4030-12 - Landes acidiphiles subalpines des Vosges

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étage subalpin des Vosges (altitude supérieure à 1 250 m).
Climat froid (moyenne des deux mois les plus chauds aux environs de 11°), à pluviosité élevée (précipitations supérieures à 2 000 mm), très venté (effet de crête).
Substrat de granite ou grauwackes.
Sol acide, très humifère, de type ranker cryptopodzolique à moder.
Pente nulle ou assez faible pour le type, pouvant être très élevée dans les variantes de versants.

Variabilité

Diversité typologique principale selon la topographie et l’exposition.
Sur pentes nulles à faibles : lande à Pulsatille des Alpes et Airelle des marais [Pulsatillo albae-Vaccinietum uliginosi], avec les variantes suivantes :
- sur pentes un peu ensoleillées (entre 10 et 25°) en versant sud, variante thermophile différenciée par la Bétoine alpestre (Stachys officinalis var. alpestris), le Narcisse jaune (Narcissus pseudonarcissus), la Serratule à gros capitules (Serratula tinctoria subsp. vulpii), etc. ;
- en exposition nord bien enneigée, variante à Myrtille (Vaccinium myrtillus), dans laquelle les chaméphytes sont dominants ;
- en conditions très ventées et faible accumulation neigeuse, variante à Cladonies (Cladonia sp.), Cétraire d’Islande (Cetraria islandica), Camarine noire (Empetrum nigrum) et Pied-de-chat dioïque (Antennaria dioica), dans laquelle la Callune vulgaire (Calluna vulgaris) est abondante ;
- dans les dépressions en berceau, à pente faible ou nulle où s’accumule la neige, variante à Nard raide (Nardus stricta) relativement appauvrie en espèces et sous-arbrisseaux ;
- en conditions de pâturage extensif, variante à Violette jaune (Viola lutea), dans laquelle les espèces des pelouses sont plus importantes.

Sur pente forte exposée au nord ou au nord-est, en stations très enneigées pendant plus de huit mois : lande à Luzule de Desvaux et Myrtille [Luzulo desvauxii-Vaccinietum myrtilli], chionophile, différenciée par la Luzule de Desvaux (Luzula desvauxii), et par des transgressives des mégaphorbiaies comme la Cicerbite des Alpes (Cicerbita alpina), l’Adénostyle à feuilles d’alliaire (Cacalia alliariae), l’Athyrium alpestre (Athyrium distentifolium), le Thélyptéris des montagnes (Oreopteris limbosperma), la Renouée bistorte (Polygonum bistorta). Il s’agit du groupement correspondant au microclimat le plus froid de toutes les hautes Vosges en été (la saison de végétation ne dure que trois mois environ).

Au niveau des ruptures de pente exposées au nord et bénéficiant d’un enneigement pendant sept mois environ : lande à Anémone à feuilles de narcisse et Myrtilles [Anemono narcissiflorae-Vaccinietum], à Anémone à feuilles de narcisse (Anemone narcissifolia) et dans laquelle s’introduisent également diverses espèces des mégaphorbiaies comme l’Adénostyle à feuilles d’alliaire, la Pédiculaire feuillée (Pedicularis foliosa), le Trolle d’Europe (Trollius europaeus), la Serratule à gros capitules (Serratula tinctoria subsp. vulpii), etc.

Au niveau des ruptures de pentes exposées à l’est : lande à Alisier nain et Myrtilles [Sorbo chamaemespili-Vaccinietum] caractérisées par l’Alisier nain (Sorbus chamaemespilus), l’Épervière orangée (Hieracium aurantiacum) et le Gnaphale de Norvège (Omalotheca norvegica).

Physionomie, structure

Lande dominée par des chaméphytes : Myrtille, Airelle des marais (Vaccinium uliginosum), Airelle rouge (Vaccinium vitisidaea), Callune vulgaire, Genêt poilu (Genista pilosa). La gestion pastorale y favorise les Graminées [Nard raide, Fétuque rouge, Agrostide capillaire (Agrostis capillaris), Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa)].

Confusions possibles

Avec la pelouse subalpine à Violette jaune et Nard raide (Violo luteae-Nardetum strictae) [Nardion strictae, code UE : 6230*], dont la lande à Pulsatille des Alpes et Airelle des marais se distingue par la présence de l’Airelle des marais et de la Pulsatille des Alpes (espèces liées aux rankers), l’importance plus grande des chaméphytes et plus faible des espèces de pelouses.

Dynamique

Spontanée :
Groupements primaires, stables, climaciques.

Liée à la gestion :
Une gestion pastorale extensive de la lande à Pulsatille des Alpes et Airelle des marais y détermine la variante à Violette jaune.
Si cette gestion est plus forte, mais sans fertilisation, elle conduira à une pelouse acidiphile à Violette jaune et Nard raide (Violo luteae-Nardetum strictae), variante à Myrtille.
Des amendements calcaires et une fertilisation azotée entraîneront une transition vers la variante à Trèfles de cette pelouse à Violette jaune et Nard raide.

Habitats associés ou en contact

Pelouses acidiphiles subalpines à Violette jaune et Nard raide (Violo luteae-Nardetum strictae) des zones pâturées plus ou moins intensivement [Nardion strictae, code UE : 6230*].
Hêtraies subalpines à Érable sycomore (Acer pseudoplatanus) (Aceri pseudoplatani-Fagetum sylvaticae) [Aceri pseudoplatani-Fagion sylvaticae, code UE : 9140].
Les mégaphorbiaies de versant nord à Cicerbite des Alpes et Adénostyle à feuilles d’alliaire (Cicerbito alpinae-Adenostyletum alliariae) [Adenostylion alliariae, code UE : 6430].

Répartition géographique

Hautes chaumes primaires du massif vosgien à une altitude supérieure à 1 250 m.

Valeur écologique et biologique

Très élevée car :
-il s’agit de groupements primaires déterminés par les conditions climatiques et édaphiques très particulières de cet étage subalpin des Vosges ;
-ce type d’habitat abrite de nombreuses espèces rares et protégées, ainsi que des écotypes subalpins d’espèces de basse altitude.

États de conservation

De nombreuses variantes existent en fonction des conditions microclimatiques stationnelles. Une gestion pastorale extensive de la lande à Pulsatille des Alpes et Airelle des marais sans amendements ni fertilisation induit la variante à Violette jaune, dans laquelle s’introduisent des espèces des pelouses.

Tendances et menaces

Le retournement des hautes chaumes, suivi d’un semis d’espèces prairiales, entraîne une destruction quasi irréversible de cet habitat.
L’introduction de résineux d’origine allochtone [Épicéa (Picea abies), Pin cembro (Pinus cembra)] conduit à leur invasion sur les hautes chaumes.
Une gestion pastorale extensive sans amendements, ni fertilisants azotés, de la lande à Pulsatille des Alpes et Airelle des marais permet de conserver l’originalité et la biodiversité de ce type d’habitat tout en maintenant une activité agricole traditionnelle.

Potentialités intrinsèques de production

La lande à Pulsatille fait généralement l’objet d’un pâturage extensif. Les unités qui lui sont associées sont des landes installées sur de fortes pentes et sur des versants à longue durée d’enneigement. Elles couvrent de faibles étendues et n’ont qu’un faible intérêt pastoral.

Axes de recherche

Étudier les modes de gestion conservatoire les plus appropriés aux landes primaires à Pulsatille blanche.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)