III.2.3.b. - Faciès à Gilvossius tyrrhenus (Syn. Pestarella tyrrhena) et Bornia sebetia (Syn. Kellia corbuloides)

Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Evolution

ATTENTION : L’évolution de la taxonomie a mené à une modification du nom d’une espèce caractéristique (Gilvossius tyrrhenus (Petagna, 1792)). Le faciès à Pestarella tyrrhena et Bornia sebetia (Syn. Kellia corbuloides) devrait ainsi être renommé comme « Faciès à Gilvossius tyrrhenus (Syn. Pestarella tyrrhena) et Bornia sebetia (Syn. Kellia corbuloides)».

Facteurs abiotiques

Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Sable vaseux
Répartition bathymétrique : 1 à 3 mètres
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Modéré à Faible
Salinité : Normale, légère dessalure possible
Température : Normale
Lumière : Forte luminosité peut être restreinte selon la teneur en particules
Régime trophique : Variable selon les secteurs géographiques

Caractéristiques stationnelles

Ce faciès des sables vaseux superficiels de mode calme se caractérise par la dominance du décapode Gilvossius tyrrhenus (Syn. Pestarella tyrrhena) et du mollusque bivalve Bornia sebetia. Il s’agit de l’aspect le plus exposé à l’hydrodynamisme de la biocénose SVMC (Le Gall, 1969).

Variabilité

Ces deux espèces se surimposent à celles de la biocénose SVMC dans les secteurs où, soit persiste un hydrodynamisme suffisant au cours de l’année, soit viennent en complément hivernal.

Dynamique

Pérès et Picard (1964) avaient proposé une biocénose des sables relativement protégés du déferlage des vagues (SRPV) dont l’élément essentiel reprenait la biocénose de Picard (1957) à Pestarella tyrrhena et Bornia sebetia ainsi qu’une biocénose des sables vaseux superficiels en mode calme (SVMC) avec une dizaine de faciès d’épifaune et d’épiflore. En 1962, Picard a décrit, de manière expérimentale, l’évolution saisonnière in situ des deux biocénoses. En hiver, la biocénose SRPV prédominait et en été la biocénose SVMC à Upogebia pusilla lui succédait. Il avait mis en évidence une série SGBV, SRPV, SVMC depuis l’hiver jusqu’à l’été, puis le retour de fait, dans l’autre sens. En dehors de cette expérimentation, chacune de ces espèces resterait dans sa biocénose. Cependant, dès 1965, les travaux de True-Schlenz sur l’endofaune des pelouses à petites phanérogames (Zostera noltei et Cymodocea nodosa) sur les côtes provençales questionnaient l’existence de deux biocénoses. Les études de Le Gall (1967) ont finalement démontré que la biocénose S.R.P.V à Pestarella tyrrhena et son commensal Bornia sebetia n’était qu’un aspect particulier de la biocénose SVMC.

Espèces caractéristiques

Les espèces caractéristiques de ce faciès sont le bivalve Bornia sebetia et le décapode Gilvossius tyrrhenus (Syn. Pestarella tyrrhena).

Principaux critères de reconnaissance

Qualité du sédiment, zone calme, faible profondeur.
Abondance de Gilvossius tyrrhenus (Syn. Pestarella tyrrhena) et Bornia sebetia.

Habitats associés ou en contact

Contact avec les sables fins de haut niveau (III.2.1.) et les sables fins bien calibrés (III.2.2.) dans des zones où l'hydrodynamique est variable dans l'espace : baies partiellement abritées par une protection naturelle ou artificielle.
Contact localement avec la biocénose des sables grossiers et fins graviers brassés par les vagues (SGBV) III.3.1.
Contact avec les vases lagunaires et estuariennes (II.1.1.) et avec la biocénose euryhaline et eurytherme (III.1.1.) lorsqu'il y a des phénomènes de dessalure.

Confusions possibles

Les sables vaseux de mode calme peuvent être confondus avec les sables vaseux et vases lagunaires et estuariennes (II.1.1.) et avec la biocénose euryhaline et eurytherme (III.1.1.). Dans les deux cas, les habitats sont cependant présents en milieux nettement plus dessalés et topographiquement, les risques de confusion sont limités à de très rares cas : entrée de lagune et cours d'eau se jetant dans une baie peu profonde.

Répartition géographique

Habitat présent sur l’ensemble des côtes françaises méditerranéennes et plus généralement dans l’ensemble de la Méditerranée occidentale et en Adriatique, dans des secteurs à hydrodynamisme faible, avec des eaux, sauf exceptions, calmes.
Au niveau de la France continentale, l'habitat est présent dans certains étangs salés (étang de Berre, étang de Thau) et dans des petits ports peu pollués, dans des criques protégées par des barrières naturelles tels que les récifs barrière formés par les herbiers de Posidonies (Le Brusc, Port-Cros). Il est très fréquent en Corse.

Structure et fonctions

Cet habitat a un intérêt économique majeur. La production d’espèces alimentaires commercialisables notamment les palourdes, le crabe Carcinus aestuari ou, récoltés comme appâts pour la pêche professionnelle et amateur (Perinereis cultrifera, Marphysa sanguinea) peuvent atteindre des rendements considérables.

Intérêt pour la conservation

Milieu nourricier pour les oiseaux. Milieu toujours très productif, en raison notamment de développements phytoplanctoniques et microphytobenthiques très intenses. La capacité productive est souvent exploitée par l'homme (pêche de palourdes et de coques ou collecte d'appâts).

Menaces potentielles

Disparition de l'habitat par remblaiement des surfaces. Forte activité de pêche aux mollusques ou aux appâts (Upogebia, Marphysa, Arenicola, Perinereis) provoquant un remaniement anarchique du fond sédimentaire qui a pu localement (lagune du Brusc, Var, G. Bellan, non publ.) entrainé une altération notable de ce faciès. Accumulation des détritus et des polluants en raison du mauvais niveau de renouvellement des eaux et de la forte sédimentation à certaines périodes et dans certains secteurs. Accroissement de l'eutrophisation par utilisation des sites pour la conchyliculture (Mytilus galloprovincialis). Destruction de l'habitat par suppression des barrières naturelles ou artificielles pour faciliter la circulation des eaux ou des embarcations.

Tendance évolutive

L'habitat est en grand danger car certains sites ont déjà fait l'objet de remblais.

Auteur(s)

Bellan G.,  Michez N.

Date de rédaction

2017

Bibliographie

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

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 Michez, N., Fourt, M., Aish, A., Bellan, G., Bellan-Santini, D., Chevaldonné, P., Fabri, M.-C., Goujard, A., Harmelin, J.-G., Labrune, C., Pergent, G., Sartoretto, S., Vacelet, J. et Verlaque, M. 2014. Typologie des biocénoses benthiques de Méditerranée Version 2. Service du patrimoine naturel, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. SPN 2014 - 33: 26 pp. (Source)

Le Gall J.Y. 1969. Etude de l’endofaune des pelouses de Zostéracées superficielles de la baie de Catiglione (Algérie). Téthys, 1, 2 : 395–420

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TRUE-SCHLENZ R., 1965. Données sur les peuplements des sédiments à petites phanérogames marines (Zostera nana Roth et Cymodocea nodosa Ascherson) comparés à ceux des habitats voisins dépourvus de végétation. Rec. Trav. St. Mar. End. 39 (55): 96-126.