Au cœur de la tache d'urbanisation qui progresse inexorablement dans la cluse de Chambéry, le secteur situé à l'ouest de Challes-les-Eaux et Saint-Jeoire-Prieuré fait figure d'îlot encore miraculeusement préservé. L'occupation du bassin versant (activité d'élevage dominante) reste actuellement très favorable au sud et à l'ouest, à l'exception d'une importante zone de remblai. Les activités agricoles y ont conservé un paysage diversifié de cultures, prairies, bosquets et lignes d'arbres : il accueille ainsi une des principales populations de Chouette chevêche (ou Chevêche d’Athéna) du département. Cette dernière trouve refuge dans les arbres creux d’alignement des haies. Elle se nourrit de gros insectes, de lombrics et de micro-mammifères qu’elle capture au sol. La Rousserolle verderolle, petite fauvette verdâtre au chant remarquable et très imitatif affectionne les groupements herbacés humides pour y nicher discrètement. La flore reste très riche ; la Gratiole officinale, aux fleurs proches de celles des gueules-de-Loup, est cependant en régression manifeste. De même, plusieurs espèces de grand intérêt n'ont plus été revues récemment : Gesse des marais, Renoncule scélérate. De belles orchidées comme l’Orchis odorant, l’Orchis à fleurs lâches ou l’Orchis des marais égayent de leur floraison rose vif le marais en été. On remarque aussi la présence de l'Ophioglosse (ou "Langue de serpent"). Véritable fossile vivant, cette petite fougère est plus fréquente dans les prairies humides. Il est aussi possible de la rencontrer dans des milieux plus secs (pelouses de coteaux calcaires par exemple) dans des régions à forte pluviosité. Son unique feuille est composée d’un limbe ovale et d’un épi de sporanges lui donnant l'aspect d'une langue de serpent. Les prairies humides de Boige sont le dernier site connu de la cluse de Chambéry pour la présence de deux papillons remarquables : l'Azuré de la sanguisorbe et l'Azuré des paluds. Deux libellules rares fréquentent aussi régulièrement le site : l’Aeschne printanière et la Cordulie à tâches jaunes. Les prairies restent majoritairement entretenues par fauche tardive annuelle ou biennale. Les secteurs en friche devraient faire l'objet de travaux de restauration dans le cadre du contrat de bassin versant du lac du Bourget. Notamment, le réseau d'anciens fossés de drainage serait ainsi progressivement neutralisé.