Cette vaste zone du Vercors méridional comprend un ensemble de sites montagnards de grande valeur, situés de part et d'autre de la ligne de crête qui partage les eaux du bassin de l'Isère de celles du bassin de la Drôme. Cette ligne, qui passe au Col de la Bataille et, plus à l'est, au Col de Rousset, est une limite reconnue entre les Alpes du Nord et les Alpes du Sud. Au nord de cette ligne, la végétation est composée principalement de forêts fraîches de Hêtre et de Sapin pectiné, dont la Forêt domaniale de Lente représente le plus bel exemple, et de pâturages montagnards (Serre de Montué, Plateau d'Ambel ou Plateau de Font d'Urle). Au sud, les pentes inférieures sont constituées de bois de Chêne pubescent et Pin sylvestre. Une végétation très thermophile (c'est à dire composée d'espèces recherchant la chaleur : Thym vulgaire, Lavande vraie…) remonte assez haut sous les imposantes falaises, du Cirque de Quint au Col de la Bataille. Plusieurs points de passage, "pas" ou col, utilisés depuis toujours par les hommes comme par les ongulés sauvages, permettent de passer des forêts du nord (Forêt de Lente en particulier) aux pentes du sud du pays de Quint ou d'Omblèze. Le Pas de l'Infernet, par exemple, à 1640 m d'altitude, est un point de passage obligé entre le Cirque de Quint et les pâturages de Font d'Urle. Sous les falaises, les fortes pentes sont couvertes en certains points d'éboulis plus ou moins stables. Ces grands pierriers calcaires peuvent abriter un ensemble d'espèces végétales remarquables, bien adaptées aux rocailles, aux fortes variations de températures (entre le jour et la nuit, ou au fil des saisons) et à la mouvance des blocs rocheux : le Panicaut blanche-épine, de couleur argenté, la Campanule des Alpes, aux grosses clochettes bleues, la Renoncule de Seguier, souvent confondue par les randonneurs avec la Renoncule des Alpes, ou l'Alysson des montagnes, aux superbes fleurs jaunes d'or. Le petit Genêt ailé du Dauphiné, présent ici dans les rocailles de tout le rebord du plateau, est une espèce endémique franco-ibérique, connue principalement à l'étage montagnard dans la Drôme, et très localement dans les Pyrénées-Orientales. Les falaises dessinent dans le Cirque de Quint un impressionnant ruban vertical. Des espèces rares comme l'Aigle royal, le Faucon pèlerin ou le Tichodrome échelette utilisent des vires peu accessibles pour nicher. Le Bouquetin des Alpes semble également apprécier ces hautes falaises. Peu après les deux lâchers dans le Vercors (Archiane et le Royans), un individu a atteint ces falaises lointaines, et y a séjourné, indice probable d'une colonisation prochaine. Les pelouses du Serre de Montué, du Roc de Toulau et le Plateau très particulier des Gagères, système karstique creusé de gouffres, favorisent des espèces montagnardes de milieux ouverts. Le Traquet motteux, le Rougequeue noir et plus rarement, le Merle de roche, affectionnent les pelouses rocheuses. L'Alouette des champs, le Pipit spioncelle, mais aussi le Lièvre variable, se rencontrent dans les milieux herbeux ouverts. La Forêt domaniale de Lente forme un remarquable ensemble constitué pour l'essentiel de Hêtre et de Sapin pectiné. Ces milieux sylvestres riches, au sous-bois varié, favorisent un ensemble d'espèces typiquement forestières (Gélinotte des bois, Grimpereau des bois, Pic noir, Chouette de Tengmalm…). Ici cohabitent cinq espèces d’ongulés (chevreuil, chamois, cerf, sanglier, mouflon). Les pelouses situées en milieux forestiers (Lente, Bournette, Derbounouse, Malatra…) jouent un rôle important dans l'alimentation des ongulés de la forêt. Elles permettent également une diversification des espèces, tout comme les lisières forestières et les zones de pré-bois qui colonisent les pâturages. Au nord, la Forêt de Lente se prolonge par le petit Cirque du Val Sainte-Marie, dans la vallée de Bouvante. Cet ensemble très particulier rappelle, en plus petit, le Cirque de Combe Laval. Ses pentes les plus accentuées et instables, où le hêtre s'installe difficilement, sont colonisées par des boisements remarquables de ravins à tilleuls et d'érables, dont la protection est considérée comme un enjeu européen en matière de conservation des habitats naturels. Ce Cirque du Val Sainte-Marie a été récemment classé par les forestiers en réserve biologique intégrale, et son accès est complètement interdit. Les forestiers suivent ici l'évolution d'une forêt en l'absence de toute exploitation. Le Plateau d'Ambel, propriété du Conseil Général de la Drôme, fait l'objet d'une gestion particulière conciliant la grande richesse du site avec l'ouverture au public. Un sentier balisé très agréable permet de faire le tour du plateau du refuge de Gardiole à la Tête de la Dame. Ce vaste plateau sauvage est l'un des sites naturels les plus attractifs pour les naturalistes dans le département de la Drôme en raison des rassemblement de Cerfs élaphe qui y sont observés depuis leur réintroduction dans la Drôme en 1956. La zone la plus appréciée par les cerfs au moment du brame est située dans la partie nord du plateau.