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La ZNIEFF du "Camp militaire du Maréchal Joffre" est située au nord de Rivesaltes, sur la bordure nord de la plaine agricole du Roussillon. Elle couvre une surface d’un peu plus de 520 ha, avec une altitude moyenne de 30 à 40 m.
Ce secteur présente une topographie plane, très faiblement inclinée vers l’est et le sud-est. Il correspond au cône de déjection de la rivière le Roboul, dont la mise en place est datée de la dernière période glaciaire du Quaternaire (période du Würm). Ce sont des dépôts de cailloutis et de galets de nature variée qui recouvrent les anciennes terrasses alluviales de l’Agly, ainsi que le soubassement fait de calcaires et de marnes de l’ère Tertiaire.
Le Camp militaire est en grande partie abandonné, avec des bâtiments en ruine visibles sur 412 hectares environ. L’occupation du sol est majoritairement composée de pelouses à Brachypode rameux et de friches sèches, avec des niveaux d’embroussaillement et des densités de buissons très variables. Au niveau de la pointe sud de la ZNIEFF, elle comprend également un petit parcellaire viticole entrecoupé de friches.
Ces pelouses étendues ou émaillées de buissons colonisant des épandages de cailloutis n’est pas sans rappeler les paysages de la Crau. Elles sont le dernier vestige de formations herbacées autrefois plus étendues dans la plaine du Roussillon. Leur existence encore aujourd’hui est directement liée à la préservation des milieux par leur statut de zone militaire. Partout ailleurs, ces formations à l'aspect steppique ont disparu au profit du vignoble, des vergers et de l’urbanisation. Sur des parcelles agricoles abandonnées de longue date des environs, il est possible néanmoins de voir ces pelouses se régénérer, mais sans la diversité floristique de celles du camp Joffre.
Ce grand ensemble de pelouses rases et steppiques présente un intérêt biologique élevé pour la faune et dans une moindre mesure la flore. Il constitue un site de reproduction important pour les dernières populations de deux espèces de passereaux en déclin en France :
- le Cochevis de Thékla (Galerida theklae), dont la population locale estimée entre 30 et 40 couples constitue une part significative de la population française répartie exclusivement dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales ;
- la Fauvette à lunettes (Sylvia conspicillata), espèce en forte régression et en limite nord de son aire de répartition dans le secteur, qui compte une vingtaine de couples sur le site.
Le cortège des oiseaux inféodés aux milieux ouverts et arides est riche, avec plusieurs autres espèces patrimoniales recensées comme : le Rollier d'Europe (Coracias garrulus), espèce méditerranéenne qui utilise les nichoirs installés sur les poteaux électriques ; le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), espèce méditerranéenne dont les populations sont en forte régression ; le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), petit passereau des pelouses et milieux agricoles extensifs (vignes, pelouses et friches) dont les populations sont en déclin sur le territoire national ; la Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator) et la Pie-grièche méridionale (Lanius meridionalis) ; le Coucou geai (Clamator glandarius).
En plus de l’avifaune, les pelouses et cailloutis de la ZNIEFF sont particulièrement favorables aux reptiles avec : le Lézard ocellé (Timon lepidus), reptile vulnérable, menacé par la fragmentation des habitats dans la plaine du Roussillon ; la Coronelle girondine (Coronella girondica) ; le Psammodrome d’Edward (Psammodromus edwarsianus).
Concernant la flore, des espèces caractéristiques des pelouses et des garrigues xériques rocailleuses ou dégradées sont observées, comme :
- l'Ophrys miroir (Ophrys ciliata), orchidée méditerranéenne protégée dont les stations françaises sont toujours réduites à quelques pieds ;
- le Plumet chevelu (Stipa capillata), graminée rare en Occitanie, à aire de répartition centro-européenne ;
- la Crapaudine du littoral (Sideritis littoralis), endémique de la plaine du Roussillon.
La ZNIEFF englobe l'ensemble du Camp militaire ainsi que le parcellaire viticole fragmenté de friches au lieu-dit "la Guardiola" au sud.
Les limites retenues suivent dans la plupart des cas sur le parcellaire qui marque le passage du complexe des pelouses et friches visées par la ZNIEFF, aux étendues de vignes qui en sont exclues. Au sud-est, la partie aménagée de la ZAC est exclue.
