Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages planitiaire et collinéen.
Climat général atlantique de type aquitain à ligérien avec des tendances thermo-atlantiques marquées, mais fortement nuancé par des conditions climatiques locales plus fraîches et plus humides, à affinités montagnardes.
Situations topographiques : versants frais des plateaux calcaires généralement au niveau des pentes (déclivités faibles à moyennes de 10 à 30°, plus rarement raides et jusqu’à 40°), parfois en position sommitale aux abords du plateau lui-même.
Expositions fraîches à froides, essentiellement ouest à est, très rarement avec une composante sud.
Roches mères carbonatées : craies du crétacé supérieur (Turonien) et calcaires jurassiques, parfois plus ou moins ennoyées par des apports colluvionnaires d’argile de décalcification.
Sols peu épais : rendzines crayeuses, parfois lithosols, souvent parsemées de graviers calcaires.
Microtopographie du sol en gradins plus ou moins accusés en fonction de la pente, reflétant les équilibres entre phénomènes mécaniques d’érosion et des processus de fixation des matériaux par la Seslérie bleuâtre.
Systèmes pastoraux extensifs hérités des traditions de parcours ovin, bovin et caprin.
Action complémentaire des lapins importante, devenue déterminante avec la déprise pastorale, jusqu’à l’arrivée de la myxomatose.
Diversité typologique selon les climats et les substrats :
- en climat aquitanien sur craies des Charentes et du Périgord : pelouse à Lin fausse soude et Seslérie bleuâtre [Lino salsoloidis-Seslerietum caeruleae], avec : Lin fausse soude (Linum suffruticosum subsp. appressum), Cardoncelle sans épines (Carduncellus mitissimus), Crapaudine de Guillon (Sideritis guillonii), Fétuque d’Auquier (Festuca auquieri), Globulaire gr. vulgaire (Globularia gr. vulgaris)... ;
- en climat aquitanien à caractère méditerranéen sur marno-calcaires du Quercy blanc : pelouse à Cupidone bleue et Seslérie bleuâtre [Catanancho caeruleae-Seslerietum albicantis], avec : Cupidone bleue (Catananche caerulea), Lin fausse soude (Linum suffruticosum subsp. appressum), Brunelle à grandes fleurs (Prunella grandiflora), Aster linosyris (Aster linosyris)... ;
- en climat ligérien berrichon : pelouse à Violette des rocailles et Koelérie pyramidale [Violo rupestris-Koelerietum pyramidatae], avec : Violette des rocailles (Viola rupestris), Pulsatille vulgaire (Pulsatilla vulgaris), Euphraise de Salzbourg (Euphrasia salisburgensis)... ; cette pelouse renferme en fait deux unités bien distinctes :
sur les causses berrichons et ses abords, seslériaies à tendance acidicline à Lin fausse soude, Euphorbe de Séguier (Euphorbia seguieriana), Laîche humble (Carex humilis), Filipendule vulgaire (Filipendula vulgaris)... ;
sur les collines du Sancerrois principalement, seslériaies à Laîche de Haller (Carex hallerana), Lin à feuilles menues (Linum tenuifolium)... ;
Pelouses rases à mi-rases, d’aspect général marqué par la Seslérie bleuâtre (physionomie typique de seslériaies de pente en gradins), parfois accompagnée de Molinie faux roseau (Molinia caerulea subsp. arundinacea) ; l’aspect de gradin peut cependant s’estomper sur les pentes les plus faibles.
Tapis herbacé peu ouvert à fermé (de 80 à 100 %, avec un recouvrement moyen de 90-95 %) dans ces aspects typiques ; structure biologique dominée par les hémicryptophytes (60-70 %), avec une bonne participation des chaméphytes (20-25 %) ; thérophytes absents ou presque ; la Coronille naine peut prendre un développement important.
Présence extensive de plantes associées habituellement aux ourlets préforestiers et se comportant ici comme des espèces de pelouses : Phalangère rameuse (Anthericum ramosum), Dompte-venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria)...
Souvent associées à des formations hautes à Brachypode penné (pelouses-ourlets) au sein de complexes structuraux mosaïqués.
Strate herbacée typiquement associée à un voile de Genévrier commun (Juniperus communis) dans les anciens parcours extensifs [« Formations de Juniperus communis sur landes ou pelouses calcaires », Code UE : 5130].
En cas de disparition des populations de lapin ou après abandon pastoral, piquetage arbustif progressif et avancée de lisières forestières aboutissant à des structures verticales complexes de « pré-bois ».
Floraison variée de la fin du printemps au début de l’été (maijuillet), avec un regain de floraison à l’automne.
Avec des pelouses méso-xérophiles vicariantes à Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea) des mésoclimats froids (Seslerio caeruleae-Mesobromenion erecti) [Code UE : 6210].
Avec des pelouses xérophiles de corniches et de rebords de plateau (Seslerio caeruleae-Xerobromenion erecti) [Code UE : 6210].
Avec des pelouses xérophiles thermophiles à caractère plus méditerranéen (Xerobromenion erecti) [Code UE : 6210].
Avec des pelouses méso-xérophiles marnicoles atlantiques du Festucenion timbalii développées en contact [Code UE : 6210].
Avec des ourlets calcicoles préforestiers développés en lisière et des pelouses-ourlets résultant de l’abandon pastoral et de la dynamique de recolonisation préforestière, généralement dominés par le Brachypode penné (Brachypodium pinnatum) et constituant les faciès typiques à Brachypode penné du Geranion sanguinei [Code UE : 6210].
Spontanée :
Végétations secondaires issues de déforestations historiques anciennes, inscrites généralement dans des potentialités de forêts thermophiles à caractère méditerranéen du Quercion pubescenti-sessiliflorae [Code Corine : 41.711].
Phases dynamiques internes au niveau des pelouses elles-mêmes : phase pionnière écorchées en gradins à Seslérie bleuâtre et souvent riche en chaméphytes, phase optimale à strate pelousaire horizontale suffisamment ouverte pour présenter une niche de régénération fonctionnelle des espèces à vie courte, phase de fermeture de la pelouse à Seslérie bleuâtre hyperdominante avec perte de la niche de régénération, phase de vieillissement avec élévation du tapis végétal et extension d’espèces d’ourlet (en particulier le Brachypode penné).
Après abandon pastoral, reconstitution forestière de vitesse variable généralement lente et pouvant présenter des seuils dynamiques prolongés (comme les pelouses-ourlets à Brachypode penné).
Principales étapes dynamiques : densification par colonisation et extension du Brachypode penné, piquetage arbustif et/ou arboré progressif aboutissant à la formation de fourrés coalescents ou de complexe préforestier de type « pré-bois » (mêlant pelouses, ourlets, pré-manteaux, fourrés et couvert arboré) puis à la constitution de jeunes chênaies pubescentes diversifiées en essences calcicoles.
Liée à la gestion :
Par intensification du pâturage, passage à des variantes appauvries mésophiles ; néanmoins, ces pelouses dont la productivité fourragère est favorisée par les expositions fraîches, semblent supporter une certaine intensification du pâturage, même bovin.
Voile de Genévrier commun (Juniperus communis) sur pelouses calcicoles [Code UE : 5130].
Pelouses xérophiles thermophiles à caractère plus méditerranéen (Xerobromenion erecti) développées en contact sur les plateaux calcaires [Code UE : 6210].
Pelouses méso-xérophiles atlantiques thermophiles du Festucenion timbalii [Code UE : 6210].
Pelouses-ourlets et ourlets méso-xérophiles du Geranion sanguinei à Brachypode penné (Brachypodium pinnatum) et Seslérie bleuâtre [Code UE : 6210] ; plusieurs types non ou peu étudiés, notamment un type à Genêt poilu et Garance voyageuse (Rubia peregrina) dans le Périgord.
Manteaux arbustifs préforestiers calcicoles épars à Viorne lantane (Viburnum lantana), Cornouiller mâle (Cornus mas), Prunier de Sainte-Lucie (Prunus mahaleb)... [Berberidion vulgaris ; Code Corine : 31.812].
Chênaies pubescentes à Garance voyageuse... [Quercion pubescenti-sessiliflorae ; Code Corine : 41.711].
Pelouse à Lin fausse soude et Seslérie bleuâtre : sud-Angoumois, Périgord et probablement Quercy (distribution à préciser).
Pelouse à Cupidone bleue et Seslérie bleuâtre : Quercy blanc.
Pelouse à Violette des rocailles et Koelérie pyramidale : Berry (surtout causses berrichons et Sancerrois).
Îlots isolés à rechercher ailleurs dans le Centre-Ouest.
Tous les types de pelouses sont relictuels, et généralement réduits à un petit nombre de sites de surface restreinte (pelouses éventuellement plus répandues dans le Périgord) ; tous sont en voie de forte régression et d’importance patrimoniale majeure en tant qu’éléments isolés aux étages planitiaire et collinéen des pelouses du Seslerio caeruleae-Merobromenion erecti.
Bonne diversité floristique, comportant une endémique française : Biscutelle de Guillon (Biscutella guillonii) ; diversité orchidologique importante ; diversité entomologique encore peu étudiée, mais probablement très élevée, notamment dans les complexes structuraux mélangeant pelouses et pré-manteaux.
Paysages de pelouses à Genévrier commun et richesse de la faune associée.
Plusieurs plantes protégées régionalement.
États à privilégier :
Pelouse rase à mi-rase entrouverte, c’est-à-dire présentant un tapis végétal avec de micro-ouvertures constituant la niche de régénération ; cette structure est obtenue par la pérennité du pâturage extensif sans amendement, associé ou non à l’action des lapins.
Pelouse ouverte en gradins marqués de Seslérie bleuâtre.
Superposition à la pelouse d’un voile de Genévrier, associé aux pratiques pastorales.
Autres états observables :
Pelouse fermée dense à Seslérie bleuâtre.
Phases densifiées à Brachypode penné, typiques des pelouses vieillies ou incendiées.
Disparition spatiale continue depuis le début du XXe siècle avec accélération très forte depuis 1960 ayant pour causes principales l’abandon pastoral et la reconstitution de boisements, et, dans le Sancerrois, l’extension du vignoble... Les pelouses du Périgord, longtemps épargnées par la récession des pratiques pastorales de parcours, sont actuellement largement concernées par cette évolution.
Menaces fortes d’extinction pour tous les types de pelouses, et plus particulièrement pour celles très localisées du Berry ; maintien précaire de la pelouse à Lin fausse soude et Seslérie bleuâtre en dehors des sites d’intervention conservatoires (sud-Angoumois).
Possibilité de pâturage ovin, caprin, équin : certains troupeaux de moutons itinérants valorisent encore ces milieux de façon extensive aujourd’hui.
Affiner la connaissance de l’impact du pâturage extensif (date de pâturage et chargement) et de la fauche sur l’évolution des espèces remarquables.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)