ZNIEFF 730011216
Bois thermophiles de Cabrieyrols et de Brandiols

(n° régional : Z1PZ0893)

Commentaires généraux

La ZNIEFF, d’une superficie de 260 ha, est essentiellement située sur la commune de Verrières, à une altitude moyenne de 640 m. En bordure méridionale du Lévézou, ce site se trouve au nord-ouest de Millau, sur le causse Rouge, petit plateau formé par des calcaires du lias inférieur et du trias (ère secondaire). La roche mère affleure par endroits, avec des noyaux de schistes et de grès rouges. Les affinités méditerranéennes côtoient ici les influences montagnardes pour donner des cortèges originaux. Dans un contexte collinéen (combes, collines), cette ZNIEFF est largement dominée par les boisements clairs thermophiles de Chêne pubescent (Quercus pubescens), quelques secteurs de coteaux ouverts offrant des pelouses sèches (Mesobromion et Xerobromion), en voie de fermeture. Les combes (ruisseau des Pincelles et ruisseau de Lumensonesque) présentent quelques sources et résurgences. La présence de milieux souterrains (mine) est également à noter. Quelques sentiers en fonds de vallons permettent l’accès aux deux combes et aux coteaux attenants (notamment bois de Cabrieyrols et de Brandiols).

Essentiellement constituée par la chênaie pubescente calcicole subméditerranéenne, cette ZNIEFF recèle malgré tout une diversité importante en espèces déterminantes de flore, les enjeux étant principalement cantonnés aux pelouses sèches (pelouses calcaires subatlantiques semi-arides et très sèches) et pour partie sous les boisements clairs. On y rencontre ainsi des espèces déterminantes remarquables et caractéristiques de ces habitats, comme l’Armoise blanche (Artemisia alba), la Leuzée conifère (Leuzea conifera), le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), la Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus), l’Échinops (Echinops ritro) ou la Germandrée tomenteuse (Teucrium polium), qui confirment des affinités méditerranéennes marquées. D’autres taxons sont à mentionner aussi pour leur faible aire de répartition, comme l’Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii), localisée aux alentours des causses des Cévennes, le Gaillet à feuilles d’asperge (Galium corrudifolium), cantonné à une moitié sud-est de la France, l’Ophrys d’Aymonin (Ophrys aymoninii), une orchidée caussenarde connue de seulement quatre départements limitrophes, tout comme la Germandrée de Rouy (Teucrium rouyanum). Dans les zones sèches où dominent les communautés de plantes annuelles, on trouvera la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), espèce protégée au niveau national, et l’Euphraise des Cévennes (Odontites jaubertianus subsp. cebennensis), espèce endémique caussenarde connue du seul département de l’Aveyron. On notera un minimum de 3 espèces considérées comme messicoles. Il s’agit de la Gesse de Nissole (Lathyrus nissolia), espèce à large répartition et assez commune en Midi-Pyrénées, de l’Ibéris penné (Iberis pinnata), localisé au quart sud-est de la France, ou de l’Adonis couleur de feu (Adonis flammea). On notera un cortège d’autres orchidées d’affinités variées, comme l’Épipactis pourpre noirâtre (Epipactis atrorubens), qui affectionne les zones caillouteuses, l’Épipactis à petites feuilles (Epipactis microphylla), en sous-bois de chênaie claire, l’Orchis punaise (Orchis coriophora subsp. fragrans), qui pousse sur des zones sèches et qui bénéficie d’une protection nationale, ou encore la Goodyère rampante (Goodyera repens), qui préfère les bois frais, absente de la partie ouest de la France. L’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia), en plus d’être localisée aux pelouses sèches et en limite d’aire de répartition, est aussi la plante hôte de la Diane, un papillon connu de rares stations dans le département,donc à rechercher localement. Les pelouses à Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis) sont localisées sur un versant à forte influence méditerranéenne. La présence de cet habitat est remarquable à cette altitude. On y trouvera aussi la Catananche bleue (Catanancha caerulea). Localisée au sud-est de la zone, la forêt indigène à Pin sylvestre côtoie les plantations de conifères. Ne constituant pas un enjeu majeur pour le site, elle abrite tout de même une espèce déterminante, la Pirole verdâtre (Pyrola chlorantha), qui démontre encore le caractère montagnard du site. Cette influence est confirmée par la présence de petites surfaces de landes à Raisin d’ours (Arctostaphylos uva-ursi), mélangées à diverses formations, observées au sein de cette ZNIEFF. Enfin, les zones plus fraîches voire humides accueillent la Renouée bistorte (Polygonum bistorta), espèce d’affinités montagnardes. La présence d’eau stagnante (mare) permet de rencontrer un habitat déterminant : le groupement de potamots, formation de plantes subaquatiques qui colonisent les eaux peu profondes et abritées.

Les enjeux faunistiques sont variés, de par la présence au sein de cette ZNIEFF de pelouses xériques, bois clairs, mare (hameau) et milieux souterrains. Les sites hypogés abritent une espèce de chauve-souris du complexe Petit/Grand Murin, menacée à l’échelle européenne, qui trouve ici des gîtes pour la période d’hibernation. Concernant les chiroptères, une autre espèce déterminante et menacée, la Barbastelle, a également été observée dans les zones forestières sèches. Au niveau de la mare a été contacté le Triton palmé, espèce déterminante mais relativement commune dans ces milieux stagnants. Sans avoir attesté le caractère reproducteur sur la pièce d’eau stagnante, le Sympétrum jaune d’or (Sympetrum flaveolum) est également connu de ce site. Cette espèce présente une affinité montagnarde dans notre région. Au niveau des reptiles, la ZNIEFF accueille le Lézard ocellé, déterminant et localisé dans la région Midi-Pyrénées aux pelouses sèches rocailleuses. Parmi les insectes, une espèce protégée de lépidoptère a été observée : il s’agit de l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), une espèce myrmécophile qui passe une partie de son stade larvaire au sein des fourmilières de Myrmica rubra, les premiers stades se déroulant sur l’Origan (Origanum vulgare) dans cette région. Cette espèce xérothermophile, bien que protégée, est relativement commune dans les zones d’ourlets et de pelouses sèches de la région. Tout un cortège d’espèces de papillons déterminantes est présent sur ces pelouses, et constitue l’un des principaux intérêts de ce site. Ainsi, on retrouve des espèces en limite nord d’aire de répartition, comme le Fadet des garrigues (Coenonympha dorus), l’Ocellé rubanné (Pyronia bathseba), ou encore Euchloe tagis, une piéride printanière très rare en Midi-Pyrénées, présente seulement dans une partie des gorges de l’Aveyron (Tarn-et-Garonne), sur le plateau du Guilhaumard et dans cette station. Deux espèces d’orthoptères viennent s’ajouter à la liste des insectes déterminants : il s’agit de l’Œdipode caussenarde (Celes variabilis), une espèce typiquement caussenarde à aire européenne de répartition disjointe. La présence de l’Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) dans le ruisseau des Pincelles atteste de la bonne qualité et de la clarté de ses eaux, mais aussi de la relative fraîcheur de la combe dans un contexte global subméditerranéen. C’est dans un dépôt de crue de ce même ruisseau qu’a été observée Euomphalia strigella ruscinica, une espèce de mollusque dont cette sous-espèce est localisée dans le Sud de la France. Un cortège de nombreuses espèces d’oiseaux complète ce décor remarquable, avec plusieurs espèces nicheuses dont beaucoup de rapaces.

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF est délimitée à la fois par la topographie du site (combes du ruisseau des Pincelles et du ruisseau de Lumensonesque, coteaux attenants), mais aussi par les habitats qui la composent (zones humides dans la combe, boisements clairs thermophiles et pelouses sur les coteaux) et les enjeux associés (présence d’espèces déterminantes de flore et de faune).