6210-16 - Pelouses calcicoles mésophiles du Sud-Est

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étages montagnard et subalpin inférieur (de 800 à 2 100 m). Situation topographique variée : pentes souvent peu accusées (de 10 à 40 %), plus rarement sur forte pente (jusqu’à 80 %) ou sur une surface plate. Expositions essentiellement au sud-est, au sud-ouest et à l’ouest. Versants déneigés tôt en saison. Roches mères : divers calcaires et marnes. Sols en général assez épais et bien drainé ; par exemple dans la vallée de la Tinée : sol de type rendzine brunifié, presque décarbonaté en surface, humus abondant de type mull calcique, capacité de rétention en eau de 45 %.
Pelouses fauchées et systèmes pastoraux extensifs liés au pâturage bovin ou ovin.

Variabilité

Cet habitat est largement répandu dans les Alpes et de ce fait assez variable en fonction de la géographie et des étages climatiques, mais aussi en fonction du substrat. Il est cependant encore mal connu.

Variations de type géographique :
- Chartreuse, Vanoise et Tarentaise, étage montagnard (de 1000 à 1500 mètres) : association Onobrychido viciifoliae-Brometum erecti avec le Sainfoin à feuilles de vesce (Onobrychis viciifolia), l’Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria), la Knautie des champs (Knautia arvensis), la Scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria) ;
- Vanoise et Tarentaise, étage montagnard supérieur et subalpin (de 1.500 à 1.900 m) : association Onobrychido montanae-Brometum erecti avec le Sainfoin des montagnes (Onobrychis montana), le Buplèvre à feuilles de renoncule (Bupleurum ranunculoides), l’Anthyllide alpestre (Anthyllis vulneraria subsp. alpestris) ;
- Alpes maritimes, étage montagnard (de 1 000 à 1500 m) : association Campanulo spicatae-Brometum erecti avec la Campanule en épi (Campanula spicata), la Gentiane croisette (Gentiana cruciata), l’Inule hérissée (Inula hirta), l’Aigremoine eupatoire (Agrimonia eupatoria) ;
- Alpes maritimes, étage montagnard supérieur et subalpin (de 1 600 à 2 100 m) : association Diantho pavonii-Brachypodietum pinnati, avec la Scabieuse (Scabiosa columbaria var. vestita), l’Oeillet (Dianthus pavonius), la Laîche toujours-verte (Carex sempervirens), l’Astragale du Danemark (Astragalus danicus), le Buplèvre à feuilles de renoncule (Bupleurum ranunculoides), le Sainfoin à feuilles de vesce (Onobrychis viciifolia).

Physionomie, structure

Pelouses moyennement élevées, en général recouvrantes (85 à 100 %) dominées par les hémicryptophytes, surtout Bromus erectus et Brachypodium pinnatum.

Confusions possibles

Avec des pelouses mésophiles vicariantes dans les régions de contact, notamment le Jura (Code UE 6210).
Avec des prairies calcicoles mésophiles pâturées ou fauchées qui dérivent souvent de ce groupement (Code UE 6510).

Dynamique

Pelouses secondaires résultant de la déforestation de types forestiers variés.

Spontanée :
Après l’abandon de la fauche ou du pâturage, densification rapide du tapis graminéen (Brachypodium pinnatum, Bromus erectus), formation d’une litière sèche et dense, réduction de la diversité floristique.
Parallèlement, implantation d’arbustes isolés (Noisetiers, Rosiers divers, Épine-vinette, Groseilliers) et d’arbres, notamment dans les Alpes du Sud le Mélèze (Larix europaea) et le Pin à crochets (Pinus uncinata) et en Chartreuse les chênes, le hêtre et le pin sylvestre ; apparition d’espèces préforestières comme l’Hellébore fétide (Helleborus foetidus), la Violette des bois (Viola silvestris), la Renoncule des bois (Ranunculus nemorosus).
À moyen terme, on obtient un Mélèzéen ou un pré-bois (Tinée), un bois mélangé de chênes, de hêtre et de pins sylvestre (Chartreuse). Les dynamiques des autres régions ne sont pas décrites.

Liée à la gestion :
Passage à la prairie fauchée mésophile à Avoine élevée ou à Trisète (Arrhenatherion elatioris, Polygono bistortae-Trisetion flavescentis) par la fauchaison et la fertilisation accrue.

Habitats associés ou en contact

Souvent en mosaïque avec des pelouses xérophiles (Xerobromion, Festuco-Poion, Ononidion critatae) sur les versants exposés au sud.
Pelouses acidophiles (Nardion strictae) et acidoclines (Chamaespartio-Agrostidenion).
Manteaux arbustifs préforestiers à Noisetier, Rosa divers, Berberis.
Prairies de fauche calcicoles (Arrhenatherion elatioris, Polygono bistortae-Trisetion flavescentis).
Mélezéin, bois de Pins à crochets.

Répartition géographique

Alpes de Savoie (Tarentaise, Maurienne). Alpes Maritimes. Briançonnais, Haute Ubaye, vallée de la Romanche. Dévoluy, Gapençais. Grande Chartreuse. À rechercher partout dans la chaîne des Alpes, notamment au niveau des Préalpes calcaires.

Valeur écologique et biologique

Habitat encore bien représenté dans les Alpes avec des surfaces significatives.
Diversité floristique très élevée avec une certaine richesse en Orchidées.
Localement microtaxons : Scabieuse (Scabiosa columbaria subsp. vestita).

États de conservation

États à privilégier :
Pelouse élevée fauchée, ni fertilisée, ni amendée de façon complémentaire.
Pelouse mi-rase à élevée ; cette structure est obtenue par un pâturage extensif bovin ou ovin, sans fertilisation ni amendement complémentaires.

Tendances et menaces

L’habitat se maintient relativement bien.
Il est toutefois en réduction spatiale continue : reforestation naturelle après abandon pastoral, plus rarement utilisation intensifiée avec des fertilisants (transformation en prairie plus luxuriante).

Potentialités intrinsèques de production

Pelouses maigres dominées par le Brome dressé ou éventuellement le Brachypode, pouvant être pâturée et/ou fauchée. Le pâturage extensif des ovins/bovins se pratique à des altitudes plus importantes que celles de la fauche.

Axes de recherche

Effet des fauches sur l’habitat, notamment le Brachypode.
Impacts du pâturage par un troupeau mixte sur l’ensemble de l’année dans un objectif de remise en état d’un milieu embroussaillé ; examiner les différences d’impact sur l’habitat, selon les espèces qui pâturent.
Étudier la période optimale de la fauche par rapport au maintien de la biodiversité ; réfléchir à des indicateurs botaniques permettant de fixer des repères pour la période de fauche, fixer des dates dans un cahier des charges étant trop aléatoire d’une année à l’autre ; seuils de fertilisation induisant un changement d’habitat, à préciser, à l’échelle du site.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)