Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages collinéen et montagnard de type subméditerranéen (600 à 1 800 m).
Séries de végétation : série subméditerranéenne occidentale du Chêne pubescent, série intra-alpine du Chêne pubescent et série supérieure du Pin sylvestre.
Pentes variables de 5 à 60 ° mais souvent assez raides.
Expositions presque toujours chaudes, à savoir sud, sud-est, sud-ouest, ouest.
Roches-mères : calcaires compacts, calcaires marneux, marnocalcaires, marnes, schistes.
Sols caillouteux, pauvres en terre fine, rendzines initiales et rendzines avec en surface de gros blocs calcaires.
Variations principales de type altitudinal et géographique.
À l’étage collinéen de type subméditerranéen (jusqu’à la base du montagnard) des Alpes internes : lande à Lavande à feuilles étroites et Armoise blanche [Lavandulo angustifoliae-Artemisietum albae], lande substeppique comprise entre 800 et 1 300 m, caractérisée et différenciée des autres lavandaies par la Crapaudine romaine (Sideritis romana), une forme particulière du Calament népéta (Calamintha nepeta f. nepetoides), l’Aspérule aristée (Asperula aristata), le Ptychotis saxifrage (Ptychotis saxifraga), la Lomélosie à feuilles de graminée (Lomelosia graminifolia), l’Odontitès jaune (Odontites luteus) ; cette variation fait la transition avec les pelouses steppiques subcontinentales des vallées internes ouest-alpines du Stipo capillatae-Poion carniolicae.
À l’étage collinéen de type subméditerranéen (jusqu’à la base du montagnard) des Alpes externes : lande à Euphorbe épineuse et Genêt cendré [Euphorbio spinosae-Genistetum cinereae] : lande subméditerranéenne comprise entre 600 et 1500 m, caractérisée et différenciée des autres lavandaies par l’Euphorbe épineuse (Euphorbia spinosa), l’Orpin de Nice (Sedum sediforme), la Saponaire faux basilic (Saponaria ocymoides), l’Aristoloche fibreuse (Aristolochia pistolochia).
À l’étage montagnard de type subméditerranéen des Alpes externes (jusqu’à la base du subalpin) : lande à Pigamon fétide et Séneçon doronic [Thalictro foetidi-Senecietum doronici] : lande méditerranéo-montagnarde comprise entre 1 200 à 1 800 m, caractérisée et différenciée des autres lavandaies par la Germandrée luisante (Teucrium lucidum), l’Épervière tomenteuse (Hieracium tomentosum), le Millepertuis verticillé (Hypericum coris), le Pigamon fétide (Thalictrum foetidum), le Séneçon doronic (Senecio doronicum), l’Euphorbe de Barrelier (Euphorbia barrelieri).
Structure complexe : mosaïque associant une lande (lavandaie, génistaie) et une pelouse calcicole ; c’est la pelouse qui doit être privilégiée dans la gestion de cet habitat (pâturage extensif) parce que c’est elle qui abrite l’essentiel des espèces remarquables.
Recouvrement de la végétation très variable allant de 30 à 90 % (en moyenne de 60-70 %).
Bien que la formation soit calcicole, elle a plus la physionomie d’une lande que d’une garrigue.
Lande à structure bi-strate : strate haute plus ou moins formée par de petits arbustes érigés tels que la Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia), le Genêt cendré (Genista cinerea) ou la Sarriette des montagnes (Satureja montana), strate basse constituée de plantes vivaces graminéennes ou ligneuses ; ces dernières sont le plus souvent prostrées ou avec un port en coussinet pour les landes les plus altitudinales.
Lande parfois piquetée par des arbustes plus élevés tels que le Genévrier commun (Juniperus communis), le Buis (Buxus sempervirens) et même par des arbres comme le Pin sylvestre (Pinus sylvestris).
Avec les lavandaies de basse Provence [Lavandulo angustifoliae-Genistenion cinereae] également riche en Genêt cendré [codes Corine : 32.61 et 32.62, habitats non d’intérêt communautaire].
Spontanée :
Les différentes landes concernées pourraient s’inscrire dans les séries progressives dynamiques suivantes :
- éboulis à Stipe calamagrostide → (pelouse substeppique)
lande à Lavande à feuilles étroites et Armoise blanche
fruticée du Berberidion vulgaris (Berberido vulgaris-Prunetum brigantiacae) → chênaie pubescente des vallées internes des Alpes (phases pionnières ou de substitution à Pin sylvestre notamment dans la partie supérieure de l’étage) ;
- éboulis à Stipe calamagrostide → (pelouse calcicole) → lande à Euphorbe épineuse et Genêt cendré → buxaie sur calcaires compacts ou génistaie cendrée sur marnes et calcaires marneux → chênaie pubescente externe (très importants faciès de substitution à Pin sylvestre) ;
- éboulis à Stipe calamagrostide → (pelouse à Avoine toujours verte) → landine à Globulaire à feuilles cordées → lande à Pigamon fétide et Séneçon doronic → buxaie, junipéraie sur calcaires compacts ou génistaie cendrée sur marnes et calcaires marneux → pinèdes sylvestres externes (Buxo sempervirentis-Pinetum sylvestris et d’autres associations).
Liée à la gestion :
Extension actuelle des lavandaies substeppiques des Alpes internes (lande à Lavande à feuilles étroites et Armoise blanche) en relation avec l’exploitation humaine des fonds de vallées. Les surfaces qu’elles occupent aujourd’hui ont subi une forte pression humaine ancestrale. Elles ont été longtemps cultivées. Par la suite elles furent utilisées comme pâturage d’intersaison (printemps et automne). Actuellement cette pratique persiste encore mais avec une charge pastorale moindre. Certaines parcelles sont toutefois peu ou pas exploitées et on y observe la reprise d’une dynamique progressive.
Reboisement en Pin noir d’Autriche des landes à Euphorbe épineuse et Genêt cendré.
Pâturage d’été pour les landes les plus élevées en altitude.
Éboulis méditerranéens occidentaux et thermophiles des Alpes, plus particulièrement les éboulis thermophiles péri-alpins [Stipion calamagrostis, code UE : 8130].
Pelouses steppiques subcontinentales [Stipo capillatae-Poion carniolicae, code UE : 6210].
Landes oroméditerranéennes endémiques à genêts épineux [code UE : 4090].
Formations de Juniperus communis sur landes ou pelouses calcaires [code UE : 5130].
Pinèdes du Cephalanthero rubrae-Pinion sylvestris ou de l’Ononido rotundifolii-Pinion sylvestris (habitats non d’intérêt communautaire) [codes Corine : 42.591 et 42.53].
Lande à Lavande à feuilles étroites et Armoise blanche : seulement dans le département des Hautes-Alpes : vallée de la haute Durance entre Embrun (en aval) et Briançon (en amont), remontées dans le début des vallées latérales de Fournel et Biaysse et quelques îlots dans la haute vallée de la Romanche, basse vallée du Guil à son embouchure avec la Durance.
Lande à Euphorbe épineuse et Genêt cendré et lande à Pigamon fétide et Séneçon doronic : départements des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence où ces deux types de landes ont globalement les mêmes limites géographiques, l’altitude seule les différenciant ; de l’est vers l’ouest, ces landes se rencontrent depuis la frontière italienne, haute et moyenne vallée de la Roya, jusqu’à la haute vallée du Verdon ; au nord, elles ne s’étendent pas au-delà des cols d’Allos et de la Cayolle et sont limitées par le massif cristallin du Mercantour ; au sud, elles descendent jus-qu’au massif de Cheiron.
Les landes substeppiques à Lavande à feuilles étroites et Armoise blanche ont une petite aire de répartition et sont donc rares ; de plus, elles constituent un habitat refuge pour de nombreuses espèces végétales méditerranéennes ou d’orophytes alpiennes méridionales en limite d’aire comme la Sarriette des montagnes (Satureja montana), le Liondent hérissé (Leontodon hirtus) ou l’Astragale hypoglotte (Astragalus hypoglottis).
États à privilégier :
Lande ouverte en mosaïque avec de la pelouse ou de la landine.
Autres états observables :
Génistaie cendrée dense pauvre en espèces.
Lande sous plantation de Pin d’Autriche (Pinus nigra subsp. nigra) ou sous colonisation naturelle par le Pin sylvestre.
Grand développement des reboisements artificiels (surtout du Pin d’Autriche mais aussi du Mélèze) sur les anciennes pâtures devenues lavandaies.
Extension du reboisement naturel, en particulier du Pin sylvestre.
Mise en culture (lavandin).
Parcours traditionnellement utilisé de manière extensive comme parcours de demi-saison, voire en hiver pendant les périodes sèches et déneigées, et au début du printemps dès que le sol est bien ressuyé.
Anciennes cultures d’adret en terrasse envahies par le Genêt cendré et qui représentent des parcours de proximité facilement mobilisables pour les éleveurs.
Cette lande haute et dense laisse cependant pénétrer la lumière et favorise ainsi le maintien d’une strate herbacée qui constitue la composante de la ressource qui intéresse le plus les ovins. La ressource pastorale est comprise entre 100 et 200 jbp/ha/an, en pâturage gardienné traditionnel.
Le Genêt cendré est en effet très peu consommé, sauf par les caprins. Une gestion en parc et un chargement suffisant peuvent le faire régresser et dépérir en quelques années.
Sur les éboulis d’éclats calcaires, le Genêt cendré est accompagné par la Sarriette des montagnes et la Lavande à feuilles étroites, l’intérêt pastoral y est très limité.
Des études phytosociologiques complémentaires sur ces landes seraient à entreprendre pour mieux comprendre leurs dynamiques progressives et régressives qui sont encore très controversées ou définies de façon très imprécise.
Définir plus précisément leur limite occidentale.
Impact du brûlage sur ces milieux ; mode de gestion de la mosaïque qui constitue l’habitat.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)