3220-2 - Végétations ripicoles herbacées de la base de l'étage montagnard et de l'étage collinéen des Alpes et des Causses

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat est installé sur les bancs de galets et d’alluvions sableuses, situées le long des rivières alpines (aux étages montagnard et collinéen) et le long du Tarn et de la Dourbie (dans les Causses).
Le substrat est formé de galets calcaires ou granitiques, cimentés par une arène graveleuse sans structure. Sa partie superficielle est très aride lorsqu’elle est dépourvue de terre fine ; le pH est de l’ordre de 7.
Les crues rajeunissent fréquemment le substrat ; elles déplacent les galets et déposent de nouvelles couches d’alluvions. Les conditions sont par conséquent difficiles : il y a enfouissement sous des apports alluviaux et la végétation doit être résistante aux déchaussements et aux chocs des galets emportés par le courant rapide.

Variabilité

Un seul type de communauté a été décrit : l'association à Épilobe de Dodoens et Scrophulaire des chiens [Epilobio dodonaei-Scrophularietum caninae].
Comme variations d’ordre géographique, nous citerons :
- la race caussenarde pour laquelle deux variantes ont été iden- tifiées en fonction du substrat :
variante sur galets mobiles où l’Épilobe de Dodoens (Epilobium dodonaei subsp. dodonaei) montre son optimum,
variante sur galets fixés à Armoise champêtre (Artemisia campestris), avec des bryophytes, des plantes succulentes et des espèces xérophiles de pelouse.
Il existe un faciès caractérisé par la présence d'espèces acidiphiles descendues des Cévennes : Genêt à balais (Cytisus scoparius), Fougère aigle (Pteridium aquilinum), Germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia), Genêt purgatif (Cytisus oromediterraneus)...
- la race alpine qui n’a pour l’instant pas été décrite en France mais en Suisse ; différentielles géographiques : Épervière fausse- piloselle (Hieracium piloselloides), Silène couché (Silene uniflora subsp. prostrata)... (observée dans les Alpes du sud).

Physionomie, structure

Il s'agit d'une végétation pionnière, constituée de plantes herbacées robustes, vivaces ou bisannuelles. Le tapis végétal est très ouvert, ne recouvrant que 20 à 70% de la surface des alluvions grossières. Son développement optimal se situe en été, au début du mois d’août. On observe la dominance de l'Épilobe de Dodoens sur les galets mobiles et de l'Armoise champêtre sur les sols plus ou moins immobilisés.

Confusions possibles

Aucune confusion n'est possible localement compte tenu de l’originalité écologique, stationnelle et floristique.

Dynamique

Il s'agit d'un habitat pionnier installé sur les bancs de galets des vallées montagnardes et collinéennes dont l'évolution est directement liée à la dynamique naturelle du cours d'eau. Le maintien de l'habitat est assuré par de violentes crues qui détruisent la partie fixée du sol et sa végétation. Le substrat ainsi rajeuni est réoccupé peu à peu par la variante typique à Épilobe.
Si le substrat n'est pas bouleversé par une crue violente, il peut s'enrichir en éléments fins, ce qui conduit à une végétation plus fermée avec Artemisia campestris (Causses). Plus rarement des arbustes peuvent se développer ensuite : Bois-de-Sainte-Lucie (Prunus mahaleb), Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), Noisetier (Corylus avellana), Troène vulgaire (Ligustrum vulgare)...
La variante à Artemisia était parfois broutée.

Habitats associés ou en contact

Habitats aquatiques d'eau courante (UE 3260).
Végétation herbacée nitrophile des vases exondées (UE 3270).
Saulaies arbustives à Saule drapé (Salix elaeagnos) (UE 3240).
Aulnaies-frênaies alluviales (UE 91E0*).
Hêtraies-chênaies, hêtraies à Géranium noueux (Geranium nodosum) et Sauge glutineuse (Salvia glutinosa).
Prairies de fauche à Avoine élevée (Arrhenatherum elatius) (UE 6510).
Prairies humides à Holoschoenus (Scirpoides sp.) et Molinie bleue (Molinia caerulea) (UE 6420, UE 6410).

Répartition géographique

L'habitat a été identifié dans les Causses (vallée du Tarn, de la Dourbie). Son aire, en dehors de cette région, reste à préciser, dans les Alpes en particulier (Alpes du sud…).

Valeur écologique et biologique

Ce type d'habitat occupe de très faibles superficies. On peut noter la très grande originalité du cortège floristique qui rappelle la végétation des éboulis. L'habitat héberge des plantes rares à l’échelle régionale.

États de conservation

États à privilégier :
Variante pionnière.
Variante à Armoise champêtre.

Autres états observables :
Phase avec arbustes en cours d’évolution (à retenir comme habitat à Saule drapé, UE 3240).

Tendances et menaces

Ce type d’habitat est lié strictement au maintien de la dynamique des crues ; il s'agit des premiers groupements à disparaître lorsque le lit du cours d’eau est rectifié ou que son débit diminue.
Il peut donc être menacé par les aménagements hydrauliques modifiant le fonctionnement du cours d’eau :
- barrages hydroélectriques abaissant le niveau de l'eau et privant les torrents de leur dynamique de crues ;
- endiguements des cours d'eau (empierrement des rives…) entraînant localement la disparition de l'habitat ;
- ouvertures et exploitations de gravières.
Les aménagements touristiques peuvent entraîner une perturbation des sites (sports nautiques).
On constate également la disparition fréquente de l'habitat par les processus d’eutrophisation du cours d’eau.

Potentialités intrinsèques de production

Aucune potentialité forestière.
La variante à Armoise champêtre peut être broutée (faible valeur fourragère).

Axes de recherche

De nouvelles investigations sont nécessaires pour préciser l’aire de répartition de ce type d’habitat, en particulier dans les Alpes (éventuellement le Jura).

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)