Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage collinéen entre 200 et 400 m d’altitude.
Climat semi-continental marqué par des hivers froids (plus de 100 jours de gel par an) et une pluviosité moyenne (environ 900 mm/an).
Substrat gréseux (grès vosgien ou alluvions sableuses).
Sol acide de type ocre-podzolique, à pH de l’horizon superficiel inférieur à 5.
Milieu mésophile à méso-hygrophile oligotrophe.
Un type principal décrit du pays de Bitche : lande à Daphné camélée et Callune vulgaire [Daphno cneori-Callunetum vulgaris] avec les variantes suivantes :
- variante de lande pionnière, juvénile, consécutive au feu, au compactage ou à l’étrépage accidentel, différenciée par des espèces des pelouses acidiphiles comme le Nard raide (Nardus stricta), le Polygale vulgaire (Polygala vulgaris), le Pied-de-chat dioïque (Antennaria dioica), l’Arnica des montagnes (Arnica montana) et des pelouses à thérophytes : Épervière piloselle (Hieracium pilosella), Patience petite oseille (Rumex acetosella agg.), etc. ;
- variante de lande vieillie sur humus plus épais, à Laîche faux panic (Carex panicea) et Dactylorhize tacheté (Dactylorhiza maculata), en voie d’évolution vers des pinèdes ;
- variante hygrophile à Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), assurant la transition avec les landes tourbeuses.
Les landes acidiclines subcontinentales, marquées notamment par la présence du Genêt d’Allemagne (Genista germanica) et du Genêt des teinturiers (Genista tinctoria) ont été très peu étudiées en France, en dehors du pays de Bitche. Potentiellement, l’habitat paraît exister sur divers substrats acidiclines (sablonneux, issus de la décalcification de calcaires) dans l’est de la France, depuis l’Aisne jusqu’aux frontières allemande et suisse, ainsi que sur la bordure nord-est du Massif central. Dans le Jura au moins de telles landes acidiclines ont été mentionnées ponctuellement et rapportées à la lande à Pied-de-chat dioïque et Callune vulgaire [Antennario dioicae-Callunetum vulgaris] surtout connue d’Allemagne et de Belgique.
Lande dominée par des chaméphytes [Callune vulgaire (Calluna vulgaris), Genêt poilu (Genista pilosa)], accompagnés par la Fougère aigle (Pteridium aquilinum), divers ligneux colonisateurs (Chênes, Bouleaux, Pins) et de nombreuses espèces herbacées.
La physionomie ainsi que la richesse floristique varient beaucoup en fonction du stade dynamique, les landes pionnières rases consécutives à un incendie, un débroussaillage ou un étrépage étant sensiblement plus riches que les landes hautes vieillies, dominées par la Callune vulgaire et la Fougère aigle.
Avec la lande sèche à Callune vulgaire et Genêt poilu (Calluno vulgaris-Genistetum pilosae), beaucoup plus pauvre en espèces, localisée sur les sables plus grossiers et plus acidiphiles [Genisto pilosae-Vaccinion uliginosi, code UE : 4030].
Avec la lande tourbeuse à Jonc rude (Juncus squarrosus) et Sphaigne compacte (Sphagnum compactum), également bien plus pauvre sur le plan floristique.
Landes acidiphiles résultant de déboisements anciens de chênaies à Luzule blanchâtre (Luzulo luzuloidis-Quercetum petraeae), qui constituent le climax climatique de ce territoire. Cette lande était autrefois entretenue par une gestion pastorale et forestière extensive.
L’intensification de la sylviculture et de l’agriculture a conduit à sa disparition progressive de ce territoire, à l’exception du terrain militaire de Bitche où elle est maintenue grâce aux activités militaires (circulation de chars qui crée des espaces ouverts non boisés).
L’arrêt de ces activités qui assurent le maintien ou la reconstitution de landes juvéniles conduit à leur vieillissement et à leur boisement spontané, par les Chênes ou le Pin sylvestre (Pinus sylvestris).
Landes sèches acidiphiles à Callune vulgaire et Genêt poilu (Calluno vulgaris-Genistetum pilosae) [Genisto pilosae-Vaccinion uliginosi, code UE : 4030].
Landes tourbeuses à Jonc rude et Sphaigne compacte [code Corine : 37.32].
Chênaies à Luzule blanchâtre, Luzula luzuloides (Luzulo luzuloidis-Quercetum petraeae) [Quercenion robori-petraeae, code : 41.57].
Pineraies à Leucobryum glaucum (Leucobryo glauci-Pinetum sylvestris) [Dicrano undulati-Pinion sylvestris, code Corine : 42.5212].
Type principal semblant endémique du pays de Bitche et du Palatinat voisin, par suite de conditions biogéographiques et climatiques particulières (caractère continental), ne subsistant pratiquement plus aujourd’hui que sur le terrain militaire de Bitche.
Habitat à étudier, à rechercher ailleurs dans l’est de la France, connu ponctuellement du Jura.
Landes subcontinentales, vicariantes des landes mésohydriques atlantiques, présentant un grand intérêt biogéographique. Grande diversité floristique, présence de nombreuses espèces rares et protégées : Pulsatille du printemps, Daphné camélée, Lycopode petit cyprès, Porcelle tachetée, Gentiane pneumonanthe, etc. La Pulsatille du printemps et la Porcelle tachetée sont en voie de disparition ; le Daphné camélée, le Lycopode petit cyprès et la Gentiane pneumonanthe se maintiennent relativement bien sur le réceptacle de tir du terrain militaire.
États à privilégier :
Lande juvénile rase qui représente l’état le plus riche de l’habitat, par l’abondance des espèces pionnières, comme l’Arnica des montagnes, le Pied-de-chat dioïque ou le Lycopode petit cyprès. Le maintien de cette lande juvénile nécessite des activités de régénération, qui éliminent les Callunes âgées et favorisent ainsi les espèces pionnières.
Autres états observables :
Néant.
Disparition en dehors du terrain militaire par suite des mutations et de l’intensification de l’agriculture et de la sylviculture au cours du XXe siècle.
Maintien actuel de stades juvéniles optimaux sur le réceptacle de tir du terrain militaire, soumis à des incendies réguliers (tous les cinq à dix ans) et au passage fréquent de chars qui régénèrent la lande, mais régression très nette depuis vingt ans dans les zones périphériques du terrain militaire (Main-du-Prince, Schnitz, Rochatte) par suite de la diminution des exercices d’artillerie ayant entraîné la colonisation des landes par le Pin sylvestre.
La valeur pastorale des landes à Callune dépend directement de leur âge, les plus jeunes ayant la valeur pastorale la plus élevée. Après réouverture, le tapis herbacé, dominé par des espèces des pelouses acidiphiles (Nard, Polygale vulgaire, Pied-de-Chat, Arnica), peut se développer à nouveau jusqu’au retour de la Callune (deux à trois ans pour une lande jeune), de la Fougère aigle et progressivement des ligneux (Chêne, Pin sylvestre).
Le développement du tapis herbacé aux stades les plus jeunes de la lande permet d’augmenter sa valeur pastorale et de la rendre plus appétente pour le bétail.
Contrairement à d’autres ligneux bas, la Callune est pâturée, surtout à l’automne quand elle est en fleur et que les autres ressources fourragères commencent à s’épuiser sur l’estive. Il y a donc un intérêt pastoral certain à la régénération de la Callune.
Absence de données.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)