8210-15 - Végétation des parois calcaires temporairement suintantes, de l'étage montagnard

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Habitat très spécialisé des parois calcaires verticales et en surplomb de l’horizon montagnard supérieur et atteignant l’étage subalpin. Ces parois, ne subissant en général pas d’enneigement hivernal, ne présentent pas d’exposition privilégiée, mais sont temporairement suintantes et restent humides toute l’année. Au contact des végétaux, la précipitation du carbonate de calcium a tendance à provoquer leur incrustation (tufs suintants). Ainsi, cet habitat caractéristique de sites calcaires escarpés (falaises, canyons…) se singularise par des conditions stationnelles (topographie, substrat, bioclimatologie) très particulières.

Variabilité

Une communauté est décrite, l’association à Millepertuis nummulaire et Grassette à longues feuilles [Hyperico nummulari-Pinguiculetum longifoliae].
Cette communauté pyrénéenne appartient à un ensemble d’associations vicariantes occupant des biotopes similaires, mais à basse altitude, dans d’autres régions montagneuses : par exemple l’association à Laîche à épis courts (Carex brachystachys) et Grassette à longues feuilles [Carici brachystachys-Pinguiculetum longifoliae] des Causses et des Alpes-Maritimes, et l’association à Millepertuis nummulaire et Grassette cénocantabrique (Pinguicula grandiflora subsp. coenocantabrica) des Mont Cantabriques.

Physionomie, structure

Végétation très ouverte (recouvrement dépassant rarement 30 %), toujours pauvre en espèces et occupant des surfaces variables. La flore est dominée par des hémicryptophytes et des ptéridophytes saxicoles, accompagnés de diverses algues, la plupart plaqués contre les parois et adaptés aux conditions très particulières (inclinaison, humidité, incrustation par le carbonate de calcium) du biotope. La Grassette à longues feuilles, espèce carnivore, est très souvent dominante.

Confusions possibles

Les communautés végétales des fissures de rochers ou de pieds de falaises calcaires ombragés et frais, longtemps enneigés des étages supraforestiers [Code UE : 8210] des Pyrénées.
Les communautés végétales des rochers et gélifracts basiques suintants des étages montagnard et subalpin [Code UE : 8210], dans les Pyrénées centro-occidentales.
La végétation à base de bryophytes et de fougères des parois et dalles ombragées [Anomodonto viticulosi-Polypodietea cambrici ; Code Corine : 62.1115], dont la composition floristique est très différente.

Dynamique

Cet habitat très spécialisé a un comportement pionnier et présente un caractère permanent.

Habitats associés ou en contact

Éboulis calcaires pyrénéens à Ibéris spathulé (Iberis spathulata) [Iberidion spathulatae ; Code UE : 8130].
Communautés des parois et rochers calcaires de l’étage montagnard à l’étage alpin des Pyrénées [Saxifragion mediae ; Code UE : 8210] et notamment l’association à Ramonde des Pyrénées et Neckera aplatie (Neckera complanata) [Code UE : 8210].
Pelouses calcicoles écorchées à Fétuque de Gautier (Festuca gautieri) [Festucion scopariae ; Code UE : 6170].
Hêtraies calcicoles [Cephalanthero-Fagion ; Code UE : 9150].
Hêtraies-sapinières [Code Corine : 41.14, 42.122].
Pinèdes à Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [Code Corine : 42.5].
Pinèdes à Pin à crochet (Pinus uncinata) sur calcaire [Code UE : 9430*].

Répartition géographique

Pyrénées centrales : très rare et localisée au versant français (vallée de Gavarnie notamment), assez commun sur le versant espagnol.

Valeur écologique et biologique

Habitat endémique des Pyrénées centrales calcaires renfermant plusieurs espèces présentant des niveaux divers d’endémisme : la carnivore Grassette à longues feuilles (endémique des montagnes sud-européennes), la Ramonde des Pyrénées (endémique pyrénéenne), le Réséda glauque (endémique pyrénéo-cantabrique). Sa valeur tient également beaucoup à son extrême rareté sur le versant français. Il peut constituer le biotope d’espèces d’oiseaux rupestres comme le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce protégée.

États de conservation

États à privilégier :
Tous les stades de l’habitat.

Autres états observables :
États fragmentaires.

Tendances et menaces

Cet habitat ne peut pour l’instant être considéré comme globalement menacé. Des menaces potentielles peuvent peser sur certains sites : pratique de l’escalade, travaux d’aménagements routiers, cueillettes abusives.

Axes de recherche

Préciser la répartition de l’habitat sur le territoire français et assurer un suivi des stations.
Connaître la répartition précise dans les Pyrénées, de l’Asplénium trichomanès sous-espèce à rachis épais, où il est considéré comme très rare.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Herard-Logereau K., Van Es J. & Balmain C. (coord.), 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 5 - Habitats rocheux. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 381 p. + cédérom. (Source)