Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Habitat des étages collinéen (atlantique pour la partie occidentale des Pyrénées) et montagnard, colonisant les pierriers de blocs décimétriques ou moins, carbonatés, essentiellement calcaires, bien exposés et souvent pentus et relativement mobiles.
Ces pierriers peuvent se situer en pied de falaises et parfois en ambiance thermophile plus ou moins forestière, formant souvent des clairières au sein des taillis.
Le microclimat régnant au sein de l’habitat peut subir des périodes de sécheresse ; la température pouvant atteindre des valeurs élevées à la surface des blocs.
Une matrice de terre fine plus ou moins décalcifiée (pH neutre à basique) située sous la couche de blocs favorise l’enracinement des végétaux pionniers.
Deux communautés ont été décrites en territoire espagnol :
- l’association à Linaire apparentée (Linaria proxima = Linaria odoratissima) et Rumex à écussons [Linario odoratissimae- Rumicetum scutati], avec : Dompte-venin officinal sous-espèce intermédiaire (Vincetoxicum hirundinaria subsp. intermedium), Vesce des Pyrénées (Vicia pyrenaica), Scrophulaire à feuilles de criste (Scrophularia crithmifolia), atteignant le versant français dans les Pyrénées occidentales ;
- l’association à Épipactis pourpre noirâtre et Linaire apparentée [Epipactido atrorubentis-Linarietum proximae], avec : Laser de France (Laserpitium gallicum), Scrophulaire des chiens (Scrophularia canina), décrite en territoire plus castellano-cantabrique.
Végétation toujours de faible recouvrement, assez riche en espèces, dominée par des hémicryptophytes thermophiles, adaptés aux conditions climatiques rudes (écarts thermiques, sécheresse) et à la mobilité des pierriers (lithophytes). Selon la stratégie adoptée, on y distingue, par exemple, des espèces lithophiles migratrices par allongement et régénération (Rumex à écussons), des espèces lithophiles indépendantes [Galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia), Ibéris charnu (Iberis carnosa), Aethionéma des rochers (Aethionema saxatilis), Erysimum de Seipka (Erysimum seipkae)…], des espèces lithophiles sédentaires à système aérien stabilisateur [Sabline à grandes fleurs (Arenaria grandiflora)…].
Les éboulis calcaires subalpins et alpins de l’Iberidion spathula- tae [Code UE : 8130] des Pyrénées.
Les éboulis siliceux subalpins des stations sèches [Galeopsion pyrenaicae ; Code UE : 8110] des Pyrénées, d’écologie et de composition floristique différentes.
Cet habitat est permanent tant qu’un équilibre s’établit entre les processus géomorphologiques (mobilité, aridité du climat) remaniant le milieu et la colonisation par les espèces végétales lithophiles spécialisées. Une tendance à une évolution vers le taillis thermophile [série du Chêne pubescent (Quercus humilis) et série du Chêne pédonculé (Quercus robur)] est souvent observée dans les Pyrénées occidentales.
Végétation chasmophytique des pentes rocheuses calcaires [Code UE : 8210].
Pelouses calcicoles écorchées à Fétuque de Gautier (Festuca gautieri) [Festucion scopariae ; Code UE : 6170].
Pelouses pérennes denses thermophiles [Festuco-Brometea ; Code Corine : 34.3].
Boisements apparentés aux chênaies thermophiles [Code Corine : 41.7].
L’habitat est bien représenté dans le centre-nord de la Péninsule
Ibérique et atteint la France dans les Pyrénées occidentales.
L’association à Linaire apparentée et Rumex à écussons se retrouve dans le Béarn et le Pays basque au moins.
L’association à Épipactis pourpre noirâtre et Linaire apparentée, décrite en territoire espagnol, serait à rechercher sur notre territoire où elle pourrait se trouver en limite d’aire.
Habitat rare endémique des Pyrénées occidentales et du centre-nord de l’Espagne. Il présente une grande valeur écologique et biologique par les conditions très particulières du milieu et le nombre d’espèces spécialisées qu’il renferme. Le cortège floristique compte plusieurs espèces endémiques pyrénéo-cantabriques ou ibériques, comme : Linaire apparentée, Linaire proche, Vesce des Pyrénées, Scrophulaire à feuilles de criste, Fausse roquette à feuilles de cresson sous-espèce de Sudre…
États à privilégier :
Stade optimal de l’habitat.
Autres états observables :
Stades appauvris et stades en voie d’évolution vers le taillis.
Il est difficile faute d’éléments d’apprécier le niveau de menace précis de l’habitat dans les Pyrénées occidentales. Des menaces de destruction directe (créations de pistes et routes, exploitation forestière, constructions diverses, piétinement et pâturage par les troupeaux, piétinement et bouleversement lors de randonnées, érosion…) et indirecte (dynamique naturelle pouvant faire évoluer l’habitat vers des pelouses et plus souvent vers des taillis, changement climatique global éventuel…) existent.
Rechercher et étudier avec précision les stations de cet habitat se trouvant en France. Affiner leur statut syntaxonomique.
Il serait intéressant de faire un suivi à long terme de ces habitats afin de connaître leur évolution éventuelle lors d’un changement climatique global.
Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)