Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages subalpin et alpin essentiellement, jusqu’à environ 2 400 m d’altitude ; localement jusqu’à 1 600 m au sommet de l’étage montagnard.
Expositions chaudes des soulanes, des revers de cols, arêtes, sommets divers de cette tranche altitudinale, ce qui confère un caractère héliophile et thermophile, donc relativement xérique aux stations, aussi bien sous influence atlantique à l’ouest que sous influence méditerranéenne à l’est de la chaîne des Pyrénées.
Conditions stationnelles particulières imposant un balayage important par les vents saisonniers du sud qui, combiné à l’ensoleillement, entraîne un déneigement précoce, et permet de résister, de ce fait, aux grands écarts thermiques printaniers et au dessèchement.
Dalles rocheuses, lithosols ou sols humifères profonds de type rendzine ou ranker, sur des substrats variés, souvent très pentus.
pH du sol plutôt acide (5 à 7), voire proche de la neutralité dans les types les plus calciphiles.
Ces types de landes appartiennent aux complexes sylvatiques et extrasylvatiques des séries montagnardes et subalpines des Pins de montagne [Pin sylvestre (Pinus sylvestris), Pin à crochets (Pinus uncinata) et leur hybride]. La composition floristique globale de ces landes dominées tantôt par le Genévrier nain (Juniperus sibirica), tantôt par les Raisins d’ours (Arctostaphylos sp.) ne subit pas de modification fondamentale en passant des types sylvatiques aux types extrasylvatiques, ces derniers pouvant être considérés également comme des variantes d’une communauté « cadre » à Raisin d’ours commun et Pin à crochets [Arctostaphylo uvae-ursi-Pinetum uncinatae]. Ceci traduirait une certaine homogénéité floristique globale, des variations observables correspondant surtout à des changements de proportions des espèces dominantes.
Ne seront considérés ici que les types extrasylvatiques, correspondant à des habitats très souvent secondaires et d’affinité oro-méditerranéenne.
Lande à Genévrier nain et Raisin d’ours commun [race pyrénéenne du Junipero nanae-Arctostaphyletum uvae-ursi], classiquement reconnue dans les massifs montagneux médio-européens, occupant des substrats variés de l’étage subalpin ; les variantes calciphiles se distinguant par la présence de quelques espèces plus calcicoles [Fétuque à balais (Festuca gautieri subsp. scoparia), Avoine de Seyne (Helictotrichon sedenense), Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea)…], les variantes acidiphiles par la présence d’espèces calcifuges [Gispet (Festuca eskia), Callune vulgaire (Calluna vulgaris), Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa)…], les variantes les moins thermophiles par un enrichissement en Raisin d’ours des Alpes (Arctostaphylos alpinus). Ces landes dominées par le Raisin d’ours commun ont tendance à devenir de plus en plus fragmentaires selon le gradient est-ouest de la chaîne et à s’enrichir en espèces transgressives du Festucion eskiae sur substrat siliceux et du Festucion scopariae sur substrat carbonaté.
Lande à Cotonéaster à feuilles entières et Raisin d’ours commun [race pyrénéenne du Cotoneastro integerrimi-Arctostaphyletum uvae-ursi], beaucoup plus rare et limitée essentiellement aux substrats siliceux des étages montagnard supérieur et subalpin des Pyrénées centrales.
De plus ont été mentionnées des Pyrénées orientales les communautés provisoires suivantes : lande à Raiponce hémisphérique et Raisin d’ours commun [Phyteumo hemisphaericae-Arctostaphyletum uvae-ursi] et lande à Jonc trifide et Callune vulgaire [Junco trifidi-Callunetum vulgaris] colonisant les moraines glaciaires, rattachées provisoirement au Juniperion nanae, bien que leur définition phytosociologique précise reste à réaliser.
Fruticées basses (quelques dizaines de centimètres de haut) de recouvrement variable, dominées par des espèces holarctiques de chaméphytes et phanérophytes sempervirents et prostrés. Ces espèces sont dominantes en raison essentiellement de leur faculté de colonisation : espèces très sociales riches en mycorhizes, de croissance assez rapide. Dans les biotopes rocheux ou rocailleux, la couverture végétale formée par ces landes tamponne les variations de température et d’hygrométrie du substrat par rapport à celles que subit la roche nue.
Avec tous les autres types de landes d’altitude associées ou non à des peuplements arborés, dominées par des Genévriers, des Éricacées diverses [Raisins d’ours, Myrtille, Callune vulgaire, Airelles, Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum)] ou des Genistées [Genêt à balais (Cytisus scoparius), Genêt purgatif] ou des combinaisons de ces espèces ; la localisation stationnelle assez stricte des landes à Genévrier nain et la présence d’éléments oroméditerranéens (Genévrier sabine, forme méditerranéenne du Raisin d’ours commun, par exemple) permettent de les distinguer aisément.
Spontanée :
Landes extrasylvatiques spontanées et permanentes (stades primaires parfois) en raison de conditions stationnelles défavorables à une strate arborescente, ou se substituant secondairement à des formations boisées (pinèdes à Pin sylvestre et pinèdes à Pin à crochets).
L’habitat peut se développer par colonisation de croupes rocheuses ou de faciès rocailleux bien exposés.
Liée à la gestion :
Habitat pouvant résulter par actions anthropozoogènes (pâturage, écobuage, utilisation des arbres…) de la régression de types boisés ou en cours de boisement.
La dynamique de ces landes dépend de la nature et de l’intensité des facteurs intervenants et également de la nature du substrat :
- sur substrat siliceux, la régression de ces landes par incendie (écobuage), coupe, gyrobroyage et surpâturage peut mener à la formation de stades de pelouses écorchées du Festucion eskiae (pelouse à Gispet au subalpin supérieur et à l’alpin inférieur ; pelouse à Fétuque paniculée au subalpin inférieur et au montagnard supérieur) ;
- sur substrat carbonaté, la régression de ces landes peut conduire au développement de pelouses écorchées du Festucion scopariae (pelouses à Fétuque à balais).
Dans les deux cas, le pâturage peut, par la sélection des espèces pelousaires fourragères, paradoxalement favoriser la dynamique progressive des landes, susceptibles d’augmenter assez rapidement leur recouvrement, voire de se boiser de Pins si les conditions stationnelles le permettent.
Rochers siliceux subalpins avec végétation dans les fentes [Androsacion vandellii, code UE : 8220].
Rochers calcaires subalpins avec végétation dans les fentes [Potentilletalia caulescentis, code UE : 8210].
Éboulis siliceux subalpins [Androsacetalia alpinae, code UE : 8110].
Éboulis calcaires subalpins [Thlaspietalia rotundifolii, code UE : 8120].
Pelouses acidiphiles subalpines à Nard raide (Nardus stricta) [Nardion strictae, code UE : 6230*].
Pelouses acidiphiles orophiles thermophiles des Pyrénées [Festucion eskiae, code Corine : 36.332].
Pelouses calcicoles nordiques et orophiles à Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea) [Seslerietalia caeruleae, code UE : 6170].
Landes sèches montagnardes thermophiles [Calluno vulgaris-Arctostaphylion uvae-ursi, code UE : 4030].
Landes oroméditerranéennes endémiques à genêts épineux [code UE : 4090].
Autres types de landes alpines et subalpines [code UE : 4060].
Hêtraies et hêtraies-sapinières [codes UE : 9110, 9140, 9150 et codes Corine : 41.12, 41.14, 41.17].
Pinèdes à Pin sylvestre [codes Corine : 42.56, 42.59, 42.5A, 42.5B].
Pinèdes à Pin à crochets [code UE : 9430].
Habitat oroméditerranéen à sa limite septentrionale de répartition dans les Pyrénées françaises, ce qui explique sa rareté et le fait qu’il n’y occupe pas de très grandes surfaces. Il est nettement mieux représenté sur le versant espagnol où il trouve des conditions optimales de développement.
Lande à Genévrier nain et Raisin d’ours commun : des Pyrénées-Atlantiques aux Pyrénées-Orientales.
Lande à Cotonéaster à feuilles entières et Raisin d’ours commun : massifs siliceux de Haute-Garonne.
Lande à Raiponce hémisphérique et Raisin d’ours commun et lande à Jonc trifide et Callune vulgaire : Pyrénées-Orientales.
Habitat d’affinité plutôt oroméditerranéenne relativement rare et situé en limite d’aire.
Présence d’espèces oroméditerranéennes rares (Genévrier sabine) ou représentées par des populations particulières (Raisin d’ours commun).
Habitat pouvant constituer le trophotope saisonnier d’oiseaux frugivores et jouer un rôle écologique fixateur de pierriers et de substrats rocailleux soumis à une forte dynamique érosive.
États à privilégier :
Étant donné sa rareté au versant français, une attention doit être portée à tous les stades de l’habitat.
Autres états observables :
Absence de données.
Certains travaux sembleraient indiquer une augmentation de la superficie globale de ces landes, qui pourrait être liée éventuellement à une modification des pratiques de gestion pastorale dans certains sites (déprise, abandon de l’écobuage…) et pourquoi pas à une évolution climatique globale accentuant progressivement le caractère oroméditerranéen des sommets pyrénéens.
Localement, des menaces potentielles de destruction directe et indirecte peuvent être liées à divers types d’aménagement (constructions d’infrastructures, pistes pastorales ou forestières, extension de domaines skiables…).
Cet habitat, intermédiaire entre une pelouse et une formation boisée représente un intérêt pastoral (ovin ou bovin) limité du fait d’une pénétrabilité difficile et de la très faible productivité de la strate herbacée.
De même, cet habitat n’a pas de vocation forestière malgré la présence d’arbres.
Situé de 1 600 m à 2 400 m d’altitude, sur des pentes ensoleillées, cet habitat fait davantage l’objet d’aménagements touristiques et sportifs (randonnées, pistes de ski).
Suivi scientifique de la dynamique de la lande.
L’élaboration d’un programme de gestion de ces landes est en cours.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)