III.5.1.c. - Association de la matte morte de Posidonia oceanica à Caulerpa prolifera, Cymodocea nodosa, Penicillus capitatus

Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Facteurs abiotiques

Etage : Infralittoral
Nature du substrat : Meubles (sables grossiers à envasés), durs (roche en place, éboulis)
Répartition bathymétrique : 0,5 m à 40 m
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Variable
Salinité : Normale (minimum 36) à hyperhaline (43)
Température : 9 à 29°C

Caractéristiques stationnelles

Cette association se caractérise par de la matte morte de Posidonia oceanica recouverte de façon plus ou moins continue de macrophytes (macro-épiflore) et notamment de l’algue verte Caulerpa prolifera et/ou de la magnoliophyte marine Cymodocea nodosa.

On nomme "matte" l’ensemble constitué par les rhizomes, les écailles (anciennes bases foliaires persistantes), les racines et par le sédiment qui remplit les interstices. Les rhizomes, les écailles et les racines sont peu putrescibles et se conservent donc, à l’intérieur de la "matte", pendant plusieurs siècles ou millénaires (Boudouresque et al., 1980 ; Mateo et al., 2006 ; Monnier et al., 2019) qui reste en place même après la mort de l’herbier.

Cette structure est colonisée de façon significative par des macrophytes ; les rhizomes morts sont nettement visibles en surface entre cette épiflore. Elle se présente sous forme de larges étendues témoignant de l’extension passée d’un herbier à Posidonia oceanica ou plus ponctuellement en bordure ou en taches au sein d’un herbier vivant (Boudouresque et al., 2019).

Variabilité

Cette association s’étend généralement sur des surfaces sub-horizontales, au sein d’un herbier à Posidonia oceanica ou à sa périphérie (ex au-delà de la limite inférieure). Les espèces de macrophytes présentes peuvent constituer des peuplements monospécifiques ou être associées (Meinesz et Lefèvre, 1984).

Dynamique

Cette association peut résulter de la dynamique naturelle de l’herbier (phases d’accrétion et de colonisation ; Molinier & Picard, 1952 ; Boudouresque et al. 2006), de l’élévation du niveau de la mer (recul des herbiers profonds ; Pergent et al., 2015) mais résulte le plus souvent de l’impact de l’homme (ancrage, chalutage, aménagements littoraux, augmentation de la turbidité ; Boudouresque et al. 2006).

La colonisation de la matte par ces macrophytes facilite l’installation de nouvelles boutures de Posidonia oceanica qui peuvent « s’accrocher » plus facilement sur le substrat. Si les conditions de milieu sont favorables, ces boutures peuvent initier un nouvel l’herbier à Posidonia oceanica ; elles constituent alors les espèces pionnières de la série évolutive de l’herbier (Molinier et Picard, 1952).

Espèces caractéristiques

Caulerpa prolifera (Forsskål) J.V. Lamouroux
Cymodocea nodosa (Ucria) Asch. (Espèce déterminante de l'inventaire ZNIEFF Corse, Languedoc-Roussillon et PACA, Convention de Berne Annexe I et Arrêté du 19 juillet 1988)
Penicillus capitatus Lamarck
Posidonia oceanica (L.) Delile (Espèce structurante ; Espèce déterminante de l'inventaire ZNIEFF Corse, Languedoc-Roussillon et PACA, Convention de Berne Annexe I et Arrêté du 19 juillet 1988)

Espèces associées

Les espèces associées sont les mêmes que celles de la biocénose de l’herbier à Posidonia oceanica notamment pour la partie endogée (gastéropodes, annélides polychètes, crustacés ; Willsie, 1987). Pour la partie épigée, la présence des macrophytes (Cf. espèces caractéristiques) peuvent servir de support à des espèces sessiles (algues épiphytes, spongiaires, hydraires, etc.) ou vagiles (ex. crustacés, gastéropodes, etc.). D’autre part, des espèces invasives (ex. Caulerpa cylindracea, Caulerpa taxifolia) peuvent également être observées.
Pinna nobilis est une espèce patrimoniale et protégée :
Directive 92/43/CEE (Directive européenne dite Directive Habitats-Faune-Flore) : Annexe IV
Amendement protocole Barcelone : Annexe II
Liste des animaux de la faune marine protégés sur l’ensemble du territoire français métropolitain : Article 1
Espèce déterminante de l'inventaire ZNIEFF Corse, Languedoc-Roussillon et PACA

Principaux critères de reconnaissance

Structure bioconstruite par la magniolophyte marine Posidonia oceanica, avec la présence de rhizomes et de racines en surface, couverte par de grandes macrophytes (généralement Caulerpa prolifera, Cymodocea nodosa).

Habitats associés ou en contact

Herbier à Posidonia oceanica vivant, substrats meubles (biocénose des sables fins bien calibrés ; biocénose des sables grossiers et fins graviers sous influence des courants de fond) ou l’association de la matte morte de Posidonia oceanica, sans macrophyte.

Confusions possibles

Peu de confusion possible ; toutefois en hiver, en absence de Cymodocea nodosa, cette association peut être confondue avec l’association de la matte morte de Posidonia oceanica, sans macrophyte.

Répartition géographique

La même que celle de la biocénose de l’herbier à Posidonia oceanica (côtes méditerranéennes), entre 0,5 et 40 m de profondeur.

Structure et fonctions

Il s’agit d’une structure bioconstruite d’épaisseur variable (quelques centimètres à plusieurs mètres), constituée d’une partie organique significative (rhizomes, écailles racines) colmatée par du sédiment, de granulométrie variable, et qui forme l’équivalent d’un substrat intermédiaire entre les substrats durs et les substrats meubles.
La présence de macrophytes renforce la diversité spécifique (macrophytes et espèces associée) et permet une production de matière végétale à l’origine de réseaux trophiques.

Intérêt pour la conservation

Cette association est à l’origine du développement de nombreuses espèces endogées source d’une biodiversité importante et de ressources trophiques, notamment pour l’ichtyofaune mais également des espèces épigées en fonction de la couverture par les macrophytes.
La matte constitue également un stock de carbone particulièrement important, comparable aux tourbières en milieu terrestre, et sa conservation revêt dont un intérêt particulier dans le contexte du changement climatique.

Menaces potentielles

Destructions mécaniques par l’ancrage, notamment les grosses unités de plaisance et par le chalutage qui ouvrent de véritables tranchées dans la matte et facilitent le recyclage du carbone piégé. Le recouvrement partiel par le dépôt de rejets de dragage (clapage) est également observé à proximité d’infrastructures portuaires.
D’autre part, l’eutrophisation peut constituer une menace pour les espèces de macrophytes.

Tendance évolutive

En dehors des impacts anthropiques mécaniques, cette association est de nature à évoluer naturellement vers un herbier à Posidonia oceanica si les conditions de l’environnement sont favorables (dynamique de l’herbier).

Auteur(s)

Pergent G., Pergent-Martini C., Fréjefond C.

Date de rédaction

2021

Bibliographie

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