La ZNIEFF des « Etang et prairies de la Matte » se situe dans la basse plaine de l’Aude, à l'ouest de Lespignan. Elle s’étend sur 395 hectares et constitue un élément important de l'écocomplexe des zones humides de l'embouchure de l'Aude.
Ce territoire est un bassin alluvionnaire créé par la divagation de l'Aude au cours des siècles. Il appartient au chapelet d'étangs qui caractérisent le paysage de la basse vallée de l'Aude. Avec les étangs de Capestang et de Vendres, avec qui il est en relation hydraulique, il constitue une importante étendue de zones temporairement humides. Les caractéristiques actuelles du milieu résultent des conditions naturelles originelles (sols salés hydromorphes, variations annuelles des précipitations) et des aménagements anciens. Le paysage est ainsi marqué par une multitude de fossés soulignés par des haies de tamaris et délimitant un parcellaire complexe. Il se compose d’un étang temporairement en eau à l’est, entouré d’une vaste roselière, d’étendues de prés salés méditerranéens submersibles, et de quelques cultures à l’ouest (vignes et céréales). L’intérêt de cette zone est à la fois faunistique et floristique.
La roselière abrite plusieurs espèces d’oiseaux paludicoles rares et menacées comme : le Butor étoilé (Botaurus stellaris), héron dont les populations sont globalement en régression ; le Héron pourpré (Ardea purpurea), dont une petite colonie s'installe lorsque la mise en eau est conséquente ; la Nette rousse (Netta rufina), canard nicheur rare en France ; la Talève sultane (Porphyrio porphyrio), dont la colonisation de la basse Plaine de l'Aude date de 1999 et dont la reproduction sur l'étang de la Matte varie selon le niveau d'eau ; la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon) : la Rousserole turdoide (Acrocephalus arundinaceus)… Les prairies humides et salées abritent également la reproduction de nombreuses autres espèces d'oiseaux : la Pie-grièche à poitrine rose (Lanius minor), dont le site représente l’une des dernières populations viables de France ; la Pie-grièche méridionale (Lanius meridionalis) ; le Rollier d'Europe (Coracias garrulus) ; le Bruant ortolan (Emberiza hortulana) ; l'Outarde canepetière (Tetrax tetrax) ; le Faucon crécerellette (Falco naumanni)…
Les zones humides de la ZNIEFF sont par ailleurs un milieu singulier, favorable à la reproduction des amphibiens dont les espèces déterminantes suivantes : le Pélobate cultripède (Pelobates cultripes) ; la Grenouille de Pérez (Pelophylax perezei) et la Grenouille de Graf (Pelophylax kl. grafi). Elles accueillent également des insectes, notamment des libellules comme le Leste sauvage (Lestes barbarus) et le Leste verdoyant (Lestes virens). En périphérie est de l'étang, la Diane (Zerynthia polyxena), papillon protégé en France, est présent.
Concernant la flore, la variété des habitats des prés salés méditerranéens induit une diversité floristique importante selon la salinité et l’humidité du milieu. Des habitats naturels typiques y sont relevés, notamment des gazons méditerranéens amphibies halonitrophiles et des groupements méditerranéens amphibies à plantes de taille réduite.
Ces communautés, rares en Languedoc du fait des drainages des terres, associées aux divers prés salés, aux lieux incultes plus ou moins perturbés comme les bords de chemins, et à certaines friches humides, recèlent un cortège de plantes méditerranéennes à large répartition mais très peu fréquentes en France comme : la Pulicaire de Sicile (Pulicaria sicula), typique des mares temporaires méditerranéennes ; l'Alpiste bleuissant (Phalaris coerulescens) ; la Luzerne ciliée (Medicago ciliaris), rare au niveau régional et en régression sur l'ensemble de ses stations françaises ; la Salicaire à trois bractées (Lythrum tribracteatum) ; le Crypside faux-choin (Crypsis schoenoides) ; la Jacinthe de Rome (Bellevalia romana)…
Les limites retenues visent l'ensemble du complexe des prairies et zones humides situé autour et en amont de l'étang de la Matte. Elles suivent les éléments suivants :
- au nord et à l'est, la rupture de pente en bas des coteaux de la basse plaine de l'Aude. Cette limite marque un changement net de substrat (passage des limons et vases, à des calcaires marneux) et d'occupation du sol (passage de prés salés et friches, à des pelouses sèches à Brachypode rameux). Cette limite se superpose pour une grand part au périmètre de la ZNIEFF voisine des "Collines de Nissan". A l'est, la station de lagunage, les habitats dispersés et les parcelles associées qui s'étirent en marge de l'étang de la Matte sont exclus ;
- au nord-ouest, par la route D162 ;
- à l'ouest et au sud, la limite n'est pas toujours nettement marquée, les critères physiques (topographie, salinité et texture des sols...) variant de façon progressive. La limite retenue s'appuie sur le parcellaire. Dans la partie ouest, elle souligne principalement le passage des prairies à la vigne, et suit partiellement l'ancien lit de l'Aude matérialisé aujourd'hui par un chenal temporairement en eau. A noter que le périmètre sud correspond à celui de la partie nord de la ZNIEFF limitrophe de la "Basse plaine viticole de l'Aude".