Typologie nationale des habitats marins benthiques de la Manche, de la Mer du Nord et de l'Atlantique (NatHab-Atl)

L’habitat A3-3 Sédiments grossiers médiolittoraux en milieu à salinité variable a été ajouté dans la version 1 de la typologie (Michez et al., 2013) sous la codification M03.03 Sédiments grossiers intertidaux en milieux à salinité variable. Le code et le nom sont modifiés dans la version 3 (Michez et al., 2019).

Etage : Médiolittoral
Nature du substrat : Galets (< 64 mm), cailloutis, graviers, sables grossiers (> 0,5 mm)
Répartition bathymétrique : >0 m
Hydrodynamisme : Modéré à fort
Salinité : Euryhalin
Température : Cyclotherme journalier, bimensuel et saisonnier
Lumière : Système phytal, eaux claires ou turbides
Régime trophique : Oligotrophe à eutrophe

Amas ou bancs de galets, de cailloutis, graviers ou de sables grossiers (> 500 µm), retrouvés localement dans la zone médiolittorale des milieux à salinité variable. En milieux ouverts exposés, à l’embouchure des estuaires ou dans les baies sous influence d’eaux douces, ils proviennent essentiellement du plateau continental et se présentent sous forme de bancs sédimentaires. En amont des systèmes estuariens, ces sédiments peuvent être le résultat de la désagrégation des versants par le fleuve, qui lors des fortes crues, charrie les particules sédimentaires d’origine continentale jusque sur les rives. Ils peuvent également résulter du lessivage des rives, lorsque les écoulements d’eau douce emportent les particules fines et laissent sur place les matériaux grossiers. On les retrouve accumulés sous forme de tâches extrêmement localisées en pied d’enrochements ou de micro-falaises (formées par les chenaux tidaux et par l’érosion du fleuve). Enfin, tout le long des estuaires, des bancs très localisés peuvent être occasionnés par des déversements humains. Selon le régime hydrodynamique du fleuve, les particules se répartissent sur les rivages en fonction de leur taille, de leur forme et de leur densité. Les sédiments grossiers intertidaux étant rapidement drainés à marée basse et retenant peu la matière organique, cet habitat est particulièrement pauvre en densité et en diversité d’espèces dans tous les domaines halins des systèmes estuariens.

La composition des sédiments grossiers varie selon la nature des apports terrigènes ou maritimes et selon l’hydrodynamisme local. Ce dernier est corrélé à la morphologie du site, aux courants marins liés au régime tidal (mésotidal, macrotidal ou mégatidal) et aux apports en eau du bassin versant. Les sédiments grossiers peuvent retenir dans leurs intervalles des débris végétaux.
En milieu fermé, cet habitat est retrouvé très localement sous forme de lentilles ou de petits bancs sédimentaires. Ils sont liés à la désagrégation des versants, au lessivage des rives ou à des déversements humains. Les deux derniers cas ont été observés le long de la rive sud de l’estuaire de la Gironde, entre Saint-Estèphe et Saint-Christoly (photos).
En milieu ouvert et exposé, en estuaire externe ou dans les baies sous influence d’eaux douces, les sables grossiers peuvent former des dunes ou des ripple-marks. Des étendues de galets correspondent à des zones fortement soumises aux vagues.
La composition faunistique dépend de la granulométrie du substrat, au moins dans les secteurs euhalin et polyhalin, ainsi que des gradients de salinité. En domaines oligohalin et mésohalin, le type sédimentaire joue un rôle secondaire dans la structuration des peuplements benthiques. De manière théorique, plus la granulométrie du sédiment est importante et la salinité faible, moins l’endofaune est diversifiée.

L’habitat médiolittoral A3-3 ne se reconnaît pas par des espèces caractéristiques mais par le type de substrat en milieu à salinité variable.

La liste fournie ne constitue pas une liste exhaustive des espèces associées à cet habitat. La liste regroupe les espèces pouvant être retrouvées dans les secteurs polyhalin, mésohalin et oligohalin de cet habitat. Pour le secteur euhalin, se référer à la liste d’espèces associées de l’habitat A3-2 Sédiments grossiers propres médiolittoraux, à laquelle peuvent être ajoutées les espèces citées ici.
Des espèces inféodées à des habitats de sédiments plus fins, associés ou en contact, peuvent être retrouvées dans les substrats grossiers, apportés par les flots.
En domaines oligohalin et mésohalin, le type sédimentaire joue un rôle secondaire dans la structuration des peuplements benthiques. On pourra ainsi trouver dans les sédiments grossiers en amont des estuaires des espèces typiques de substrats plus fins.

Cet habitat peut évoluer dans sa composition granulométrique et faunistique au fil des saisons. En période hivernale, les fortes crues auront tendance à remanier les sédiments et feront diminuer la salinité. La structure du rivage à proximité des embouchures d’estuaire et dans les baies sous influence d’eaux douces pourra aussi être modifiée lors des tempêtes. L’endofaune qui subit ces variations sera moins diversifiée en hiver qu’en période estivale, lorsque les conditions environnementales sont plus stables.

L’habitat A3-3 peut être en contact avec les habitats suivants (liste non exhaustive) :
Contact supérieur avec les habitats supralittoraux :
- A6-2 Vases supralittorales en milieu à salinité variable du schorre

Contact ou association de même niveau bathymétrique :
- A1-5 Roches ou blocs médiolittoraux avec fucales en milieu à salinité variable
- A4-2 Sédiments hétérogènes envasés médiolittoraux en milieu à salinité variable
- A5-5 Sables médiolittoraux en milieu à salinité variable
- A6-3 Vases médiolittorales en milieu à salinité variable de la slikke
- A5-6.2 Herbiers à Zostera noltei sur sables médiolittoraux en milieu à salinité variable
- A6-4.2 Herbiers à Zostera noltei sur vases médiolittorales en milieu à salinité variable

Contact inférieur avec les habitats infralittoraux :
- B1-8 Roches ou blocs infralittoraux en milieu à salinité variable
- B3-3 Sables grossiers et graviers infralittoraux en milieu à salinité variable
- B4-2 Sédiments hétérogènes infralittoraux en milieu à salinité variable
- B5-4 Sables mobiles infralittoraux en milieu à salinité variable
- B5-5.2 - Herbiers à Zostera marina sur sables infralittoraux en milieu à salinité variable
- B5-6.2 - Herbiers à Ruppia maritima sur sables infralittoraux en milieu à salinité variable
- B6-4 Vases infralittorales en milieu à salinité variable

Confusion possible avec les habitats A5-5 Sables médiolittoraux en milieu à salinité variable et A4-2 Sédiments hétérogènes envasés médiolittoraux en milieu à salinité variable selon l’appréciation de la granulométrie du sédiment sur le terrain. Ces habitats peuvent de plus accueillir une faune similaire, voire identique, en domaines mésohalin et oligohalin. Des analyses sédimentaires complètes en laboratoire permettraient de distinguer si nécessaire ces différents habitats.
Une confusion d’ordre altitudinale peut aussi avoir lieu avec l’habitat B3-3 Sables grossiers et graviers infralittoraux en milieu à salinité variable. Le relevé des coordonnées GPS couplé aux cartes marines permet de faire la distinction.
Pour ces mêmes facteurs bathymétrique et granulométrique, les habitats B4-2 Sédiments hétérogènes infralittoraux en milieu à salinité variable et B5-4 Sables mobiles infralittoraux en milieu à salinité variable peuvent également porter à confusion.

Cet habitat a été recensé sous forme de cailloutis et de sables grossiers sur la rive Est de l’estuaire de la Rance en Bretagne. Des bancs de sables grossiers, cailloux et galets sont présents en amont de la rade de Morlaix et dans l’estuaire de La Penzé. En rade de Brest, des bancs de sédiments hétérogènes grossiers bordent les embouchures de l’estuaire de l'Aulne et des abers. Dans l’estuaire de la Gironde, des amas de galets et de cailloutis ont été identifiés dans l’estuaire interne et des sables grossiers ont été recensés au niveau de l’embouchure. Des bancs de sables grossiers sont également présents à l’embouchure de l’estuaire de l’Adour ainsi que plus en amont dans l’estuaire de la Charente et de la Bidassoa.

Des prospections terrain seraient à envisager dans les milieux à salinité variable de la façade Manche – Mer du Nord – Atlantique non encore cartographiés ou dont les cartographies se révèlent trop anciennes.

L’habitat étant peu décrit et correspondant généralement à des zones de très faibles étendues, il y a un manque de connaissance sur ces aspects.

Au titre de la DHFF (92/43/CEE), cet habitat est inclus dans l’Habitat d’Intérêt Communautaire (HIC) 1140 « Replats boueux ou sableux exondés à marée basse ». Il peut également correspondre à l’HIC 8330 « Grottes marines submergées ou semi-submergées » sous réserve de respect des critères d'identification de l'HIC (notamment de structure) et à l’HIC 1130 « Estuaires » ou l’HIC 1150 « Lagunes côtières » sous réserve de respect des critères d'identification géomorphologiques et de délimitation physiographiques de l'HIC.

Pas d’information disponible.

Latry L., Blanchet H.

2020

Michez N., Aish A., Hily C., Sauriau P.-G., Derrien-Courtel S., de Casamajor M.-N., Foveau A., Ruellet T., Lozach S., Soulier L., Popovsky J., Blanchet H., Cajeri P., Bajjouk T., Guillaumont B., Grall J., Gentil F., Houbin C., Thiébaut E., 2013. Typologie des habitats marins benthiques français de Manche, de Mer du Nord et d'Atlantique : Version 1. Rapport SPN 2013 - 9, MNHN, Paris, 32 p. (Source)

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