Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Habitat de l’horizon supérieur (au-dessus de 2 700 m en géné- ral) de l’étage alpin ou cryonival (souvent considéré comme étage subnival).
Il colonise les pierriers fins et dalles rocheuses en désagrégation, par gélifraction essentiellement, aussi bien de nature carbonatée que siliceuse, couvrant en général des surfaces parfois presque horizontales ou souvent peu pentues, situées notamment au niveau des cols.
L’habitat ne présente pas d’exposition privilégiée et ses conditions topographiques lui confèrent un faible enneigement.
Les pierriers sont en général peu mobiles et restent soumis aux phénomènes cryonivaux.
La variabilité décrite est fonction de la nature lithologique des pierriers et de l’acidité de la matrice fine :
- l’association à Minuartie faux orpin et Androsace ciliée [Minuartio sedoidis-Androsacetum ciliatae], sur substrat siliceux, est également caractérisée par la présence de : Fétuque de Bordère (Festuca borderei), Saxifrage faux bryum (Saxifraga bryoides), Saxifrage pubescente (Saxifraga pubescens subsp. pubescens) ;
- l’association à Minuartie à feuilles de céraiste et Androsace ciliée [Alsino cerastiifoliae-Androsacetum ciliatae], sur substrat carbonaté, est également caractérisée par la présence de : Saxifrage d’Irat (Saxifraga pubescens subsp. iratiana).
Végétation toujours de très faible recouvrement.
La flore est peu diversifiée, constituée en majorité de chaméphytes plus ou moins pulvinées, adaptées aux conditions très rudes du biotope peu protégé par la neige en hiver, et d’hémicryptophytes.
On y trouve ainsi surtout plusieurs espèces lithophiles stabilisatrices, donc de stratégie sédentaire : à système souterrain stabilisateur [Minuartie à feuilles de céraiste (Minuartia cerastiifolia), Véronique nummulaire (Veronica nummularia)], édificatrices à système aérien stabilisateur [Gaillet des Pyrénées (Galium pyrenaicum), Leucanthémopsis des Alpes (Leucanthemopsis alpina), Saxifrage à feuilles opposées (Saxifraga oppositifolia)].
Les éboulis calcaires subalpins et alpins de l’Iberidion spathulatae [Code UE : 8130] des Pyrénées.
Les éboulis siliceux subalpins et alpins du Senecionion leucophylli [Code UE : 8130] des Pyrénées.
Les communautés des falaises siliceuses de l’étage alpin de l’Androsacion vandellii [Code UE : 8220] des Pyrénées, d’écologie et de composition floristique différentes.
Cet habitat est permanent tant qu’un équilibre s’établit entre les processus géomorphologiques (phénomènes cryonivaux) remaniant le milieu et la colonisation par les espèces végétales lithophiles spécialisées.
Végétation chasmophytique des pentes rocheuses calcaires [Code UE : 8210].
Végétation chasmophytique des parois rocheuses siliceuses [Code UE : 8220].
Communautés de combes à neige acidiphiles [Salicion herbaceae ; Code Corine : 36.11].
Communautés de combes à neige calcicoles [Arabidion caerulae ; Code Corine : 36.12].
Communautés des éboulis siliceux des étages montagnard à nival [Code UE : 8110].
Communautés des éboulis calcaires subalpins et alpins [Iberidion spathulatae ; Code UE : 8130] des Pyrénées.
Habitat endémique des Pyrénées centrales, atteignant la vallée d’Ossau à l’ouest, et la Maladetta à l’est.
Habitat original, endémique des Pyrénées centrales, ne couvrant pas en général de vastes surfaces. Il présente une grande valeur écologique et biologique par les conditions très particulières du milieu et le nombre d’espèces spécialisées qu’il renferme. Le cortège floristique compte plusieurs espèces endémiques pyrénéennes, comme : Androsace ciliée, Fétuque de Bordère, Minuartie à feuilles de céraiste, Saxifrage d’Irat, Saxifrage pubescente ; endémique pyrénéo-cantabrique comme : Véronique nummulaire ; endémique pyrénéo-ibérique, comme : Gaillet des Pyrénées.
États à privilégier :
Stade optimal de l’habitat.
Autres états observables :
Stades pionniers peu typiques et stades appauvris.
L’habitat n’apparaît pas pour l’instant globalement très menacé dans les Pyrénées. Toutefois des menaces de destruction directe (aménagement et extension de domaines skiables, piétinement et pâturage intensifs par les troupeaux, piétinement et bouleversement lors de randonnées, érosion…) et indirecte (changement climatique global éventuel…) existent.
Affiner la répartition géographique des différents syntaxons et réaliser les inventaires de la faune associée à cet habitat.
Il serait intéressant de faire un suivi à long terme de cet habitat afin de connaître son évolution éventuelle lors d’un changement climatique global.
Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)