Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Landes sous forte influence océanique, présentes de l’étage planitiaire à collinéen.
Situations topographiques variées sur plateaux, pentes, replats.
Roches-mères siliceuses diverses : roches massives (grès, schistes et quartzites, granites) ou sables siliceux ; substrats oligotrophes très acides à pH < 4,5.
Sols podzoliques à pseudogleys à faible profondeur, à humus brut (mor ou moder), jamais tourbeux.
Diversité typologique principale biogéographique et climatique :
- sous climat hyperatlantique frais, lande à Ajonc de Le Gall et Bruyère ciliée [Ulici gallii-Ericetum ciliaris], à Ajonc de Le Gall (Ulex gallii); -sous climat atlantique frais, lande à Ajonc nain et Bruyère ciliée [Ulici minoris-Ericetum ciliaris];
- sous climat atlantique frais et sur serpentines, lande à Molinie bleue et Bruyère vagabonde [Molinio caeruleae-Ericetum vagantis], à Bruyère vagabonde (Erica vagans);
- sous climat thermo-atlantique du Sud-Ouest, lande à Avoine de Thore et Bruyère ciliée [Arrhenathero thorei-Ericetum ciliaris], à Bruyère à balais (Erica scoparia), Lithodore couché (Lithodora prostrata), Ail des bruyères (Allium ericetorum);
- sous climat thermo-atlantique du Centre-Ouest, lande à Scorzonère humble et Bruyère ciliée [Scorzonero humilis-Ericetum ciliaris], proche de la précédente ;
- sous climat atlantique atténué du Poitou à la Sologne, lande à Ajonc nain et Bruyère à balais [Ulici minoris-Ericetum scopariae].
Variations secondaires selon l’humidité du substrat, en liaison avec le plafond du pseudogley : variantes xéro-mésophiles [présence localement de la Bruyère cendrée (Erica cinerea)] à mésohygrophiles [présence en faible abondance de la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix)].
Landes à Bruyères (de hauteur moyenne), herbacées (alors rases et dominées par des Poacées) ou hautes (< 1,5 m, dominées par des Ajoncs et/ou la Bruyère à balais).
La Bruyère ciliée (Erica ciliaris) est l’espèce constante de la lande avec l’Ajonc de Le Gall (Ulex gallii) ou l’Ajonc nain (Ulex minor), espèces vicariantes.
L’aspect herbacé est souligné soit par l’Agrostide de Curtis (Agrostis curtisii), l’Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium) ou la Molinie bleue (Molinia caerulea). La Callune vulgaire (Calluna vulgaris) est souvent discrète bien que parfois dominante après régénération suite à des mises en culture temporaires. Après fauche et étrépage, les autres chaméphytes et nanophanérophytes dominent. La Fougère aigle (Pteridium aquilinum) peut parfois marquer un faciès caractéristique d’une dégradation en cours ou potentielle.
Les faciès herbeux des landes mésophiles peuvent s’enrichir en espèces des pelouses oligotrophes acidiphiles des Nardetea strictae [Agrostion curtisii, code UE : 6230*] par action répétée des fauches et du piétinement extensif.
La co-abondance de la Bruyère ciliée et de la Bruyère à quatre angles entraîne l’appartenance aux landes humides méridionales à Bruyère à quatre angles et Bruyère ciliée [Ulici minoris-Ericenion ciliaris, groupe d’associations : Ulici-Ericeta tetralicis, code UE : 4020*].
L’abondance de la Bruyère cendrée entraîne l’appartenance aux landes atlantiques subsèches à Ajonc nain [Ulici minoris-Ericenion cinereae, groupe d’associations : Ulici minoris-Ericeta cinereae, code UE : 4030] ou hyperatlantiques à Ajonc de Le Gall [Ulici minoris-Ericenion cinereae, groupe d’associations : Ulici gallii-Ericeta cinereae, code UE : 4030].
En Pays basque collinéen, la lande à Ajonc de Le Gall et Bruyère ciliée semble vicariante à basse altitude des landes à Daboécie et Ajonc de Le Gall, en altitude supérieure [Daboecion cantabricae, code UE : 4030].
Spontanée :
Fourrés préforestiers à « brande » (Bruyère à balais), à Ajoncs, ou à Bourdaine et Saules (Salix pl. sp.) si le potentiel édaphique est meilleur pour la croissance des phanérophytes et si les porte-graines sont présents à faible distance.
Pinèdes à Pin maritime (Pinus pinaster) et/ou Pin sylvestre (Pinus sylvestris) dans le contexte des plantations de ces essences résineuses depuis la moitié du XIXe siècle (par exemple : landes de Lanvaux, de Gascogne).
Liée à la gestion :
Les écobuages sur stations de bas ou de faible pente ont parfois contribué à une dynamique des landes humides, voire des tourbières de pentes par exemple dans les monts d’Arrée via la modification de la structure du sol.
Les incendies de type feu d’humus peuvent conduire soit à un remplacement par des végétations à bryophytes ou à Molinie bleue, pauvre en espèces, soit à la genèse de fourrés à Bouleaux (Betula pl. sp.) et/ou Saules en cas d’opportunités de dispersion de ces essences.
Les landes fraîches s’inscrivent le plus souvent dans le continuum des landes sèches aux landes humides, voire tourbeuses. Selon des modifications microtopographiques elles peuvent contenir des landes sèches ou humides en mosaïque, ou s’inscrivent elles-mêmes comme élément de la mosaïque dans celles-ci.
Les pinèdes et les bois clairs oligotrophes plus ou moins dégradés offrent des clairières où les landes fraîches peuvent s’installer, mais elles y sont peu stables et souvent pauvres en espèces.
Habitat s’inscrivant globalement dans le domaine de répartition de la Bruyère ciliée, soit du nord de la Bretagne jusqu’au piémont du Pays basque. Quelques irradiations vers l’est se situent en Mayenne, Touraine et Haute-Vienne.
Lande à Ajonc de Le Gall et Bruyère ciliée : basse Bretagne.
Lande à Ajonc nain et Bruyère ciliée : haute Bretagne à ouest du Bassin parisien.
Lande à Molinie bleue et Bruyère vagabonde : Limousin.
Lande à Avoine de Thore et Bruyère ciliée : Gascogne.
Lande à Scorzonère humble et Bruyère ciliée : nord aquitanien à ouest ligérien.
Lande à Ajonc nain et Bruyère à balais : du Poitou à la Sologne occidentale.
En liaison avec la dynamique des boisements en essences exotiques (Pins, Épicéa), ces landes ont fortement régressé en nombre et en superficie. Elles abritent des communautés végétales et animales à faible richesse spécifique mais contenant des espèces à haute valeur patrimoniale. Bien que secondaires dans leur quasi-totalité, elles sont le refuge d’espèces rares du fait des contraintes de l’habitat et sont souvent menacées en raison des dynamiques spontanées ou provoquées.
Espèces protégées au niveau régional (Bretagne) : Allium ericetorum, Lithodora prostrata, Serratula tinctoria subsp. seoanei, Adenocarpus complicatus.
Ces landes constituent des habitats essentiels pour l’avifaune avec statut de protection national.
Espèces de la directive « Oiseaux » : Circus pygargus (Busard cendré), Circus cyaneus (Busard Saint-Martin), Sylvia undata (Fauvette pitchou), Caprimulgus europaeus (Engoulevent d’Europe).
Espèces protégées au niveau national : Ancanthis cannabina (Linotte mélodieuse), Numenius arquata (Courlis cendré), Saxicola torquata (Traquet pâtre) ; ainsi que quelques reptiles : Vipera berus (Vipère péliade), Coronella austriaca (Coronelle).
États à privilégier :
Landes de taille moyenne (environ 0,5 m) dominées par les Bruyères et constituant la physionomie type de cet habitat, mais respecter, si la superficie du site le permet, différents stades dynamiques, plus herbacés ou plus hauts, favorisant des micro-habitats diversifiés pour la faune (exemple des monts d’Arrée en Bretagne, expérience OGAF).
Landes rases (< 0,5 m) en secteur littoral associant Bruyères et Ajoncs (plateau arrière littoral breton, exemple : Crozon, Fréhel, Erquy) de très grande stabilité et de haute valeur paysagère.
Dynamique d’enfrichement accrue en cas de faible superficie et au sein d’un paysage boisé (apport de semences en liaison avec des perturbations spontanées ou provoquées).
Régression par boisement en essences résineuses bien que la productivité de ces peuplements soit faible, voire nulle, et avec risques accrus de feux ou de chablis sur les sols hydromorphes.
Cet habitat peut être valorisé dans le cadre de filières agricoles traditionnelles extensives. Ces landes fraîches peuvent être fauchées et fournir des produits susceptibles de servir de litière ou de fourrage pour le bétail, de matière première pour la production de compost ou d’amendements organiques. Des filières expérimentales sont actuellement à l’essai comme l’utilisation des produits de fauche de lande en mélange avec du lisier pour la fabrication du compost.
Absence de données.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)