Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage montagnard, jusqu’à 1 500 m.
Climat de transition à hivers rigoureux : influence du climat subméditerranéen et d’un courant océanique.
Exposition d’adret en général.
Sur des pentes convexes et sur des pentes faibles des sommets, ainsi que sur des pentes concaves situées en bas de versant.
Roches-mères basaltiques et volcaniques, au sommet sous forme d’arènes, et, sous 800 m d’altitude, roches-mères siliceuses (gneiss, leptinyte…).
Sols peu profonds à texture grossière (groupe des lithosols) ou sols plus profonds du groupe des colluviosols.
Diversité typologique encore peu connue dans son ensemble, surtout étudiée sur substrats volcaniques, avec les variations pédoclimatiques suivantes :
- sur substrats érodés : lande à Fétuque filiforme et Callune vulgaire [Festuco filiformis-Callunetum vulgaris], avec Fétuque filiforme (Festuca filiformis) et Callune vulgaire (Calluna vulgaris). Lorsque les sols deviennent peu profonds et à texture grossière, apparition de Fétuque rouge (Festuca gr. rubra) et Genévrier commun (Juniperus communis);
- sur colluviosols profonds en bas de pente : landes à Genêt à balais (Cytisus scoparius) et Genêt scorpion (Genista scorpius) et sur des sols plus mésophiles, à Genêt sagitté (Genista sagittalis) et Méum fausse athamante (Meum athamanticum).
D’autres landes montagnardes thermophiles plus ou moins proches des précédentes existent dans la partie sud et est du Massif central, notamment sur substrats cristallins. Elles sont souvent pénétrées par le Genêt purgatif (Cytisus oromediterraneus) et leur identité précise reste à étudier dans l’ensemble du Massif central.
Landes hautes, à recouvrement moyen (70 %), dominées par la Callune vulgaire et le Genêt poilu (Genista pilosa) sur les sols peu profonds, ou à fort recouvrement (100 %) et dominées par le Genêt à balais ou par le Genêt scorpion sur des sols plus profonds.
Strate ligneuse absente ou à recouvrement faible de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), Genévrier commun, Genêt à balais, parfois Genêt purgatif et quelques rares plants de Hêtre (Fagus sylvatica).
Strate herbacée très pauvre parfois dominée par le Brachypode penné (Brachypodium pinnatum) sur substrats volcaniques ou le Nard raide (Nardus stricta).
La lande à Fétuque filiforme et Callune vulgaire est proche des landes ouvertes du Galio saxatilis-Vaccinietum myrtilli [Genisto pilosae-Vaccinion uliginosi, code UE : 4030] développées en conditions plus fraîches. Les espèces qui la différencient sont le Genévrier commun et le Genêt à balais.
Cette lande peut éventuellement être confondue avec la pelouse acidicline à Renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus) et Brachypode penné (Ranunculo bulbosii-Brachypodietum pinnati) [Chamaespartio sagittalis-Agrostidenion tenuis, code UE : 6210], très proche écologiquement et floristiquement. La Fétuque filiforme est différentielle entre ces deux associations.
Spontanée :
Le déterminisme des différents groupements de végétation constituant cet habitat est essentiellement pédoclimatique. Cependant il y a un effet climatique limitant l’installation des landes à Genêt à balais dans la partie centrale du massif : la récurrence de fortes gelées qui frappent et anéantissent ces peuplements.
Cet habitat est représentatif dans le sud du Massif central de la dégradation de la hêtraie. L’évolution naturelle de ces landes àÉricacées et Genêts est relativement lente. Les variantes sur sols profonds peuvent cependant être considérées comme des stades préforestiers de la hêtraie ou de la pinède à Pin sylvestre.
Forêts de Hêtre en ubac et de Pin sylvestre en adret.
Plantations résineuses des RTM.
Landes hautes à Fougère aigle (Pteridium aquilinum) et Genêt à balais [Cytisetea scopario-striati].
Landes montagnardes à Myrtille (Vaccinium myrtillus) et Callune vulgaire [Genisto pilosae-Vaccinion uliginosi, code UE : 4030].
Pelouses acidiphiles montagnardes du Diantho sylvatici-Meetum athamantici [Violion caninae, code UE : 6230*].
Sud, centre et est du Massif central.
Les landes sur sols profonds représentent un stade préforestier favorable au retour de la forêt (hêtraie) qui du fait des activités agricoles, pastorales et humaines a presque totalement disparu des étages d’altitude du Massif central.
La lande à Fétuque filiforme et Callune vulgaire sur sols peu profonds et sur des pentes en adret est un groupement typique des versants xérophiles du Massif central.
États à privilégier :
Landes dépendantes de la profondeur des sols représentant soit des stades préforestiers, soit un habitat typique, riches en différentes espèces de Genêt notamment.
Autres états observables :
Landes colonisées par des espèces de la hêtraie, ou des résineux provenant d’anciennes plantations RTM.
L’évolution de ces landes se fera probablement vers la forêt, notamment pour les landes sur sols profonds, permettant un enracinement et une alimentation en eau des semis forestiers.
Cependant dans le massif du Mézenc, une colonisation résineuse à partir des anciennes plantations RTM est possible.
La lande à Callune et Genêt pileux est le témoin de l’abandon des pratiques pastorales des vallées d’altitude, autrefois très répandues. Difficilement accessible compte tenu de son fort recouvrement en espèces de landes, elle a, de plus, un très faible intérêt pastoral (strate herbacée très pauvre dominée par le Brachypode penné et le Nard). Pour le pastoraliste, l’objectif serait donc de limiter son extension pour préserver l’économie locale, l’intérêt paysager…
Cependant, contrairement à d’autres ligneux bas, la Callune peut être pâturée, surtout à l’automne quand elle est en fleur et que les autres ressources fourragères commencent à s’épuiser sur l’estive. La valeur pastorale des landes à Callune dépend directement de leur âge, les plus « jeunes » ayant une appétence plus élevée (développement du tapis herbacé rendu possible par la réouverture de la lande jusqu’au retour de la Callune - deux à trois ans pour une lande jeune) ; l’intérêt pastoral est maximal entre la cinquième et la dixième année après l’ouverture de la lande.
Sur des surfaces réduites, l’habitat peut constituer un milieu intéressant lorsqu’il est associé à des espèces remarquables, comme le Raisin d’ours (Arctostaphylos uva-ursi) et la Pulsatille vulgaire (Pulsatilla vulgaris).
Des expérimentations de gestion par débroussaillage, pâturage et feu courant sont en cours (massifs cantaliens du parc des Volcans).
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)