2130-3 - Pelouses vivaces calcicoles arrière-dunaires

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se développe au niveau des arrière-dunes fossiles et abritées, sur un substrat sablo-humifère méso-xérophile, de granulométrie assez fine, neutrophile, enrichi en débris coquilliers. Il est également présent au niveau de placages sableux éoliens sur falaises de nature géologique variée (craie sénonienne, marnes…).

Variabilité

Variabilité écologique :
- variabilité liée aux sables neutrophiles calcarifères fixés et enrichis en matière organique des vieux systèmes dunaires plaqués sur falaise dans les anses, soumis historiquement au pâturage bovin extensif : association à Gaillet maritime (Galium maritimum) et Brachypode penné (Brachypodium pinnatum) (Galio maritimi-Brachypodietum pinnati).

Physionomie, structure

Végétation de pelouse rase moyenne ou de prairie fermée, présentant une seule strate, le plus souvent dominée physionomiquement par le Brachypode penné (Brachypodium pinnatum).

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu avec les végétations des dunes grises de la mer du Nord et de la Manche appartenant au Galio-Koelerion albescentis et au Corynephorion canescentis (fiche : 2130-1) au contact desquelles il se développe. Il s’en distingue par sa composition floristique et/ou sa structure de type prairial dominée par le Brachypode penné.

Dynamique

Spontanée :
En raison de l’abandon du pâturage de parcours extensif sur l’ensemble des dunes littorales de la façade atlantique française, cet habitat peut présenter une nette dynamique.
Celle-ci est marquée dans un premier temps par un passage vers l’ourlet arrière-dunaire à Géranium sanguin (Geranium sanguineum), puis par un net embroussaillement par la ptéridaie ou par les ligneux bas pouvant conduire à l’installation d’une broussaille à Ronces (Rubus spp.) ou d’un fourré à Prunellier (Prunus spinosa) et Ajonc maritime (Ulex europaeus f. maritimus).
Lorsqu’il se développe sur les placages sableux des falaises ventilées, cet habitat est en situation primaire et ne présente pas de dynamique particulière.
Dans le cas des dunes plaquées sur falaise de craie, la dynamique est très différente : ourlet calcicole thermophile du Trifolion medii à Brachypodium pinnatum, Agrimonia eupatoria, Calamintha clinopodium, Centaurea scabiosa…, puis manteau original associant Hippophae rhamnoides subsp. rhamnoides, Rhamnus cathartica, Ligustrum vulgare, Cornus sanguinea, Juniperus communis, Laburnum anagyroides… (cf. sous-alliance du Rosenion micranthae).

Liée à la gestion
Le pâturage extensif estival contribuait à l’entretien et au maintien de cet habitat.

Habitats associés ou en contact

Dunes grises de la mer du Nord et de la Manche avec végétation du Galio-Koelerion albescentis et du Corynephorion canescentis (fiche : 2131-1).
Ourlet arrière-dunaire à Géranium sanguin (Geranium sanguineum) et Ajonc maritime (Ulex europaeus f. maritimus) - plutôt du Galio maritimi-Geranion sanguinei ou du Trifolion medii (plus général) - et arrhénathéraies dunaires.
Fourrés arrière-dunaires et fourrés littoraux non dunaires.
Dunes boisées du littoral atlantique (UE : 2180).

Répartition géographique

Cet habitat est réparti sur les arrière-dunes des côtes ouest et nord-armoricaines, du Finistère, des Côtes-d’Armor, jusqu’au golfe Normand-Breton, et en Basse-Normandie.
Son optimum biogéographique se situe sur le littoral occidental du Cotentin.
Il reste à étudier dans les dunes du nord de la France.

Valeur écologique et biologique

Intérêt patrimonial majeur de ce type d’habitat lié à la présence de nombreuses espèces végétales protégées au niveau régional et national, ainsi qu’à une grande richesse floristique, avec notamment plusieurs orchidées : Ophrys brun (Ophrys fusca), Platanthère à fleurs verdâtres (Plathantera chlorantha), Ophrys abeille (Ophrys apifera), Anacamptis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), Spiranthe d’automne (Spiranthes autumnalis), Orchis grenouille (Coeloglossum viride), Gentiane amère (Gentianella amarella).

États de conservation

États à privilégier :
Formation herbacée moyenne à haute, plus ou moins fermée et floristiquement riche (présence d’orchidées).

Autres états observables :
Présence d’une forme embroussaillée à Fougère aigle (Pteridium aguilinum) ou ligneux bas (Ajonc maritime) sur le littoral atlantique et de formes ourlifiées appauvries dans les systèmes dunaires plaqués sur la falaise de craie fossile dans le nord de la France.

Tendances et menaces

Ce type d’habitat est en régression dans son aire de répartition, où il est soumis à différentes menaces :
- piétinement et eutrophisation liés à la fréquentation ;
- destruction des habitats dunaires par les remblaiements, décharges, ou dans le cadre d’aménagements touristiques (campings), de l’urbanisation littorale (lotissements)… ; dans le contexte global d’enfrichement consécutif à l’abandon des pratiques agricoles anciennes de pâturage extensif des massifs dunaires des côtes atlantiques et du littoral de la Manche et de la mer du Nord, cet habitat subit un enfrichement important et se trouve grignoté par les ourlets, les fourrés ou les jeunes boisements ;
- enrésinement ou plantations de feuillus ;
- extraction de sable, ouverture de carrières ;
- projets de terrains de golf et d’aires de loisirs.

Axes de recherche

Gestion expérimentale de certains sites par un pâturage extensif estival, la fauche exportatrice et/ou le débroussaillage en utilisant différentes techniques avec suivi de l’évolution de la végétation par le gestionnaire ou par une structure scientifique partenaire.
Mises en défens expérimentales des sites les plus dégradés, en vue d’apprécier les potentialités d’autorégénération de cet habitat.
Recherches complémentaires sur la typologie phytosociologique et la répartition de cet habitat.
La régression importante et les nombreuses menaces qui pèsent sur les végétations herbacées oligo-mésotrophes des systèmes dunaires devraient orienter les recherches en phytosociologie sur ces types de végétation à l’échelle nationale (nécessité d’une nouvelle synthèse sur ces habitats).

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)