Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages planitiaire et collinéen (jusque vers 500 m).
Climat à tendance semi-continentale ou précontinentale, avec des étés chauds et une pluviométrie peu élevée (500 à 700 mm).
Situation topographique : rebords de corniches, vires rocheuses, plus rarement éboulis fixés des pentes fortes.
Expositions variées, mais très souvent au sud.
Stations très ventées et très ensoleillées.
Roches mères : calcaires durs d’âge jurassique ou primaire, rarement grès schisteux (Ardennes).
Sols très peu épais, squelettiques, souvent de type rendzine, généralement riches en calcaire actif et en matières organiques, de pH 7-7,5.
Pelouses primaires non pâturées, parfois insérées autrefois au sein de systèmes pastoraux extensifs liés au pâturage ovin et caprin.
Action autrefois importante des lapins (presque disparus) ; limitation fréquente des broussailles par les chevreuils dans certains sites.
L’habitat étant répandu dans une grande partie de la Bourgogne ainsi que çà et là plus au nord, il en découle une certaine variabilité de type géographique, mais aussi de type édaphique et topographique.
Variations de type géographique et climatique :
- sous climat à tendance semi-continentale (Côte-d’Or) : pelouse à Anthyllide des montagnes et Seslérie bleuâtre [Anthyllido montanae-Seslerietum caeruleae] avec : Anthyllide des montagnes (Anthyllis montana), Œillet des rochers (Dianthus sylvestris), Inule à feuilles de spirée (Inula spiraeifolia), Laser de France (Laserpitium gallicum), Stipe pennée (Stipa pennata), Grande orobanche (Orobanche major) ;
- sous-climat plus chaud (Saône-et-Loire) : pelouse à Silène d’Italie et Hélianthème blanchâtre [Sileno italicae-Helianthemetum cani] avec : Silène d’Italie (Silene italica), Laitue effilée (Lactuca viminea), Luzerne naine (Medicago minima), Œillet des rochers, rarement Anthyllide des montagnes (Anthyllis montana);
- sous climat plus froid et plus pluvieux de la Haute-Marne : groupement très rare et appauvri, dépourvu des espèces ci-dessus exceptée l’Inule à feuilles de spirée ;
- sous-climat plus froid et plus pluvieux des Ardennes : pelouse à Hélianthème des Apennins et Seslérie bleuâtre
[Helianthemo apennini-Seslerietum caeruleae] appauvrie en espèces méridionales, avec : Armoise blanche (Artemisia alba), Fétuque pâle (Festuca pallens) ;
Principale variation de type édaphique :
- Ardenne primaire sur grès schisteux : variante à Doradille septentrionale (Asplenium septentrionale) de la pelouse à
Hélianthème des Apennins et Seslérie bleuâtre avec : Potentille des rochers (Potentilla rupestris), Germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia), Joubarbe des toits (Sempervivum tectorum), Doradille septentrionale.
Variations de type topographique :
- vires rocheuses étroites à sol très peu épais en bordure de falaises : davantage de Mélique ciliée (Melica ciliata), de Fétuques (Festuca gr. ovina), d’Orpins (Sedum album, S. acre, S. rupestre), moins de Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea) ; ces pelouses de rochers à caractère climacique et continental occupent une place intermédiaire entre les pelouses xérophiles continentales précédentes et les végétations de dalles calcaires [Code UE : 6110*].
Elles constituent un ensemble très original [Diantho gratianopolitani-Melicion ciliatae], très rare en France et de haute valeur patrimoniale, et, bien qu’indiquées à part dans Corine Biotope (Code Corine : 34.35), elles peuvent être rattachées à cet habitat de la directive :
- en Côte-d’Or, groupement à Alysson des montagnes (Alyssum montanum) ;
- à Givet (Ardennes), groupement à Fétuque pâle (Festuca pallens) ;
- en Haute-Marne, pelouse à Germandrée botryde et Mélique ciliée [Teucrio botryos-Melicetum ciliatae].
Pelouses rases, presque toujours écorchées, moyennement recouvrantes (30 à 60 %, parfois 80 %), dominées par les hémicryptophytes : Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea), Laîche humble (Carex humilis), Fétuque gr. ovine (Festuca gr. ovina) et les chaméphytes : Germandrée petit chêne (Teucrium chamaedrys), Anthyllide des montagnes, Genêt poilu (Genista pilosa).
Souvent une strate arbustive constituée de Buis (Buxus sempervirens), de Prunier mahaleb (Prunus mahaleb), d’Amélanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis), de Cotonéaster à feuilles entières (Cotoneaster integerrimus) et, en Côte-d’Or, de Nerprun des Alpes (Rhamnus alpina).
Diversité floristique importante avec un pic de floraison printanier (avril-juin) et une seconde floraison très discrète (septembre-octobre).
Avec les pelouses xérophiles de corniches vicariantes dans les régions de contact [Code UE : 6210*].
Avec les pelouses xérophiles du Xerobromion erecti qu’il côtoie dans la Côte-d’Or et la Saône-et-Loire ; dans le cas fréquent où les deux habitats cohabitent, le Xerobromion erecti s’installe au-delà de la corniche sur le plateau ou en dessous sur la pente [Code UE : 6210*].
Avec les pelouses-ourlets enrichies en Géranium sanguin (Geranium sanguineum) et en Rosier à feuilles de boucage (Rosa pimpinellifolia)[Geranion sanguinei, Code UE : 6210*].
Pelouses généralement primaires, résultant plus rarement de la déforestation de chênaies pubescentes.
Spontanée :
Après diminution de la pression des herbivores (lapins, chevreuils, cerfs, etc) ou plus rarement abandon pastoral (chèvres, moutons) : densification très lente du tapis graminéen (Seslérie bleuâtre), rarement passage à la pelouse-ourlet [Geranion sanguinei, Code UE : 6210*].
Parallèlement, développement des fruticées par noyaux à partir des arbustes isolés ou par front lorsque la pelouse côtoie une forêt (ce qui est fréquent). Le Buis lorsqu’il est présent constitue la menace principale pour ces pelouses. Les périodes de sécheresse provoquent l’élimination d’une partie des broussailles.
Le Pin noir (Pinus nigra) et le Pin sylvestre (Pinus sylvestris), le Chêne pubescent (Quercus humilis) et le Chêne sessile (Quercus petraea) peuvent s’installer, mais leur développement est souvent limité par les conditions extrêmes du milieu.
Communautés pionnières de l’Alysso alyssoidis-Sedion albi à Céraiste nain (Cerastium pumilum), Orpin âcre (Sedum acre), Orpin doux (Sedum sexangulare), Pâturin de Baden (Poa badensis) et groupements bryolichéniques terricoles thermophiles [Code UE : 6110*].
Pelouses xérophiles à Inule des montagnes (Inula montana), Trinie glauque (Trinia glauca), Renoncule graminée (Ranunculus gramineus), Bugrane naine (Ononis pusilla) [Xerobromenion erecti, Code UE : 6210*].
Groupements rupicoles à Doradilles diverses (Asplenium pl. sp.), Athamanthe de Crête (Athamantha cretensis), Daphné des Alpes (Daphne alpina) [Potentillion caulescentis, Code UE : 8210].
Éboulis à Silène des glariers (Silene vulgaris subsp. glareosa), Galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia), Rumex à écussons (Rumex scutatus), Ibéride intermédiaire (Iberis linifolia subsp. intermedia var. loreyi)[Stipetalia calamagrostis, Code UE : 8160*].
Ourlets xérophiles à Géranium sanguin, Coronille en couronne (Coronilla coronata), Rosier à feuilles de boucage, Euphorbe à feuilles de pin (Euphorbia esula subsp. pinifolia), Trèfle pourpre (Trifolium rubens) [Geranion sanguinei, Code UE : 6210*].
Manteaux arbustifs préforestiers à Prunier mahaleb, Genévrier commun (Juniperus communis), Buis, Amélanchier à feuilles ovales, Nerprun des Alpes, Cotonéaster vulgaire (plusieurs types) [Berberidenion vulgaris, Code Corine : 31.812].
Chênaies pubescentes à Garance voyageuse (Rubia peregrina) [Quercion pubescenti-sessiliflorae, Code Corine : 41.711].
Chênaies sessiliflores xérophiles et calcicoles.
Ardenne primaire (pointe de Givet) : pelouse à Hélianthème des Apennins et Seslérie bleuâtre, groupement à Fétuque pâle.
Vallée de la Marne (entre Chaumont et Joinville) : groupement appauvri.
Plateau de Langres et Châtillonnais : pelouse à Germandrée botryde et Mélique ciliée.
Côte-d’Or (d’Is-sur-Tille à Nolay) : pelouse à Anthyllide des montagnes et Seslérie bleuâtre.
Saône-et-Loire (Mâconnais) : pelouse à Silène d’Italie et Hélianthème blanchâtre.
Habitat rare à très rare ; tous les types sont très localisés à l’exception de la pelouse à Anthyllide des montagnes et Seslérie bleuâtre plus répandue entre Is-sur-Tille et Nolay.
Pelouses le plus souvent primaires, ce qui est exceptionnel pour les régions de la plaine française.
Diversité floristique élevée.
Beaucoup d’espèces sont en limite d’aire dans ces pelouses : espèces subméditerranéennes comme l’Armoise blanche, l’Hélianthème des Apennins, espèces d’Europe centrale comme le Vélar odorant (Erysimum odoratum), la Potentille des rochers (Potentilla rupestris), espèces méditerranéo-montagnardes comme le Laser de France (Laserpitium gallicum).
Diversité entomologique très élevée (grande variété des Orthoptères, des Rhopalocères, plusieurs espèces d’Ascalaphes, Mante religieuse, Petite Cigale des montagnes).
Habitat de plusieurs Reptiles : Lézard vert (Lacerta viridis), Lézard ocellé (Lacerta lepida, Saône-et-Loire) en limite d’aire, Vipère aspic (Vipera aspis), Couleuvre verte et jaune (Zamenis viridiflavus), Couleuvre d’Esculape (Elaphe longissima).
États à privilégier :
Pelouse rase, ouverte, non pâturée, souvent maintenue par les lapins et les chevreuils.
Pelouse rase plus ou moins ouverte, mosaïquée avec des fruticées à Buis, Prunier mahaleb, Amélanchier à feuilles ovales, Cotonéaster à feuilles entières, Buis et des pelouses-ourlets à Géranium sanguin, non pâturée, souvent maintenue par les lapins et les chevreuils.
Autres états observables :
Pelouse rase plus ou moins ouverte, envahie par le Buis.
Habitat se maintenant relativement bien mais en réduction suite aux enrésinements (Pin noir, Cèdres), plus rarement ouverture de carrières, embuissonnement (par le Buis). L’habitat est toujours très morcelé et donc relictuel.
Utilisation pour les loisirs : pique-nique avec feux, moto verte, véhicules tout terrain, aires de stationnement pour la varappe, aires de delta-plane.
Ces pelouses ont une très faible valeur agricole, accentuée par leur position sur de fortes pentes et des sols superficiels sur graviers et débris rocheux rajeunis par l’érosion. Il est donc difficile d’imaginer leur valorisation par l’agriculture. Elles se trouvent cependant à proximité de secteurs intéressants pour l’agriculture, ce qui devra être pris en compte lors de l’élaboration des mesures de gestion.
Évaluer la possibilité d’un embroussaillement naturel à moyenne échéance (vingt à cinquante ans).
Surveillance et suivi des espèces de haute valeur patrimoniale de l’habitat.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)