatatus qui a la particularité surprenante de vivre dans les nids de frelons (Vespa crabro).


Les grottes et cavernes karstiques accueillent d'importantes populations de chauves-souris. La diversité chiroptérologique est relativement grande : près de 40 % des espèces françaises (soit 13 espèces dont 7 d'intérêt communautaire) y est recensé. 2 espèces de collemboles endémiques à très forte valeur patrimoniale sont aussi présentes sur cette zone : la Pseudosinelle de Balazuc (Pseudosinella balazuci) et la Pseudosinelle à douze yeux (Pseudosinella dodecophthalma) (Deharveng et Bariviera). Une autre espèce de collembole souterrain est également présente dans les cavités du site : il s'agit du Micronychiure minute (Micronychiurus minutus) (ou une espèce très proche non encore décrite ?). Cette espèce (ou plutôt ce complexe d'espèces) occupe le nord-ouest de l'Espagne et le sud de la France à l'ouest du Rhône.


Dans les cultures du site, plusieurs espèces messicoles sont connues : Adonis annuelle (Adonis annua) et Nielle des blés (Agrostemma githago). L'Adonis annuelle colonise même parfois certaines pelouses sèches. L'Échinops à tête ronde (Echinops sphaerocephalus) occupe quant à lui quelques rares stations en bordure de champ cultivé ou de pelouse sèche au sol perturbé.

Commentaires sur la délimitation

La zone comprend deux secteurs bien distincts : une zone au nord, le causse de Lunegarde et du Bastit, couverte de nombreuses pelouses sèches, et une zone au sud, la Braunhie, à tendance nettement plus forestière. Les secteurs qui bordent cette zone sont globalement soit plus boisés (pour la partie nord), soit plus cultivés (pour l’ensemble de la zone) que la zone elle-même. Cependant, de nombreuses pelouses sèches jouxtent encore les limites de cette zone, et son extension pour les inclure aurait pu être envisagée.