4030-13 - Landes acidiphiles montagnardes du Massif central

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étage montagnard de 800 à 1500 m, avec un optimum entre 1100 et 1250 m.
Déterminisme essentiellement pédoclimatique.
Exposition en général d’ubac, mais il est possible de trouver ces landes acidiphiles dans toutes les expositions si le sol est favorable à leur développement.
Roches-mères soit volcaniques, de composition chimique de type basaltique, trachytique ou andésique, massives ou de projection, soit cristallines.
Sols acides du groupe des « podzosols » en général.
Pentes faibles à fortes, généralement convexes.

Variabilité

Diversité typologique surtout étudiée sur substrats volcaniques, avec les variations édaphiques suivantes :
- sur sol pauvre : lande à Lycopode petit cyprès et Genêt d’Angleterre [groupement à Diphasium tristachyum et Genista anglica] avec : Lycopode petit cyprès (Diphasiastrum tristachyum), Genêt anglais (Genista anglica);
- sur sol tassé : lande à Gentiane jaune et Myrtille [Gentiano luteae-Vaccinietum myrtilli] avec : Nard raide (Nardus stricta), Myrtille (Vaccinium myrtillus), Gentiane jaune (Gentiana lutea);
- sur sol peu profond à texture grossière, se développant sur des pentes moyennes, concaves et en ubac : lande à Gaillet des rochers et Myrtille [Galio saxatilis-Vaccinietum myrtilli] avec : Gaillet des rochers (Galium saxatile), Myrtille et Callune vulgaire (Calluna vulgaris).

Sur substrats cristallins existent des landes montagnardes équivalentes et assez proches des précédentes, souvent codominées par la Myrtille, le Genêt poilu (Genista pilosa) et la Callune vulgaire. Leur identité précise reste à étudier dans l’ensemble du Massif central, ainsi que leurs variations altitudinales. La lande à Myrtille et Genêt poilu [Vaccinio myrtilli-Genistetum pilosae], décrite du montagnard supérieur du Forez aux limites de l’étage subalpin, pourrait représenter un type central largement répandu sur substrats cristallins et assez peu différent de la lande à Gaillet des rochers et Myrtille des sols volcaniques.

Physionomie, structure

Landes diversement dominées par les arbrisseaux nains comme la Myrtille, le Genêt d’Angleterre, le Genêt poilu et la Callune vulgaire, avec un recouvrement variable, de faible (35 %) à fort (100 %), avec une hauteur faible (20 à 30 cm en général).
Strate arborée à faible recouvrement, à Pin sylvestre (Pinus sylvestris), Hêtre (Fagus sylvatica), Noisetier (Corylus avellana), Épicéa (Picea abies) et Alouchier (Sorbus aria).

Confusions possibles

Landes montagnardes thermophiles à Genêt sagitté (Genista sagittalis) [Calluno vulgaris-Arctostaphylion uvae-ursi, code UE : 4030].
Pelouses acidiphiles à Nard raide pour la lande des sols tassés à Gentiane jaune et Myrtille [Violion caninae et Galio saxatilis-Festucion filiformis, code UE : 6230*].

Dynamique

Spontanée :
Les différentes landes de cet habitat se différencient grâce aux variations édaphiques principalement, mais aussi par des variations topographiques et d’exposition. Ces landes à chaméphytes sont issues du défrichement de la hêtraie montagnarde (dynamique régressive). Normalement, ces landes bloquent la germination du Hêtre. Toutefois une pinède à Pin sylvestre peut s’installer et se fermer, provoquant alors une diminution de la vitalité des chaméphytes, ce qui autorise une germination des hêtres et un retour de la forêt.

Liée à la gestion :
Le recouvrement des arbrisseaux est directement déterminé par la pratique du pâturage extensif ou de l’abandon de celui-ci. Ainsi le pâturage limite l’extension de cet habitat. Inversement la diminution de la pression de pâture favorise le développement des chaméphytes avec un risque de blocage qui empêcherait, ou tout au moins ralentirait, le retour de la forêt.

Habitats associés ou en contact

Forêts de Hêtre et pinèdes à Pin sylvestre.
Landes acidiphiles subalpines à Myrtille et Airelle à petites feuilles (Vaccinium uliginosum subsp. microphyllum) [Genisto pilosae-Vaccinion uliginosi, code UE : 4030].
Landes thermophiles à Fétuque filiforme (Festuca filiformis) et Callune vulgaire [Calluno vulgaris-Arctostaphylion uvae-ursi, code UE : 4030].
Pelouses acidiphiles du Diantho sylvatici-Meetum athamantici et du Prunello hastifoliae-Scorzoneretum humilis [Violion caninae, code UE : 6230*].

Répartition géographique

Étage montagnard du Massif central.

Valeur écologique et biologique

Cet habitat est actuellement en phase d’extension au niveau des surfaces colonisées. Il ne présente pas de caractère de rareté, mais la présence de deux espèces remarquables de la famille des Lycopodiacées (Diphasiastrum tristachyum et Diphasiastrum x issleri) lui donne une valeur écologique forte. Cet habitat est représenté par de nombreux faciès et seule la lande oligotrophe où ces espèces ont été relevées, présente un intérêt floristique fort. Les autres landes présentent un intérêt au niveau dynamique de la végétation pour un retour à la forêt montagnarde dans cette région. De plus une colonisation résineuse est possible à partir d’anciennes plantations RTM.

États de conservation

États à privilégier :
Lande oligotrophe à Lycopode petit cyprès et Genêt d’Angleterre à richesse floristique exceptionnelle du fait de la présence de différentes espèces de Lycopodes.
Diverses landes à Myrtille avec leurs faciès ayant évolué en fonction du pédoclimat et l’exposition : -landes des sols tassés à Nard raide ; -landes d’adret, sur des pentes fortes, à Séneçon à feuilles d’adonis ; -landes des sommets, sur des pentes faibles, à Gaillet des rochers ; -landes sur podzosols, développées sur pentes moyennes convexes, à Saule marsault ; -landes sur andosols, développées sur des pentes plutôt concaves, à Œillet de Montpellier.
Autres états observables :
Landes en phase d’extension sur les pelouses et anciens pâturages proches.
Landes contenant des espèces forestières et représentant un stade de la dynamique de retour à la forêt.

Tendances et menaces

L’évolution probable de ces landes à Myrtille se fera vers la forêt de Hêtre. Cependant un passage par un stade de pinède à Pin sylvestre est à envisager. Le développement de cette pinède permettra la régression des chaméphytes constituant cet habitat, et donc la diminution de l’effet inhibiteur de ces landes sur la germination des plantules de Hêtre. De plus une colonisation résineuse à partir d’anciennes plantations RTM est possible.

Potentialités intrinsèques de production

Habitat soumis traditionnellement au pâturage ovin.
Plus la lande est recouvrante, moins son intérêt pastoral est important (ligneux peu appétents).
Sur les terrains à plus forte pression de pâturage, il est possible qu’apparaissent des espèces herbacées « sélectionnées » comme le Nard raide ou la Fétuque filiforme.
Le potentiel fourrager peut permettre un chargement annuel compris entre 0,3 et 0,6 UGB/ha/saison de pâturage.
La Callune vulgaire possède également une valeur très élevée pour l’apiculture (transhumance apicole). Son intérêt dépend du taux de recouvrement de celle-ci, de l’intensité de sa floraison et de la production du nectar. La sécrétion du nectar est plus forte chez les jeunes plantes. La floraison est maximale dans les landes âgées de 5-15 ans environ. L’intérêt apicole est maximal entre la douzième et la quatorzième année après ouverture.

Axes de recherche

Absence de données.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)