6210-31 - Pelouses calcicoles xérophiles subcontinentales du Massif central et des Pyrénées

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Étages collinéen et montagnard (jusque vers 800 m, mais jusqu’à 1500 m dans les Pyrénées orientales).
Régions peu pluvieuses, au microclimat chaud et sec en été (en Auvergne, climat continental d’abri).
Situation topographique variée : pentes plus ou moins fortes (souvent érodées), rebords de plateaux, plus rarement plateaux.
Expositions variées, mais souvent au sud et très rarement au nord.
Roches mères très variées : tous types de calcaires, marnes, calcschistes, conglomérats, basaltes et autres roches volcaniques.
Sols peu épais à moyennement épais (jusqu’à 20 centimètres), de pH variable (de 5,9 à 8,4 en Auvergne), souvent riches en carbonate de calcium, à déficit hydrique important en été.
Systèmes pastoraux extensifs liés au pâturage ovin et caprin (plus rarement bovin), plus rarement milieux secondaires résultant de la recolonisation de champs cultivés ou de vignes.
Action importante des lapins lorsqu’ils sont encore présents.

Variabilité

L’habitat étant relativement répandu dans une grande partie des montagnes du sud-ouest de la France, il en découle une variabilité importante, de type géographique, édaphique et topographique. Toutefois l’habitat étant très peu décrit, cette variabilité est très mal connue.

Variations de type géographique :
- Auvergne (Puy-de-Dôme, Haute-Loire) : pelouse à Koelerie du Valais et Hélianthème des Apennins [Koelerio vallesianae-Helianthemetum apennini] avec : Trigonelle de Montpellier (Trigonella monspeliaca), Inule des montagnes (Inula montana), Centaurée tachée (Centaurea maculosa), Trinie glauque (Trinia glauca), Pulsatille rouge (Pulsatilla rubra) et de nombreuses annuelles comme le Céraiste nain (Cerastium pumilum), le Trèfle strié (Trifolium striatum) ;
- Auvergne (Loire, Montbrison) : forme appauvrie de la pelouse précédente, dépourvue de la plupart des espèces ci-dessus (à part la Pulsatille rouge) et l’Hélianthème des Apennins (Helianthemum apenninum), avec : Véronique couchée (Veronica prostrata), Orobanche couleur améthyste (Orobanche amethystea) ;
- Pyrénées (Haute-Garonne, Ariège, Pyrénées-Orientales) : moins d’annuelles et des espèces supplémentaires comme le Thym vulgaire (Thymus vulgaris), la Sarriette des montagnes (Satureja montana), la Carline artichaut (Carlina acanthifolia subsp. cynara), l’Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria), la Bugrane natrix (Ononis natrix), la Laîche du printemps (Carex caryophyllea), le Thym faux pouliot (Thymus pulegioides), l’Odontites tardif (Odontites vernus subsp. serotinus) ; plusieurs associations sont reconnues :
Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège : pelouse à Koelérie du Valais et Sarriette des montagnes [Koelerio vallesianae-Saturejetum montanae] avec Crapaudine à feuilles d’Hysope (Sideritis hyssopifolia), Hélianthème blanchâtre (Helianthemum oelandicum subsp. incanum), Narcisse de Requien (Narcissus axxoanus), Laîche de Haller (Carex halleriana), Bugrane striée (Ononis striata) ;
Pyrénées-Orientales : pelouse à Koelérie du Valais et Avoine basque [Koelerio vallesianae-Avenuletum mirandanae] avec : Germandrée dorée (Teucrium aureum), Avoine basque (Avenula mirandana), Plantain holosté (Plantago holosteum), Œillet des Pyrénées (Dianthus pyrenaicus), Centaurée leucophée (Centaurea leucophaea);
Pyrénées-Orientales (Vallespir) : pelouse à Koelérie du Valais et Globulaire allongée [Koelerio vallesianae-Globularietum punctatae], proche de la précédente avec : Germandrée dorée, Avoine basque, Lin à feuilles menues (Linum tenuifolium).

Physionomie, structure

Pelouses surtout rases, rarement mi-rases, souvent écorchées, moyennement recouvrantes à très recouvrantes (50 à 80 %, jusqu’à 100 % pour la pelouse à Koelérie du Valais et Avoine basque, dominées par les hémicryptophytes, surtout Fétuque gr. ovine (Festuca gr. ovina), Fléole de Boehmer (Phleum phleoides) et dans les Pyrénées Avoine basque, riche en chaméphytes et souvent en thérophytes.
Souvent une strate arbustive constituée souvent de Buis (Buxus sempervirens), de Genévrier commun (Juniperus communis), accompagnés d’autres arbustes dont divers Rosiers (Rosa sp.).
Diversité floristique importante avec un pic de floraison printanier (avril-juin) et une seconde floraison plus discrète (septembre).

Confusions possibles

Avec des pelouses xérophiles vicariantes dans les régions de contact, notamment les pelouses de l’Ononidion striatae [Code Corine : 34.71] qui les remplacent dans les Causses et dans les Corbières.
Avec des pelouses méso-xérophiles du Merobromion erecti, qu’elles côtoient dans les Pyrénées ; ces dernières s’installent plutôt sur les plateaux et les versants exposés au nord. Mais les mosaïques restent possibles dans un même site lorsque la profondeur du sol y est variable [Code UE : 6210*].
Avec des pelouses-ourlets enrichies en Peucédan d’Alsace (Peucedanum alsaticum), Peucédan cervaire (Peucedanum cervaria), Campanule à feuilles de pêcher (Campanula persicifolia) et en Géranium sanguin (Geranium sanguineum) (Auvergne).

Dynamique

Pelouses généralement secondaires résultant de la déforestation de chênaies pubescentes, très rarement primaires (éboulis fixés, rebords de corniches).

Spontanée :
Après abandon pastoral, densification lente à très lente du tapis graminéen, surtout les Fétuques [Festuca sp.), secondairement le Brachypode penné (Brachypodium gr. pinnatum), formation progressive d’une litière sèche plus ou moins dense, réduction lente de la diversité floristique, passage à la pelouse-ourlet [Geranion sanguinei]. Ce phénomène est plus rapide sur les contreforts des Pyrénées qui sont plus arrosés que les plaines d’Auvergne. Il peut être très lent ou peu significatif sur les sols peu épais en exposition sud dans les secteurs les plus secs.
Parallèlement, implantation de fruticées par noyaux à partir des genévriers, des buis et de divers arbustes isolés (ou par front lorsque la pelouse côtoie une forêt). Le Buis lorsqu’il est présent constitue la menace principale pour ces pelouses. Les chênes pubescents s’installent petit à petit.
Une accrue forestière diversifiée en espèces calcicoles se constitue en quelques décennies : elle dérive vers une chênaie pubescente ou une chênaie sessiliflore sèche calcicole.

Habitats associés ou en contact

Communautés pionnières de l’Alysso alyssoidis-Sedion albi à Céraiste nain (Cerastium pumilum), Orpin âcre (Sedum acre), Trèfle scabre (Trifolium scabrum), Trèfle strié (Trifolium striatum) et groupements bryolichéniques terricoles thermophiles [Code UE : 6110*].
Pelouses mésoxérophiles à Brome dressé (Bromus erectus), Brize intermédiaire (Briza media), Carline vulgaire (Carlina vulgaris), etc. [Mesobromion erecti, Code UE : 6210*].
Pelouses méso-xérophiles acidiclines à Fétuque d’Auvergne (Festuca arvernensis), Peucédan de montagne (Peucedanum oeroselinum), Pulsatille rouge, Dactylorhize à odeur de sureau (Dactylorhiza latifolia) (Massif central) [Dactylorhizo sambucinae-Saxifragenion granulatae, Code UE : 62.10*].
Ourlets xérophiles à Géranium sanguin, Peucédan herbe-auxcerfs, Campanule à feuilles de pêcher, Peucédan d’Alsace (Auvergne) [Geranion sanguinei, Code UE : 6210*].
Manteaux arbustifs, préforestiers à Genévrier commun, Buis, Amélanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis), Prunellier (Prunus spinosa), Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) (plusieurs types) [Berberidenion vulgaris, Code Corine : 31.812].
Chênaies pubescentes à Garance voyageuse (Rubia peregrina), Gesse noire (Lathyrus niger), Tanaisie en corymbe (Tanacetum corymbosum) [Quercion pubescenti-sessiliflorae, Code Corine : 41.711].

Répartition géographique

Auvergne : Limagne de Clermont et Issoire, Bas-Alagnon, bassin de Montbrison, région du Puy, région de Langeac.
Contreforts des Pyrénées : Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège.
Pyrénées-Orientales : Cerdagne, Vallespir, Conflent, Caspir.

Valeur écologique et biologique

Habitat souvent rare et en régression spatiale.
Mais il en subsiste de vastes surfaces représentatives dans les Pyrénées-Orientales et vers Clermont-Ferrand.
Pelouses parfois primaires résultant de la colonisation d’éboulis, de coulées volcaniques récentes ou de vires rocheuse imboisables.
Diversité floristique très élevée avec souvent de nombreuses espèces d’Orchidées.
Beaucoup d’espèces sont en limite d’aire dans ces pelouses en Auvergne : Trigonelle de Montpellier (Trigonella monspeliaca), Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus), Liseron plante-de-Biscaye (Convolvulus cantabricus).

États de conservation

États à privilégier :
Pelouse rase à mi-rase, ouverte ; cette structure est obtenue par un pâturage extensif ovin, plus rarement bovin (parfois chèvres ou chevaux, à l’exclusion des chevaux lourds), sans fertilisation ni amendement complémentaires.
Pelouse rase à mi-rase mosaïquée avec des fruticées à Buis, Genévrier commun et des pelouses-ourlets à Géranium sanguin, non pâturée, autrefois maintenue par les lapins.
Autres états observables :
Pelouse rase surpâturée et piétinée, enrichie en annuelles.

Tendances et menaces

Habitat autrefois plus répandu, en réduction spatiale continue depuis le milieu du siècle avec une forte accélération vers 1965 : enrésinements, plantations de robiniers, surtout embuissonnement puis reforestation naturelle après abandon des parcours, plus rarement ouverture de carrières. L’habitat est actuellement le plus souvent morcelé et souvent relictuel.
Utilisation pour les loisirs : pique-nique avec feux, moto verte, véhicules tout terrain.

Potentialités intrinsèques de production

Ces pelouses sont valorisées par un pâturage extensif ovin, bovin et caprin.

Axes de recherche

Poursuivre des études comparatives entre pâturage extensif et semi-extensif.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)