Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages montagnard et subalpin inférieur (1000 à 1800 m). Pentes variables (de nulle à 40 %). Principalement aux expositions chaudes. Substrat riche en bases (calcaires durs, schistes lustrés). Sol meuble à compact.
Diversité typologique principale selon l’altitude.
Étage montagnard ; deux types de pelouses selon la topographie et la profondeur du sol :
- principalement sur de faibles pentes à sol superficiel sur replats rocheux (situation primaire) à profond des anciennes terrasses cultivées (formation secondaire pionnière) : pelouse à Fétuque du Valais et Pâturin élégant [Festuco valesiacae-Poetum carniolicae] avec : Trigonelle de Montpellier (Trigonella monspeliaca), Pâturin de Molinier (Poa xerophila) ; trois sous-associations :
sous-association à Trigonelle de Montpellier [Festuco valesiacae-Poetum carniolicae trigonelletosum monspeliacae] avec Véronique des champs (Veronica arvensis), Chiendent hispide (Elytrigia intermedia), Gaillet oblique (Galium obliquum), Knautie pourpre (Knautia timeroyi subsp collina), principalement dans le Briançonnais ; Trigonelle de Montpellier très rare dans le massif du Queyras ;
sous-association à Fléole de Boehmer [Festuco valesiacae-Poetum carniolicae phleetosum phleoidis] avec Armérie des sables (Armeria arenaria subsp bupleuroides), Stipe capillaire (Stipa capillata), principalement dans le Briançonnais ; sol localement acide permettant l’installation de : Trèfle des champs (Trifolium arvense), Véronique printanière (Veronica verna), Piloselle de Lepeletier (Hieracium peleteranum) ;
sous-association à Astragale aristé [Festuco valesiacae-Poetum carniolicae astragaletosum aristati] avec Astragale faux-sainfoin (Astragalus onobrychis) ;
- principalement sur fortes pentes à sol superficiel compact : pelouse à Fétuque marginée (Festuca marginata) ; non décrite dans la littérature phytosociologique, cette pelouse présente de fortes affinités avec la pelouse à Koelérie du Valais (Koeleria vallesiana) et Astragale à calice renflé en vessie (Astragalus vesicarius) [Koelerio vallesianae-Astragaletum vesicarii] de la vallée de la Durance. Elle se développe à une altitude un peu supérieure et s’en distingue principalement par l’absence de cette astragale et par un appauvrissement en espèces méditerranéennes, dont : Lavande officinale (Lavandula angustifolia), Buplèvre du Mont Baldo (Bupleurum baldense), Salsifis à feuilles de crocus (Tragopogon crocifolius), Sainfoin des rochers (Onobrychis saxatilis), Thésium étalé (Thesium divaricatum).
Étages montagnard supérieur et subalpin inférieur : pelouse à Trèfle des montagnes et Fléole bulbeuse [Trifolio montanii-Phleetum nodosi] avec : Androsace septentrionale (Androsace septentrionalis), Gentiane croisette (Gentiana cruciata), Myosotis raide (Myosotis stricta), Pulsatille des montagnes (Pulsatilla montana), Sainfoin des sables (Onobrychis arenaria), Séséli annuel (Seseli annuum), Thésium à feuilles de Lin (Thesium linophyllum) ; moins thermophile et relayant en altitude les pelouses précédentes ; développement fréquent aux expositions plus fraîches.
Pelouses rases à mi-rases, à recouvrement important (le plus souvent supérieur à 80 %) pour la pelouse à Fétuque du Valais et Pâturin élégant et la pelouse à Trèfle des montagnes et Fléole bulbeuse ; recouvrement en revanche beaucoup plus faible pour la pelouse à Fétuque marginée (de l’ordre de 50 %) présentant un aspect très « écorché ».
Pelouse à Fétuque du Valais et Pâturin élégant caractérisée par la couleur glauque de la Fétuque du Valais.
Large prédominance des hémicryptophytes et des petits chaméphytes ligneux ou sous-ligneux.
Forte présence de thérophytes et de chaméphytes crassulescentes transgressives des pelouses pionnières [Sedetum brigantiacae, Code UE : 6110], au niveau des interstices peu végétalisés de la pelouse.
Densification et augmentation de la taille de la végétation, principalement pour les pelouses à Fétuque du Valais et Pâturin élégant s’installant temporairement en pionnier sur des sols fertiles (anciennes terrasses cultivées, prairies de fauche, pâtures) ; avec apparition d’espèces de pelouses rudérales [Onopordetum acanthii et Artemisio absinthii-Agropyrion intermedii, Code Corine : 87.2], avec principalement : Langue de chien (Cynoglossum officinale), Absinthe (Artemisia absinthium), Berteroa blanchâtre (Berteroa incana).
Avec l’abandon des terres, piquetage de la pelouse par des ligneux de landes [(Genévrier sabine (Juniperus Sabina), Lavande officinale (Lavandula angustifolia)], de fruticées et de fourrés [Églantiers (Rosa sp.), Épine-vinette (Berberis vulgaris), Nerprun des Alpes (Rhamnus alpina), Genévrier thurifère (Juniperus thurifera), Genévrier commun (Juniperus communis)] et des ligneux hauts d’accrus forestiers [Peuplier tremble (Populus tremula…)] et de pinèdes [Pin sylvestre (Pinus sylvestris)].
Deux pics principaux de floraison : l’un centré sur le mois de juin et l’autre sur le mois de septembre.
Avec les éboulis calcaires thermophiles à Calamagrostide argentée (Achnatherum calamagrostis) et Centranthe à feuilles étroites (Centranthus angustifolius) [Achnathero calamagrostis-Centranthetum angustifolii, Code UE : 8130] en cours de colonisation.
Avec les pelouses mésoxérophiles à xérophiles à Bugrane du Mont-Cenis (Ononis cristata) [Ononidion cenisae, Code UE : 4090].
Avec les pelouses rudérales xérophiles à Onopordon à feuilles d’acanthe (Onopordium acanthium) [Onopordetum acanthii, Code Corine : 87.2].
Avec les pelouses rudérales xérophiles à Absinthe (Artemisia absinthia) et Chiendent hispide (Elytrigia intermedia) [Artemisio absinthii-Agropyrion intermedii, Code Corine : 87.2].
Spontanée :
Dans certaines situations (fortes pentes soumises à l’érosion, dalles rocheuses) et sur de faibles surfaces (de quelques m2 à quelques dizaines de m2), végétation à caractère quasi permanent : pelouse écorchée à Fétuque marginée principalement sur fortes pentes plus ou moins caillouteuses et terreuses, et pelouse à Fétuque du Valais et à Pâturin élégant sur dalles rocheuses.
Pour la majorité des pelouses, végétation correspondant à des formations secondaires issues de la déforestation, de l’abandon de terrasses agricoles ; pelouse à Fétuque du Valais et Pâturin élégant s’installant alors en pionnier et occupant de larges surfaces dans le Queyras.
Installation en pionnier (sur pentes terreuses mises à nu par un rajeunissement du milieu…), colonisation des éboulis calcaires thermophiles à Calamagrostide argentée et Centranthe à feuilles étroites [Achnathero calamagrostis-Centranthetum angustifolii, Code UE : 8130], des pelouses pionnières à Orpins et Joubarbes [Sedetum brigantiacae, Code UE : 6110] et des anciennes terrasses cultivées suite à la déprise agricole.
Évolution de la végétation beaucoup plus rapide sur les terres abandonnées ; principales étapes dynamiques : piquetage arbustif et/ou arboré [précédé dans les situations les plus mésophiles par une densification de la végétation par colonisation et extension du Brachypode rupestre (Brachypodium rupestre)] pouvant conduire aux :
- landes thermoxérophiles à Genévrier sabine [Pino sylvestris-Juniperetalia sabinae, Code UE : 4060] ;
- fourrés thermoxérophiles à Épine-vinette et Prunier de Briançon (Prunus brigantina) [Berberido vulgaris-Prunetum brigantiacae, Code Corine : 31.81251] ;
- puis aux pinèdes thermoxérophiles à Pin sylvestre et Bugranes (Ononis sp.) [Ononido rotundifoliae-Pinion sylvestris, Code UE : 9430].
Liée à la gestion :
Pâturage pouvant entraîner au niveau des pelouses à Fétuque du Valais et Pâturin élégant une densification de la Fétuque du Valais, une diminution de la richesse floristique et l’installation de plantes nitrophiles des pelouses rudérales, d’une part à Onopordon à feuilles d’acanthe [Onopordetum acanthii, Code
Corine : 87.2] et d’autre part à Absinthe et Chiendent hispide [Artemisio absinthii-Agropyrion intermedii, Code Corine : 87.2].
Irrigation et fumage pouvant faire évoluer les pelouses à Fétuque du Valais et Pâturin élégant vers des pelouses à (Brome dressé) (Bromus erectus) [Bromion erecti, Code UE : 6210].
Falaises calcaires à Potentille à tiges courtes (Potentilla caulescens) [Potentillion caulescentis, Code UE : 8115].
Éboulis calcaires thermophiles à Calamagrostide argentée et Centranthe à feuilles étroites [Achnathero calamagrostis-Centranthetum angustifolii, Code UE : 8130].
Pelouses pionnières à Orpins et Joubarbes [Sedetum brigantiacae, Code UE : 6110].
Pelouses rudérales xérophiles à Absinthe et Chiendent hispide [Artemisio absinthii-Agropyrion intermedii, Code Corine : 87.2].
Pelouses rudérales xérophiles à Onopordon à feuilles d’acanthe [Onopordetum acanthii, Code Corine : 87.2].
Pelouses mésophiles à méso-xérophiles à Brome dressé [Bromion erecti, Code UE : 6210].
Landes thermoxérophiles à Lavande officinale et Armoise blanche (Artemisia alba) [Lavandulo angustifoliae-Artemisietum albae, Code UE : 4060] (absent du Queyras).
Landes thermoxérophiles à Astragale queue de renard et Genévrier sabine [Astragalo alopecurii-Juniperetum sabinae, Code UE : 4060].
Fourrés thermoxérophiles à Épine-vinette et Prunier de Briançon (Prunus brigantina) [Berberido vulgaris-Prunetum brigantiacae, Code Corine : 31.81251].
Accrus forestiers à Merisier à grappes (Prunus padus) et Peuplier tremble [Pruno padi-Populetum tremulae, Code Corine : 31.8].
Pinèdes thermoxérophiles à Pin sylvestre et Bugranes (Ononis sp.) [Ononido rotundifolae-Pinion sylvestris, Code UE : 9430].
Pelouse à Fétuque du Valais et Pâturin élégant : massif du Queyras (vallée du Guil - Hautes-Alpes).
Pelouse à Trèfle des montagnes et Fléole bulbeuse : bassin de Briançon, massif du Queyras (Hautes-Alpes).
Pelouses d’affinité orientale en limite d’aire de répartition.
Très forte richesse floristique et entomologique.
Une espèce protégée au niveau national : Astragale queue de renard. Une espèce protégée au niveau régional (PACA) : Androsace septentrionale.
Deux espèces inscrites au Livre rouge national (Tome I) : Astragale queue de renard, Androsace septentrionale.
Cinq espèces inscrites au Livre rouge national (Tome II) : Astragale d’Autriche, Fétuque cendrée, Gaillet oblique, Knautie leucophée, Odontite à feuilles lancéolées.
États à privilégier :
Pelouses rases à mi-rases, ouvertes, à tapis végétal plus ou moins lacunaire (en mosaïque avec des surfaces de fourrés, de landes et de forêts).
Autres états observables :
Pelouses rases pâturées par ovins.
Pelouses rases pâturées par bovins.
Suite à l’abandon pastoral de certains secteurs, réduction des surfaces de pelouses liée à l’embrousaillement et au reboisement naturel des vallées.
Sur certains autres secteurs soumis à une intensification du pâturage ovin, dégradation des pelouses et érosion des sols.
Exploitation de la roche (carrières) susceptible de détruire des pelouses.
Pelouses sèches faisant partie des meilleurs parcours de la zone préalpine ; troupeaux locaux et/ou transhumants (ovins, bovins, caprins, équins).
Pelouses peu élevées caractérisées par un équilibre intéressant de la strate herbacée en espèces vivaces (Fétuque groupe ovine, Brome dressé, Koélérie du Valais) et annuelles. La présence de légumineuses (Luzerne, Anthyllide, Astragale...) dans ces pelouses enrichit leur valeur pastorale. La ressource fourragère varie cependant chaque année suivant les conditions climatiques.
Ressource pastorale de très bonne qualité au printemps et en automne : croissance de l’herbe tardive et assez lente, qui permet un pâturage de fin mai à début juillet.
Le dessèchement progressif de l’herbe empêche tout pâturage en plein été. Si les pluies de fin d’été sont suffisantes, la repousse d’automne est de très bonne qualité et permet un nouveau passage en octobre-novembre.
Pelouses encore peu étudiées, importantes lacunes sur leur répartition géographique et leur variation écologique.
Mettre en place des protocoles de suivi pluriannuels de l’impact des mesures de gestion sur le fonctionnement de l’habitat (évolution quantitative et qualitative des pelouses, impact sur la biodiversité).
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)