ZNIEFF 930020523
VALLON DE LA BENDOLA

(n° regional: )

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Description

Le vallon de la Bendola, affluent de la rive gauche de la Roya, se situe à l’extrémité est des Alpes-Maritimes, à l’est du village de Saorge.

Flore

L'étage supraméditerranéen présente une couverture forestière importante, avec de belles forêts de charme-houblon (Ostrya carpinifolia) du Carpinion orientalis. Le canyon de la Bendola, très encaissé et bénéficiant d'une forte humidité, abrite une forêt de ravin d'un type original unique en France, réunissant le tilleul à feuilles cordées (Tilia cordata), le charme-houblon, le ruscus hypoglosse (Ruscus hypoglossum) dont ce sont les seules populations françaises, et les lichens rares d'affinité océanique Strigula buxi, Thelotrema lepadinum, Strigula phaea, Byssoloma leucoblepharum. L'étage méditerranéo-montagnard est marqué par la présence remarquable du genévrier thurifère (Juniperus thurifera) qui constitue des fourrés saxicoles sur barres calcaires. Les ubacs de l'étage montagnard sont occupés par des sapinières neutrophiles du Troschiscantho-Abietetum albae floristiquement riches avec par exemple l’anémone trifoliée (Anemone trifolia) qui rappelle la hêtraie ligure proche. Les croupes et pentes sèches d'ubac sont occupées par la sapinière sèche à seslérie argentée (Sesleria argentea), type forestier original propre aux Alpes-Maritimes. Les pâturages montagnards à subalpins de la crête frontalière sont représentés par de magnifiques prairies fleuries à fétuque paniculée (Festuca paniculata). Les pelouses écorchées à avoine de Parlatore (Helictotrichon parlatorei) de l'Avenion sempervirentis sont également remarquables ainsi que et les pelouses à seslérie bleue (Sesleria caerulea) et épervière tomenteuse (Hieracium tomentosum) du Hieracio-Avenetum, dans lesquelles se concentrent des populations importantes de gentiane de Ligurie (Gentiana ligustica), endémique des Alpes sud-occidentales. Les rochers, vires et falaises abritent notamment la raiponce à feuilles en cœur (Phyteuma cordatum), le silène campanule (Silene campanula). Les stations rupicoles atteignent ici un grand développement et on y trouve, par exemple, une population de la Grassette de Reichenbach (Pinguicula reichenbachiana), espèce endémique qui croît sur des parois humides travertinisées. Les falaises et balmes calcaires sont colonisées par des espèces remarquables comme la potentille saxifrage (Potentilla saxifraga), la ballote buissonnante (Acanthoprasium frutescens), la saxifrage à feuilles en cuillère (Saxifraga cochlearis) ou l'aspérule à feuilles par six (Asperula hexaphylla).

Faune

Dans cette zone, 52 espèces d’intérêt patrimonial ont été inventoriées, dont 17 sont déterminantes.

Trois mammifères d’intérêt patrimonial fréquente ce site, le Campagnol de Savi (Microtus Savii), espèce déterminante de rongeur dont les données disponibles sont extrêmement rares et localisées en France uniquement dans la vallée de la Roya, et deux espèces remarquables : le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m et la Crocidure leucode (Crocidura leucodon), musaraigne d'affinité septentrionale en limite sud de son aire de répartition et dont l'écologie est encore mal connue dans la région.

Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, sont représentés par une espèce déterminante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, et plusieurs espèces remarquables : l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), le Tétras lyre (Lyrurus tetrix), l’Alouette lulu (Lullula arborea), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), le Bruant fou (Emberiza cia), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), le Pic noir (Dryocopus martius) et le Torcol fourmilier (Jynx torquilla).

Un amphibien remarquable est également présent, le Spélèrpes de Strinati (Speleomantes strinatii), espèce d'urodèle endémique de l'extrémité est des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes et du nord-ouest de la Ligurie qui apprécie les affleurements rocheux humides et les cavités (grottes, avens, etc.). Du côté des reptiles, citons également deux espèces remarquables, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

La faune entomologique est représentée par plusieurs cortèges.

Les coléoptères sont représentés par deux espèces déterminantes, le carabique Bembidion decorum decorum, sous-espèce de Carabidés, endémique du Var et des Alpes-Maritimes et le Pique-prune ou Osmoderme (Osmoderma eremita), espèce protégée au niveau européen, rare et en régression, inféodée aux vieux arbres dans lesquels sa larve se développe au sein des cavités volumineuses pleines d’humus et une espèce remarquable de Carabidae, Bembidion italicum.

De nombreuses espèces de lépidoptères ont été inventoriées dans cette zone. Sept sont déterminantes : l'Eupithécie favorisée (Eupithecia gratiosata), Geometridae présente en France dans les Alpes-Maritimes et en Corse, la Phalène croisée (Schistostege decussata), Geometridae très localisée en France et présente dans la région uniquement dans les Alpes-Maritimes, la Noctuelle des peucédans (Gortyna borelii), Noctuidae dont la sous-espèce lunata n'est présente en France que dans les pelouses xérophiles calcaricoles des Alpes-Maritimes, du Var et de la Corse, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude et la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var. Ces papillons sont accompagnés de 6 espèces remarquables : la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), l’Apollon (Parnassius apollo), l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), la Thécla de l'orme (Satyrium w-album), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion) et le Grand sylvain (Limenitis populi).
Les orthoptères sont représentés par le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous-espèce déterminante et endémique de Haute-Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux, accompagné de 4 espèces remarquables : l'Œdipode stridulante (Psophus stridulus), espèce boréo-montagnarde qui affectionne les milieux rocailleux des pelouses xerothermiques et des alpages bien exposés, le Sténobothre alpin (Stenobothrus rubicundulus), espèce présente dans la Péninsule balkanique et les Alpes, qui affectionne les milieux secs et pierreux à haute altitude, le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides et la Decticelle des alpages (Metrioptera saussuriana), espèce de sauterelle d’affinité euro-sibérienne, rare et en limite d'aire méridionale en Région PACA où elle fréquente certaines zones humides d'altitude.

Deux espèces remarquables d’odonates ont également été inventoriées : le Caloptéryx occitan (Calopteryx xanthostoma), espèce ouest-méditerranéen, inféodée aux rivières à eaux claires et le Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), espèce de grande taille, inféodée par sa larve aquatique aux ruisseaux des versants pentus des montagnes sud-européennes.

Enfin, pas moins de 9 espèces de mollusques gastéropodes d’intérêt patrimoniale sont présentes dans cette zone, dont 5 sont déterminantes : le Cochlostome de la Giandola (Cochlostoma autum), escargot micro-endémique, cantonné au vallon de la Bendola en Roya, vivant à la fois en zone forestière sur le bois mort et sur les parois rocheuses, le Cochlostome ligure (Cochlostoma simrothi), espèce endémique franco-italienne localisée en France à 5 stations dans les Alpes-Maritimes, notamment vers 600-700 m d’altitude, le Maillot de Caziot (Chondrina megacheilos), espèce protégée en France, très localisée des Alpes méridionales françaises (Alpes-de-Haute Provence et Alpes-Maritimes), entre 1 000 et 1 500 m d’altitude, le Cochlostome subalpin (Cochlostoma subalpinum), espèce subendémique ligurienne présente dans les Alpes-Maritimes et en Italie, seule réprésentante du genre qui se trouve en altitude, principalement sur les crêtes de 840 à plus de 2 000 m d'altitude et le Maillot des hêtraies (Pagodulina subdola), escargot distribué sur la bordure sud des Alpes centrales, présent en France seulement dans les départements alpins de la région PACA où il fréquente les forêts de feuillus calcaires relativement humides. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : Ruthenica filograna filograna, l’Escargot de Nice (Macularia niciensis niciensis), sous-espèce endémique franco-italienne, protégée en France, fréquentant rochers, vieux murs et oliveraies, surtout sur substrat calcaire, jusqu’à 2 500 m d’altitude, Urticicola glabellus glabellus, ou encore Columella edentula.

Comments on the delimitation

La ZNIEFF prend en compte le vallon de la Bendola, et se prolonge avec le vallon de Marta, jusqu’au mont Cériane (2 028 m d’altitude), à la frontière italienne.